- Auteur : Thomas Cantaloube
- Genre : Roman noir
- Editeurs : Editions Gallimard, Folio
- Date de sortie : 10 janvier 2019
- Sortie poche : 8 avril 2021
- ISBN : 9782072922510
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Résumé :
Automne 1959. L’élimination d’un avocat algérien lié au FLN tourne au carnage. Toute sa famille est décimée. Antoine Carrega, ancien résistant corse qui a ses entrées dans le Milieu, Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu exécuteur des basses œuvres du Préfet Papon, et Luc Blanchard, jeune flic naïf, sont à la recherche de l’assassin.
Une chasse à l’homme qui va mener ces trois individus aux convictions et aux intérêts radicalement opposés à se croiser et, bien malgré eux, à joindre leurs forces dans cette traque dont les enjeux profonds les dépassent.
Source : Éditions Folio
Raider74 8 mars 2024
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
C’est un livre intéressant à plus d’un titre. A travers un fait divers criminel (assassinat d’un avocat algérien et de sa famille), l’auteur nous dépeint la toute jeune Vème République française, au sortir de la guerre et en pleine décolonisation, et en particulier la guerre d’Algérie. Nous suivons les trois protagonistes de cette histoire, témoins de cette société de la fin des années 50 début années 60 : un ancien collabo désabusé et pragmatique, exécutant les basses oeuvres du régime, un truand "vieille école" et ancien résistant, et un jeune inspecteur de police idéaliste. Cette affaire se déroule au moment où la République peut vaciller (montée du populisme -Le Pen- et de l’OAS), et dans le même temps peut sortir renforcer (échec du coup d’Etat et avènement comme puissance nucléaire). Mais ce renforcement a un prix : exécutions, ratonnades, affaires étouffées. Un livre démontrant que l’histoire est grise et que la raison d’Etat peut justifier des actes non conformes avec les valeurs de la République.
Aurélie Gernigon 23 juillet 2023
Marathon du polar 2023, équipe LESEXPERTSDUPOLAR
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
Première rencontre littéraire avec cet auteur rencontré en juin 2023 à Saint Maur. La promesse d’une plongée dans l’Histoire au rythme d’une enquête de police m’avait mis l’eau à la bouche et force est de constater que l’ancien journaliste a tenu ses promesses : voici un vrai bon polar plein d’enseignements !
Paris, 1959. Luc Blanchard, jeune flic de la brigade criminelle de Paris enquête sur un quintuple meurtre : une famille entière a été décimée dans les beau quartier de Paris. Le père, avocat connu et reconnu au barreau est aussi un algérien, proche du FNL.
Félix, ancien maquisard demande à Antoine, bandit corse mouillé dans le transport de stupéfiants, de découvrir qui a fait le coup également. Parce que le préfet de police n’inspire pas confiance, et pour cause : Papon a déjà trempé dans pas mal de magouilles et l’ancien résistant n’a aucune confiance dans le travail de police.
Ajoutez à cela Sirius, mercenaire, qui devait - à la demande de l’adjoint du Préfet - liquider l’assassin de la famille mais qui n’a pas pu l’attraper pour lui régler son compte et qui se retrouve comme un con à chercher celui qui l’a doublé.
Les trois hommes cherchent la même personne donc, dans des directions différentes et avec des manières de procéder différentes surtout. Luc tente de rester intègre, Antoine droit dans ses bottes et Sirius Volkstrom ne reculant devant rien et n’ayant peur de personne. Forcément que leurs investigations vont se croiser, comme eux. Ils vont se confronter, se courir les uns après les autres, s’échapper et former à eux trois une longue tresse qui devrait déboucher à la résolution de cette affaire qui va s’étirer sur plus de deux ans : OAS, FNL, SAC… autant de sigles qui marquent une période trouble de l’Histoire de la France et vont les empêcher d’avancer, bloqués par les organisations et les haut-placés plus pourris les uns que les autres.
