- Auteur : Anna-Véronique El Baze
- Editeur : Plon
Anna-Véronique El Baze nous parle de Je maudis le jour.
A l’occasion de la sortie de Je maudis le jour chez Plon, découvrez une interview de Anna-Véronique El Baze.
Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Anna-Véronique El Baze : L’idée de ce roman est née de ma rencontre sur un quai de Seine avec un SDF un jour de grand froid et de pluie. Arrêtée au feu, au chaud dans ma voiture, lui est assis sur le trottoir, le regard au loin indifférent et fier. Je lui tends un billet, il se lève et quand nos regards se croisent il s’inquiète de savoir si moi je vais bien ! Le personnage de Nicolaï, fil rouge de l’intrigue, est né ce matin là.
Bepolar : Qui est Léa, votre héroïne libraire qui sous les dehors de la normalité cache une terrible vérité ?
Anna-Véronique El Baze : Léa est une jeune femme banale pour qui la croiserait dans les rayons de la librairie où elle travaille. Solitaire, elle fuit ses congénères et leur préfère la lecture compulsive de polars. Ses collègues ne savent de sa vie que sa passion des romans noirs. Et puis, il y a l’autre Léa, celle qui s’éveille et se déploie la nuit, celle qui tue pour se sentir vivante.
Bepolar : Et qui est Nicolaï Stefanovic ?
Anna-Véronique El Baze : Nicolaï est un SDF, ancien caporal-chef du 2ème régiment étranger de parachutistes à la carrière exemplaire. Il a raccroché en 2004 au retour d’une mission au Mali qui a mal tourné. Depuis il vit dans la rue indifférent au monde et aux autres. Jusqu’à sa rencontre avec Léa. Elle le bouscule, l’envie d’action renait, le légionnaire s’est trouvé une dernière mission : la sauver.
Bepolar : Léa a donc "pris les armes". Qu’aviez-vous envie de faire ? De dire que le pire a parfois l’apparence d’une vie sage ? Qu’il manque parfois de sel dans certaines vies modernes bien rangées ?
Anna-Véronique El Baze : La monstruosité n’est pas inscrite sur un visage. Léa est une frêle jeune femme aux traits lisses, à la vie d’une grande banalité. Une conjonction de faits et de rencontres sur un esprit complexe peuvent aussi concourir à faire naître un monstre. Et pourtant Léa porte en elle une part d’humanité, une insupportable part d’humanité, condamnable évidemment mais dérangeante lorsqu’elle révèle ses failles, lorsque ses douleurs expliquent son parcours. Si Léa avait eu une vie différente aurait-elle vrillé ?
Bepolar : Comment avez-vous travaillé pour construire cette intrigue et ce duel entre les deux protagonistes ?
Anna-Véronique El Baze : Leur confrontation s’est quasiment imposée au fil des chapitres. Je ne savais pas moi même vers quoi Léa et Nicolaï allaient me mener. Je n’avais pour seule certitude que les passés et les traumatismes que je leur avais donné au départ de l’intrigue et sur lesquels je m’appuyais. Le capitaine Revel et son équipe devraient s’adapter eux aussi ! Un peu comme dans la vraie vie, une scène produisait des conséquences naturelles sur la suite de l’histoire, jusqu’au moment où leurs esprits ont été si imbriqués qu’ils ne m’ont plus donné le choix de la fin !
Bepolar : Léa est une grande lectrice de polar. Quel lien avez-vous avec ce genre ?
Anna-Véronique El Baze : Je ne suis pas une grande lectrice de polars, même s’il m’arrive d’en lire. Il me semblait important d’apporter au personnage de Léa une échappatoire « solitaire et pacifique » à son quotidien pour expliquer un passage à l’acte si tardif. La lecture lui permet de fuir un quotidien terne, de canaliser ses démons intérieurs, sa désespérance face à sa vie. Lire des polars, se perdre dans d’autres vies palpitantes, lui permet de pallier l’absence d’adrénaline dans sa propre vie. Jusqu’au moment où les mots ne suffisent plus à l’apaiser…
Bepolar : Le livre vient tout juste de sortir, comment vivez-vous ces jours où les lecteurs vont s’emparer de votre roman ?
Anna-Véronique El Baze : D’abord, rendre son livre c’est un peu dire adieu aux personnages avec lesquels ont a cohabité pendant plus d’une année. C’est une sorte de deuil qu’il faut soigner en démarrant vite un nouveau roman ! Quant aux jours où les lecteurs vont s’emparer de l’histoire, je les vis avec une certaine excitation, une pointe d’appréhension et une grande hâte d’entendre les premiers commentaires.
Bepolar : Quels sont vos projets, sur quoi travaillez-vous ?
Anna-Véronique El Baze : Je travaille actuellement sur un autre roman. Cette fois ce ne sera pas un polar mais un huit clos entre des hommes et des femmes que rien ne prédestinait à se croiser. Mais je n’en dirai pas plus. Je viens également d’achever l’écriture d’une pièce pour laquelle nous sommes en recherche d’un théâtre parisien. Il s’agit d’une comédie très contemporaine et un peu grinçante.