- Réalisateur : Alain Robbe-Grillet
- Acteurs : Daniel Mesguich, Cyrielle Clair, Daniel Emilfork
- Distributeur : Argos Films
- Genre : Epouvante-Horreur, Drame, Fantastique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 16 février 1983
- Durée : 1h30min
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Résumé :
Walter se voit confier par Sara, dirigeante de "l’Organisation", une obscure mission qui concerne un Sénateur en danger de mort. Mais Walter est détourné de cette mission par Marie-Ange, une mystérieuse femme au charme ensorceleur, qui l’entraîne dans un monde fantastique.
L’un des auteurs emblématiques du Nouveau Roman a aussi marqué le cinéma de son empreinte à partir des années 50, même si la production littéraire de l’écrivain a globalement éclipsé celle du réalisateur. Au début des années 80, Robbe-Grillet persiste dans sa veine expérimentale, conjuguant le fantastique et l’érotisme pour un film totalement étrange, marquée par la peinture de Magritte, la musique d’Ellington et de Schubert, hantée par le mythe du vampire, dont Marie-Ange, l’héroïne, semble un nouvel avatar, une nouvelle "morte amoureuse" chère à Théophile Gautier. C’est dans un dancing que le héros ténébreux, interprété par Daniel Mesguisch, fait connaissance avec cette figure blonde et évanescente qu’on croirait sortie d’un récit de Sheridan Le Fanu.
A la fois provocante et mystérieuse, la jeune femme ensorcelante disparaît bientôt, avant que le protagoniste ne la retrouve, gisante sur l’asphalte. Dès lors, la mission initiale que le héros devait accomplir s’efface devant un long chemin parcouru au rythme d’une marche somnambule, dans une atmosphère de récit d’épouvante où rien ne manque : ni la demeure mystérieuse, froide, peuplée d’habitants terrifiants, ni le pacte scellée avec la créature retrouvée, dont il reste la marque indélébile au cou, naturellement, ni les interrogations propres au genre fantastique, qui consument les derniers certitudes dans les preuves du surnaturel, à moins que l’environnement tout entier ne soit que la projection d’un songe aux atours cauchemardesques.
Dès les premières minutes, le long métrage de Robbe-Grillet réussit à capter l’attention du spectateur, par une subtile alliance entre le cinéma onirique, le polar et le genre horrifique, avec une photographie très soignée qui rend plusieurs fois hommage à la peinture, grâce à une composition des plans tout à fait remarquable et un choix des couleurs particulièrement approprié aux situations, le noir dominant l’ensemble, comme il se doit.
Dans le rôle principal, le célèbre metteur en scène Daniel Mesguisch s’avère convaincant, son regard charbonneux et sa diction désincarnée l’apparentant à une figure fantomatique, issue du cinéma expressionniste des années 1920. Face à lui, la jeune Gabrielle Lazure trouve son premier grand rôle. D’autres comédiennes et comédiens complètent le casting, investissant par leur jeu trouble des personnages inquiétant ou décalés : on mentionnera en particulier la prestation d’Arielle Dombasle, une fidèle actrice des films de Robbe-Grillet, dans le rôle d’une femme histrionique en fauteuil.
Assurément, La Belle captive, qui porte le nom d’un tableau de Magritte, constitue une incursion réussie dans un genre trop longtemps négligé par le cinéma hexagonal, portée par une intension narrative qui n’en fait pas un film totalement expérimental.