« La raison d’État a ses raisons que nous, ses pauvres serviteurs, ignorons… »
Bien que l’assassinat d’une famille entière soit un fait horrible en soit, c’est - ici - un prétexte à installer un contexte, une situation. En 1959, la France se débat avec les désirs d’émancipations de l’Algérie qui n’en peut plus de la colonisation. Le FNL se bat - pas toujours à la loyale - pour obtenir l’indépendance. La métropole lui rend ce qu’elle subit : pour un œil les deux, pour une dent toute la mâchoire. Papon aux commandes de la police de Paris organise ses magouilles pour soumettre les arabes et faire taire les éléments gênants. La situation dégénère de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe et que les pages du roman se tournent. Luc, Antoine et Sirius sont aussi différents que déterminés et courrent tous les trois vers le même objectif, en empruntant des chemins différents cependant.
J’ai appris énormément de choses dans ce roman policier. L’écriture journalistique évite les dérapages et les sorties de route sans intérêt, et c’est une bonne chose, car malgré tout, l’ouvrage est assez long. A aucun moment, de l’ennui. A aucun moment un soupçon. A aucun moment, l’agacement. On est attrapés, curieux, envieux de savoir. Comme les trois protagonistes, on est parfois dépassés par ce qu’on apprend. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup consulté les ressources à ma disposition pour me situer dans cette Histoire que je n’ai pas vécue et dont je n’ai rien appris à l’école. Il a fallu que je me plonge, avec Cantaloube, dans le passé trouble du début des années 60, chargé de manipulations, encore à vif - 15 ans seulement après la guerre. Désabusée par le Général, dégoutée par Papon, un poil déçue par Mitterrand. Mais happée, subjuguée par tout ce que j’ai découvert et - je dois l’avouer - un peu honteuse de ne pas savoir.
Attaquer La terre et le soleil de Belezi m’avait instruite sur le début et les conditions du début de la colonisation de l’Algérie. Requiem pour une République est une leçon puissante sur la fin de ce sale épisode de l’Histoire de l’hexagone : les mesures injustes, les passages à tabac, les essais nucléaires et pour finir, cette abominable soirée du 17 octobre 1961.
On peut pointer du doigts les autres pays qui, il y a moins de 70 ans se comportaient encore comme des barbares, on n’est pas mieux placés. La France a aussi de quoi rougir et demander pardon. Il faut aller de l’avant, mais ni se voiler la face, ni oublier. C’est l’essence même du pardon, non ?
Aurélie Gernigon 23 juillet 2023
Marathon du polar 2023, équipe LESEXPERTSDUPOLAR
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
« Requiem pour une République »
Thomas Cantaloube
« Le malheur des autres renforçait la cohésion des citoyens épargnés. »
Première rencontre littéraire avec cet auteur rencontré en juin 2023 à Saint Maur. La promesse d’une plongée dans l’Histoire au rythme d’une enquête de police m’avait mis l’eau à la bouche et force est de constater que l’ancien journaliste a tenu ses promesses : voici un vrai bon polar plein d’enseignements !
« Il faut apprendre à contourner l’obstacle. Viser haut et viser loin, toujours. Et savoir attendre pour prendre sa revanche. »
Paris, 1959. Luc Blanchard, jeune flic de la brigade criminelle de Paris enquête sur un quintuple meurtre : une famille entière a été décimée dans les beau quartier de Paris. Le père, avocat connu et reconnu au barreau est aussi un algérien, proche du FNL.
Félix, ancien maquisard demande à Antoine, bandit corse mouillé dans le transport de stupéfiants, de découvrir qui a fait le coup également. Parce que le préfet de police n’inspire pas confiance, et pour cause : Papon a déjà trempé dans pas mal de magouilles et l’ancien résistant n’a aucune confiance dans le travail de police.
Ajoutez à cela Sirius, mercenaire, qui devait - à la demande de l’adjoint du Préfet - liquider l’assassin de la famille mais qui n’a pas pu l’attraper pour lui régler son compte et qui se retrouve comme un con à chercher celui qui l’a doublé.
