- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Dominique Zardi, Jean Rochefort, François Perrot, Rod Steiger, Romy Schneider, Pierre Santini
- Distributeur : Les Films de La Boétie
- Genre : Thriller, Drame
- Nationalité : Français, Italien, Allemand
- Date de sortie : 26 mars 1975
- Durée : 2h01mn
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Résumé :
Délaissée par un mari alcoolique, Julie Wormser se donne au beau Jeff. Le couple adultère décide de supprimer Louis, le mari.
Les scènes liminaires distillent un malaise qui tient à l’opacité des personnages et au mystère du mobile de leurs actions : que vient faire ce joueur de cerf-volant dans l’immense propriété où une jeune femme expose son corps dénudé aux rayons du soleil ? Pourquoi le même se trouve-t-il convié comme un ami par le maître de céans, un homme valétudinaire complètement abruti par l’alcool, tandis que son épouse, celle-là même qui aguichait l’inconnu, avoue froidement que cette vie lui est insupportable ?
Les premières minutes, particulièrement elliptiques, fixent les enjeux de l’histoire : très vite, l’invité entre dans le lit de la femme insatisfaite. On devine la suite, qui, à partir d’un trio de vaudeville (la mari, l’épouse infidèle, l’amant), invente un mensonge qu’on croirait issu du premier roman d’Emile Zola, Thérèse Raquin : un faux accident de canotage. Romy Schneider, alors au zénith de sa carrière, se réinvente dans le rôle d’une héroïne mythomane à l’élégance hitchcockienne. Le canevas du récit, lui, évoque par bien des aspects Les Diaboliques, le célèbre film d’Henri-Georges Clouzot : un duo maléfique est contrarié dans l’élaboration de son plan criminel, qui consiste à tuer un homme, dont on croira un peu trop vite qu’il est mort. Il se pourrait même qu’une forme de justice immanente s’abatte sur le binôme cupide, prenant la forme de surprises déplaisantes que Chabrol dissémine avec une jubilatoire gourmandise. Mais l’histoire réserve d’autres retournements...
Adaptation du romancier américain Richard Neely, The Damned Innocents, ce thriller psychologique plutôt méconnu de Claude Chabrol est construit sur une série de scènes inattendues qui maintiennent globalement l’attention. Il reste que le long métrage s’embarrasse aussi de quelques séquences plus bavardes, qui dévoilent un peu les intentions morales du cinéaste. Cela dit, on retrouve le regard sardonique du metteur en scène sur la bourgeoisie : celui-ci ne prend même plus la peine de lui adjoindre le critère distinctif de l’élégance, comme dans Juste avant la nuit ou La femme infidèle.
Louis, le mari, est un époux d’abord éthylique, sans aucune distinction, symboliquement impuissant. Il est bien sûr incapable de rendre sa femme heureuse. La brutalité sous le vernis des bienséances se manifeste ici d’une manière plus radicale que dans d’autres films de Chabrol. C’est une des singularités de cette œuvre plutôt sombre.