Pépite cinéma de cette fin d’été pour nous autres, amateurs et amatrices de polar, La Nuit se traîne est actuellement à l’affiche dans les salles de cinéma.

Ce film raconte l’histoire d’un simple serrurier appelé pour ouvrir une porte. Sauf que la jeune fille qui a demandé ses services s’éclipse et qu’il se retrouve seul dans l’appartement alors que deux truands veulent lui faire la peau, pensant qu’il a volé leur magot. Commence alors pour lui une longue nuit, dans laquelle les flics et les voyous sont à éviter, les uns autant que les autres. Voici trois bonnes raisons d’y jeter un œil.

Un polar moderne, construit comme une longue cavalcade.
La Nuit se traîne est un long métrage plutôt malin, et ce, pour au moins deux bonnes raisons. La première, c’est qu’il est filmé comme une longue course, sans jamais ou presque de temps mort. Bâtit autour du personnage principal, celui est coincé dans une longue fuite en avant. Confronté à des voyous, il ne peut se fier aux policiers alors que la Belgique est pleine de manifestations et d’émeutes contre des violences policières contre un jeune homme noir. Autant dire qu’il n’y a aucun refuge pour Mady. Ce qui ne l’empêche pas d’essayer par moment de cesser d’être une victime pour être acteur de cette longue nuit. Parfois il reprend la main, et donne des coups au lieu de simplement les encaisser. Innocent certes, mais lucide.

Et puis le deuxième tour de force, c’est justement le cadre. À travers ces troubles qui secouent Bruxelles et tout le pays, Michiel Blanchart évoque les violences policières et les discriminations sans les aborder de front. Simplement c’est un état de fait tellement ancré dans l’esprit de Mady, qu’il ne peut pas se réfugier auprès des forces de l’ordre. C’est encore plus fort que si c’était un film militant.

Un jeune acteur et un jeune réalisateur à découvrir.
Avec trois films à son actif, Jonathan Feltre est encore un nouveau venu dans le monde du cinéma. Et pourtant il tient le rôle principal sans aucun souci. On a peut-être ici un talent qu’il faudra suivre. En tout cas, on regardera la suite de sa carrière avec attention. La Nuit se traîne, c’est aussi l’occasion de découvrir Michiel Blanchart. C’est seulement son deuxième long métrage et là encore, rien à dire sur sa "jeunesse". L’image est belle, il n’y a pas de temps mort, pas de failles dans le scénario. Lui aussi est un talent à suivre.

Un Romain Duris dans un rôle de méchant terrifiant.
La cerise sur le gâteau, c’est la présence au casting de Romain Duris dans un rôle qu’on lui connaît peu celui de salaud. Quand il se fera attraper, le jeune Mady se retrouvera confronté à un homme aussi doux dans les paroles que cruel. Romain Duris est excellent dans ce film, jouant les personnages troubles et inquiétants, tout en lui donnant aussi une part d’humanité. Une brillante prestation.