Les trois hommes cherchent la même personne donc, dans des directions différentes et avec des manières de procéder différentes surtout. Luc tente de rester intègre, Antoine droit dans ses bottes et Sirius Volkstrom ne reculant devant rien et n’ayant peur de personne. Forcément que leurs investigations vont se croiser, comme eux. Ils vont se confronter, se courir les uns après les autres, s’échapper et former à eux trois une longue tresse qui devrait déboucher à la résolution de cette affaire qui va s’étirer sur plus de deux ans : OAS, FNL, SAC… autant de sigles qui marquent une période trouble de l’Histoire de la France et vont les empêcher d’avancer, bloqués par les organisations et les haut-placés plus pourris les uns que les autres.
« La raison d’État a ses raisons que nous, ses pauvres serviteurs, ignorons… »
Bien que l’assassinat d’une famille entière soit un fait horrible en soit, c’est - ici - un prétexte à installer un contexte, une situation. En 1959, la France se débat avec les désirs d’émancipations de l’Algérie qui n’en peut plus de la colonisation. Le FNL se bat - pas toujours à la loyale - pour obtenir l’indépendance. La métropole lui rend ce qu’elle subit : pour un œil les deux, pour une dent toute la mâchoire. Papon aux commandes de la police de Paris organise ses magouilles pour soumettre les arabes et faire taire les éléments gênants. La situation dégénère de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe et que les pages du roman se tournent. Luc, Antoine et Sirius sont aussi différents que déterminés et courrent tous les trois vers le même objectif, en empruntant des chemins différents cependant.
J’ai appris énormément de choses dans ce roman policier. L’écriture journalistique évite les dérapages et les sorties de route sans intérêt, et c’est une bonne chose, car malgré tout, l’ouvrage est assez long. A aucun moment, de l’ennui. A aucun moment un soupçon. A aucun moment, l’agacement. On est attrapés, curieux, envieux de savoir. Comme les trois protagonistes, on est parfois dépassés par ce qu’on apprend. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup consulté les ressources à ma disposition pour me situer dans cette Histoire que je n’ai pas vécue et dont je n’ai rien appris à l’école. Il a fallu que je me plonge, avec Cantaloube, dans le passé trouble du début des années 60, chargé de manipulations, encore à vif - 15 ans seulement après la guerre. Désabusée par le Général, dégoutée par Papon, un poil déçue par Mitterrand. Mais happée, subjuguée par tout ce que j’ai découvert et - je dois l’avouer - un peu honteuse de ne pas savoir.
Attaquer La terre et le soleil de Belezi m’avait instruite sur le début et les conditions du début de la colonisation de l’Algérie. Requiem pour une République est une leçon puissante sur la fin de ce sale épisode de l’Histoire de l’hexagone : les mesures injustes, les passages à tabac, les essais nucléaires et pour finir, cette abominable soirée du 17 octobre 1961.
On peut pointer du doigts les autres pays qui, il y a moins de 70 ans se comportaient encore comme des barbares, on n’est pas mieux placés. La France a aussi de quoi rougir et demander pardon. Il faut aller de l’avant, mais ni se voiler la face, ni oublier. C’est l’essence même du pardon, non ?
« La IV° République était née sur les cendres du pétainisme et des combats de la Résistance, la V° démarrait sur les cadavres des Algériens et les remugles d’un fascisme en képi. »
NOMINE 27 juin 2021
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
Le meilleur polar que j’ai lu depuis longtemps...
Il se passe essentiellement dans le Paris du FLN et de l’OAS, et l’auteur, très intelligemment, intègre dans son roman des faits réels et surtout des personnages réels que nous connaissons tous : Jean Marie Le Pen, François Mitterrand, Maurice Papon et d’autres...
Par moment, on ne sait plus si on lit un roman policier ou un récit historique. On se sent parfois spectateurs des événements qui secouent les bords de Seine.
