- Acteurs : Michelle Pfeiffer, Johnny Depp, Kenneth Branagh
Hier soir, nous étions à une projection presse en avant-première du Crime de l’Orient-Express... Et on a été plutôt séduit...
Notre avis de passionnés de polars, forcément subjectif mais garanti sans spoilers.
LE PITCH EN (TRÈS) BREF
Un homme au passé trouble est assassiné dans un luxueux train, l’Orient-Express, et les 12 passagers, aux origines sociales et géographiques très diverses, sont suspects. Le plus célèbre des détectives, le belge Hercule Poirot, saura-t-il faire fonctionner ses petites cellules grises et rendre justice ?
ON A AIMÉ
– La mise en scène, grandiose, avec des décors somptueux, tant en intérieur (le fameux train spécial de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits) qu’en extérieur avec des paysages à couper le souffle.
– La multiplicité des plans et prises de vue, qui se mettent intelligemment au service de l’histoire et apportent de la profondeur au plus fameux des meurtres en huis-clos.
– Le jeu d’acteur, riche tant par le talent intrinsèque des interprètes que par leur adéquation au besoin de l’intrigue. Les fausses notes, quasi-obligées au vue du nombre élevé d’acteurs "utiles", ne gênent pas outre mesure le fil narratif. Une richesse parfois sous-utilisée.
– le jeu d’acteur encore, dans son aspect polyglotte (malgré quelques incohérences) : accent belge francophone en anglais chez Poirot, allemand d’Autriche ou de l’Heimat, français et ses registres de classes sociales et plusieurs nuances d’accents anglais sont un plaisir à l’oreille et un bel hommage à l’éclectisme des personnages de l’oeuvre originale, fruit des écrits d’une grande voyageuse et minutieuse paysagiste des classes sociales. A voir en VO, définitivement.
– le respect général de l’oeuvre d’Agatha Christie. L’esprit d’un des plus célèbres polars de l’histoire est globalement préservé, il y a bien sûr des infidélités, inévitables, mais pas de trahison.
ON A MOINS AIMÉ
– La mise en scène, certes très secondaire, mais néanmoins inutile, de l’amour de Poirot. Au mieux un clin d’oeil raté, au pire une mauvaise idée. Et que de temps perdu...
– la focalisation sur la recherche esthétique au détriment de l’histoire. On en prend plein les yeux mais on comprend moins l’intérêt historique voire magique de l’intrigue initiale avec cette mise en scène : les aspects insolubles et mystérieux de l’histoire originale d’Agatha Christie passent à la trappe et le dénouement paraît presque évident au spectateur, et lui est délivré très et trop précipitamment. Moins de mise en situation et plus d’intrigue auraient été bienvenues.
– un peu de grandiloquence inutile, voire des clichés parfois, heureusement sauvés par des touches de dérision en phase avec les écrits de Christie.
ALORS JE VAIS LE VOIR OU PAS ?
Oui ! Parce que probablement l’un des films les plus léchés de cette fin d’année, pour les decors, pour le jeu d’acteur et le casting royal et pour le plaisir de comparer avec le livre et les précédentes adaptations cinématographiques.
Le film de Brannagh n’est certainement pas la meilleure ni définitive adaptation du chef-d’oeuvre de Christie, mais son esthétique aboutie en fait l’une des plus visuelles.
Pour ceux qui n’auraient pas la décence d’avoir déjà lu le roman, on conseille cependant un rattrapage en urgence avant d’aller dans les salles obscures, histoire de ne pas gâcher définitivement le suspense et la surprise, sel de cette oeuvre bénie des polardeux du monde entier.