- Réalisateur : John Lee Hancock
- Acteurs : Donald Sutherland, Kirby Howell-Baptiste, Jaeden Martell
- Distributeur : Netflix
- Auteurs : Stephen King, John Lee Hancock
- Durée : 1h44min
Adapté du court roman de Stephen King, le film de John Lee Hancock déjoue la tentation du thriller spectaculaire pour devenir un récit initiatique touchant et symbolique.
Un récit de Stephen King est une nouvelle fois adapté, issu, celui-ci, du recueil de romans courts intitulé Si ça saigne et publié en 2020. Le Téléphone de M. Harrigan se présente à la fois comme un récit initiatique et une histoire aux accents mortifères, fidèle à la manière de son auteur. L’adaptation disponible, depuis plusieurs jours sur la plateforme Netflix, en reprend la trame : on y suit un jeune enfant de neuf ans, Craig, convié par un riche financier à la retraite pour lui faire la lecture à domicile. La relation qui se noue entre les deux personnages est lestée de symboles qui déjouent quelque peu les invariants de la transmission : le jeune enfant, particulièrement précoce, revisite les classiques de la littérature dont le vieil homme se repaît comme de sa présence, sans lui prodiguer de prévisibles homélies.
En même temps, Craig initie son interlocuteur aux nouvelles technologies par l’intermédiaire d’un smartphone que M. Harrigan découvre avec gourmandise, tandis que son attention se détourne des mots que porte la voix de son hôte, devenu adolescent. En effet, une ellipse temporelle nous laisse imaginer tous les moments de partage qui ont cimenté une discrète amitié.
La mort du personnage valétudinaire, à laquelle on s’attend, survient pourtant comme une fracture, déviant l’histoire vers des zones de doutes plus spécifiquement fantastiques, sans que la mise en scène n’en rajoute. Il semble bien que, par-delà la disparition du protagoniste, une sorte de lien demeure, dont le smartphone de Craig devient le réceptacle vivant et sibyllin.
Alors, certes, il y a l’étrange disparition de deux personnages, mais le film demeure rivé à son objectif : métaphoriser la trajectoire d’un adolescent solitaire, déjà impacté par la mort de sa mère, en lui faisant vivre des expériences initiatiques qu’il surmonte. Dans cette perspective, la fin de cette touchante histoire est particulièrement optimiste et l’on pense à Stand By Me, un autre récit de King, adapté en son temps par le talentueux Rob Reiner.
Le Téléphone de M. Harrigan est porté par l’interprétation de ses deux acteurs principaux : Donald Sutherland et le jeune Jaeden Martell, déjà repéré dans l’adaptation d’un autre texte de Stephen King, Ça, réalisé par Andrés Muschietti en 2017.