Vivant, documenté, réaliste, très prenant.
Je le conseille vraiment.
Cancie 27 novembre 2020
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
Cancie 25 novembre 2020
Requiem pour une République débute le 15 septembre 1959 et se termine le 18 octobre 1961. Tout se déroule donc durant les années troubles les plus sombres de la Ve République.
Un avocat algérien, Bentoui, lié au FLN, est assassiné ainsi que toute sa famille, assassinat orchestré par le Préfet de Police, Maurice Papon, et savamment enterré par le 36, Quai des Orfèvres. Trois personnages centraux, aux opinions et aux caractères différents, veulent trouver l’assassin : Sirius Volkstrom, ancien collabo, manchot devenu exécuteur de basses œuvres pour Papon, Antoine Carrega, ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et Luc Blanchard, jeune policier assez naïf.
Ces trois individus que tout oppose vont se croiser et devoir, malgré eux, oeuvrer ensemble pour déjouer cette importante manipulation politique.
Chaque chapitre raconte une journée avec un de ces trois hommes comme personnage central. Ce sont bien sûr trois héros de fiction mais le talent de Thomas Cantaloube a été de leur permettre, lors de cette enquête, de rencontrer ou de croiser de vrais personnages politiques historiques : Mitterrand, De Gaulle, le Pen, Papon… Ce qui en fait une fiction plus vraie que nature.
Cette enquête est un véritable plongeon dans un Paris pourri par la lutte sanglante pour l’indépendance de l’Algérie, les trahisons politiques et les basses œuvres du Préfet de police, Maurice Papon.
Outre les personnages réels, les événements tels que les essais nucléaires français dans le Sahara, l’attentat perpétré par l’OAS à Vitry-le-François contre le train Strasbourg – Paris, le 18 juin 1961 - le plus meurtrier sur le territoire hexagonal jusqu’au 13 novembre 2015, au Bataclan – et le massacre de manifestants algériens par la police française, le 17 octobre 1961, tous ces événements contribuent à rendre ce roman exceptionnel, d’autant que l’évocation de ces faits historiques n’est jamais pesante, bien au contraire.
Ceci fait de Requiem pour une République un grand polar historique dans lequel la trame policière est aussi passionnante que le fond politique. Tout y est : les sentiments, l’action, l’Histoire !
Thomas Cantaloube, dans ce premier roman, a su mêler avec brio faits réels et fiction pure en le rendant palpitant de bout en bout. Difficile de sortir indemne de cette lecture qui nous rappelle ce que fut cette période : une tragédie pour les Algériens vivant en France, victimes de ratonnades et du racisme ambiant, une période dont on n’est pas fier, qu’on a préféré taire et qui pourtant, fait partie de notre Histoire : la fin de l’empire colonial français.
Komboloi 7 juillet 2020
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
En voilà un excellent roman policier signé Thomas Cantaloube, et en plus, c’est un premier roman, il faut le souligner.
Le lecteur va suivre un chassé-croisé entre trois protagonistes très différents mais qui vont se retrouver régulièrement tout au long de cette affaire et des différents évènement survenant dans le récit. Tout commence par l’assassinat d’un avocat algérien qui dérape puisque l’ensemble de sa famille est également exécuté. Commence alors pour le lecteur une plongée dans les arcanes du pouvoirs. L’action prend place dans une période troublée pour la République française en pleine crise algérienne.
C’est un des gros points forts de ce roman, la trame est parfaitement inscrite dans le contexte historique et le lecteur va croiser des personnages publics bien connus comme François Mitterrand ou encore Jean-Marie le Pen.
Les trois personnages principaux, aux intérêts diamétralement opposés, sont parfaitement décrits et on se laisse complètement embarquer au gré de ce récit bien rythmé. La construction est assez classique avec une alternance entre chaque personnage chapitre après chapitre, classique donc mais plutôt efficace.
Je recommande ce roman policier maîtrisé de bout en bout, bien écrit, aux personnages intéressants à suivre et qui s’inscrit dans un contexte historique particulièrement bien retranscrit par cet auteur sur lequel il va maintenant falloir compter !
