- Réalisateurs : Claude Chabrol - Claude Chabrol
- Acteurs : Jacques Gamblin, Sandrine Bonnaire, Bulle Ogier, Antoine de Caunes, Valeria Bruni Tedeschi
- Distributeur : MK2 Distribution
- Genre : Policier / Polar / Film noir
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 13 janvier 1999
- Durée : 1h53min
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
l'a vu/lu
Veut la voir/lire
Résumé :
Des enfants découvrent dans un port de Bretagne le corps d’Eloïse, dix ans. Elle a été étranglée. La première personne interrogée par Frédérique Lesage, jeune commissaire récemment promue est René, professeur de dessin, dernière personne a avoir vu Eloïse. René et sa femme, Viviane, infirmière à domicile, sont bien acceptés dans le village, mais ce ne sont pas des natifs. Germain-Roland Desmot, écrivain à succès surmédiatisé, est la star du pays. Viviane se laisse charmer. La rumeur à propos de René s’amplifie quand une seconde mort violente finit de tétaniser la ville.
Comme son modèle en littérature Gustave Flaubert, Claude Chabrol a souvent documenté la bourgeoisie de province qui cache volontiers la poussière sous le tapis. Mais on le sait, chez lui, les apparences sont souvent démenties par la vérité des faits, surtout lorsqu’un drame arrive. Ici, c’est le meurtre d’une petite fille, retrouvée morte dans la forêt, qui constitue une première brèche, un événement à partir duquel suspects et innocents vont déployer des stratégies tellement intrigantes que potentiellement le coupable du meurtre pourrait être n’importe quel quidam. Les rumeurs vont bon train, un couple de trentenaires suscite d’autant plus la perplexité que René, professeur de dessin, magnifiquement joué par Jacques Gamblin, simule peut-être la dépression aux fins de celer des actes répréhensibles. Les interrogations de son épouse Viviane (magnifique Sandrine Bonnaire) renforcent les doutes selon une bonne vieille technique privilégiée par le polar : est-ce que je connais vraiment la personne dont je suis le plus proche ?
Comme à l’accoutumée, le réalisateur s’en donne à cœur joie dans sa galerie de portraits sardoniques : on mentionnera, pour l’exemple, un folliculaire, à ses heures écrivain, véritable machine à aphorismes, qui vient plastronner en terre provinciale pour rappeler que Paris demeure une citadelle culturelle imprenable. Profitant de la tempête que traverse le couple René-Viviane, à laquelle font écho les mugissements du vent, il entreprend de placer ses pions en courtisant la jeune femme.
Peine perdu : si elle s’abandonne ponctuellement, sa lucidité ne cède en rien sur la forfanterie du séducteur infatué et elle finira par éconduire le bellâtre, qui terminera mystérieusement assassiné dans des écharpes de brume.
Certes, ce deuxième crime ne laisse aucun doute, l’ombre du tueur se tenait à la proue d’une barque. C’est le premier meurtre qui retient volontiers l’attention, permet surtout au réalisateur d’éclairer les subterfuges privilégiés par chaque individu pour sauver sa peau, échapper à une commissaire inflexible dans sa recherche de la vérité (superbe prestation de Valeria Bruni-Tedeschi). Marchant sur les pas d’une autre de ses références absolues, Alfred Hitchcock, Chabrol confère à ce polar une dimension métaphysique, qui investit le malaise jusqu’à la moelle de l’âme humaine, avec un sens aigu de l’atmosphère.
Jérémy Gallet