Lau Lo 10 mars 2019
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
Certains polars et romans noirs ont également vocation à nous rappeler une tranche d’Histoire, de France ou d’ailleurs. Celui-ci non seulement nous parle d’une période noire de notre pays mais révèle un scénario de polar exceptionnel pour plusieurs raisons.
Nous sommes en 1959 au début de cette histoire, même pas 20 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. La guerre d’Indochine vient de se terminer, la France en ressortant vaincue.
Pays colonialiste, cette même France a largement utilisé les peuples de ses colonies du Maghreb notamment comme premières lignes lors de la seconde guerre mondiale. Au milieu des années 50, l’Algérie réclame son indépendance, c’est le début de la Guerre d’Algérie. On pourrait penser qu’avec le génocide juif que la France a subi, ses dirigeants seraient plus enclins à accéder à ces demandes et à bien traiter ceux qui ont choisi de rester vivre en France. Rappelons qu’à cette époque, le Général De Gaulle est Président…
Il n’en est rien et Thomas Cantaloube pointe du doigt ce racisme anti arabe qui gangrénait le gouvernement et ses bras armés et plus précisément la police alors dirigée par Papon, « célèbre » collabo.
Dans tout le déroulé du roman, l’auteur mêle avec brio faits réels et fiction pure, faisant intervenir des personnages réels dans des situations réelles même si déplacées dans l’espace ou fictives. Ainsi nous croisons Mitterrand, Le Pen, De Gaulle, Papon et bien d’autres.
Il y avait ceux qui voyaient d’un bon œil l’intervention de l’armée pour préserver l’Algérie dans le giron hexagonal. Moins à cause de la « menace soviétique » évoquée parle général Maurice Challe, qu’en raison du sentiment confus mais solidement ancré dans les esprits que « l’Algérie c’est la France ». Il y avait ceux qui ne pouvaient pas souffrir les galonnés et rejetaient par principe tout putsch de leur part – même si cela les rangeait dans le camp d’un autre officier, le président-général De Gaulle. Enfin, il y avait ceux qui goûtaient ce chaos qui détournait l’attention des autorités vers des choses plus pressantes que leurs trafics.
Ce roman s’ouvre sur l’assassinat d’un avocat Algérien et de toute sa famille, un assassinat orchestré par Papon et savamment enterré par le 36 Quai des Orfèvres. Thomas Cantaloube nous présente alors trois personnages centraux bien distincts, trois hommes qui vont jouer un rôle déterminant, trois protagonistes incroyablement maitrisés par l’auteur.
Sirius Volkstrom est un mercenaire de l’état. Il n’a pas été engagé pour perpétrer le meurtre de l’avocat algérien mais pour faire disparaitre le tueur après son méfait. Sauf que ça foire.
Antoine Carrega est un passeur de contrebande, grand-père des go-fast d’aujourd’hui. Ancien résistant, son ancien compagnon de guerre Félix, beau-père de l’avocat, lui demande de trouver les assassins de sa fille parce qu’il n’a aucune confiance dans la police pour résoudre ce quintuple assassinat.
Enfin, Luc Blanchard, est un flic encore perclus de ses bonnes intentions et à qui est confiée l’enquête. Masi il va vite se rendre compte qu’on lui met des bâtons dans les roues, que l’enquête est falsifiée et sera vite classée.
Ces trois personnages vont bien-sûr se télescoper dans ce polar qui ne laissera aucune part d’illusion à personne.
C’est un grand polar historique dans lequel la trame policière est aussi passionnante que le fond politique. Quand on sait qu’il s’agit d’un premier roman, on est tout simplement bluffé par cette plume déjà précise, moi je dis bravo et respect Monsieur Cantaloube.
http://www.evadez-moi.com/archives/2019/03/10/37165171.html
1001histoires 1er février 2019
Requiem pour une République - Thomas Cantaloube
Thomas Cantaloube est journaliste, né en 1971. Son premier roman aurait pu avoir pour cadre les USA où il a longtemps travaillé, un autre coin du globe tellement les pays où il a effectué des reportages sont nombreux, il a tout simplement choisi la France mais une époque peu explorée, les années 1959, 1960, 1961.
En ce début d’année 2019, Thomas Cantaloube gratifie les amateurs d’un exceptionnel roman noir historique. Les Trente Glorieuses cachent des années parmi les plus sombres de la Cinquième République. Il nous en fait le récit.
Requiem pour une République : ce roman raconte le destin de trois hommes que tout oppose mais qui vont se croiser et même s’unir pour tenter de faire éclater la vérité dans une affaire politico-criminelle. Luc Blanchard est inspecteur débutant à la crim’ du 36, quai des Orfèvres, ses premières enquêtes sont des échecs, il n’hésite pas à recourir à la violence, les coups pleuvent mais les suspects n’avouent rien. Antoine Carrega est corse, ancien résistant, sa vie apparente bien rangée cache des liens avec François Marcantoni ou le convoyage clandestin d’anisette entre Marseille et Paris, certaines bouteilles contiennent de l’héroïne. Sirius Volkstrom est un ancien collabo, peut-être même pire un ancien de la carlingue. Il a ensuite fuit la France pour la guerre d’Indochine où il a perdu un bras ce qui ne l’a pas empêcher par la suite d’accomplir de basses besognes en Algérie.
Chaque chapitre raconte une journée avec un de ces trois hommes comme personnage central. Le 4 octobre 1959, Sirius Volkstrom se renseigne sur l’extrême droite parisienne auprès de Jean-Marie Le Pen alors ex-député. Vokstrom rejoint en février 1961 les rangs de l’OAS des partisans prêts à combattre pour l’Algérie française. Il avait auparavant opéré au sein du SAC de Pierre Debizet : le Service d’action civique, association officielle pour lutter discrètement contre le FLN, les communistes et plus généralement contre toute forme d’opposition au Général de Gaule. Carrega a également rejoint le SAC dés sa création en janvier 1960 : il participe au service d’ordre des meetings politiques de Michel Debré mais sa carte tricolore lui sert aussi de couverture pour ses trafics. Luc Blanchard s’est vu confier le 24 septembre 1959 l’enquête sur l’assassinat de l’avocat algérien Bentoui et de sa famille, une exécution de sang froid. C’est le Préfet de police de Paris, Maurice Papon, en personne qui lui confit ce dossier délicat qui sent la poudre.
Une fiction plus vraie que nature ! L’Histoire est au tournant de chaque page avec des personnalités connues bien dans leur rôle. Il y a une enquête solide, avec ses incertitudes, ses périodes où il ne se passe rien, les hasards qui brusquement la relancent, des fausses pistes, des filatures, des planques. Luc Blanchard débute dans le métier. Sera-t-il un éternel perdant ? Pas du tout, il se pose les bonnes questions, il veut aller au bout même s’il a compris que désormais des salauds dirigent la France. Volkstrom le mercenaire, Carrega le truand, vont l’aider. Leurs relations comme leurs attitudes restent ambigües. Le trio veut aller au bout de l’affaire Bentoui, peu à peu l’enquête devient une quête de vengeance.
Ce roman rappelle ce qu’a été cette période, une tragédie pour des algériens déchirés au sens propre et figuré, ça ratonnait dur à l’époque, en toute impunité. Parfois les mitraillettes se faisaient entendre, la voiture de François Mitterrand en fit les frais. La presse était muselée. Les attentats étaient vite oubliés. Des coupables étaient fabriqués avant d’être suicidés. Mais peu importe, la France entre dans l’élite des puissances détenant l’arme atomique.
Quel roman ! Quelle réussite ! Chaque page est une surprise. Tout foisonne, les sentiments, l’action, l’Histoire. Je le dis rarement, énorme coup de coeur !