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"Lui" : Canet tourne en rond dans l’île

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Résumé :

Un compositeur en mal d’inspiration, qui vient de quitter femme et enfants, pense trouver refuge dans une vieille maison à flanc de falaise, sur une île bretonne déserte. Dans ce lieu étrange et isolé, il ne va trouver qu’un piano désaccordé et des visiteurs bien décidés à ne pas le laisser en paix.

Un artiste en plein désarroi, au point mort créatif. C’est le sujet du nouveau Guillaume Canet, qui se met en scène et a sûrement vu Huit et demi ou Stardust Memories. Soit deux chefs-d’œuvre. Mais Canet n’est ni Federico Fellini, ni Woody Allen. A défaut, on le voit bien parti du côté de Francis Leroi, un plus modeste réalisateur, qui avait choisi une cadre insulaire pour incarner son thriller horrifique, Le Démon dans l’île, avec Jean-Claude Brialy et Annie Duperey. Cette curiosité étrange, enfouie dans la mémoire cinéphilique, on l’a en tête, les premières minutes, lorsque "lui" pose le pied à proximité de l’embarcadère, sac à dos empoigné prestement, pour rejoindre sa maison au sommet d’une falaise, avec l’océan bouillonnant comme compagnon d’exil.

Du long métrage de Leroi, Canet retient les caricatures les plus saillantes, telles ces trognes d’autochtones taiseux, qu’on croyait définitivement bannies au pays de la décentralisation. A quoi servent ces mines renfrognées ? A faire couleur locale. Elles n’ont aucune fonction narrative.
Alors, quoi ? Il y aura un mystère ?

Un avertissement de la proprio, relatif à la sous-pente du logis, semble singer le plus mauvais scénario de film d’horreur. Et puis, non. Finalement, on se trompe. Au bout de quinze minutes, après avoir mis en place tout le decorum d’un long métrage fantastique, Canet se souvient que son drame s’appelle "Lui". Non pas l’autre, le double d’une célèbre nouvelle de Maupassant, avec un point d’interrogation. Mais lui, le quadra déboussolé, lesté de ses états d’âme, flanqué de son épouse, sa maîtresse, ses enfants, son meilleur ami, ses parents.

Guillaume Canet n’en finit plus de creuser le "spleen mid-life", au risque d’une redite qui prend ici la forme d’un marasme artistique. Car non content de bifurquer en cours de route, le réalisateur s’encombre d’une référence trop voyante, celle de Bertrand Blier : l’auteur des Valseuses s’invite à travers des scènes absurdes ou oniriques, dont il ne reste que l’enveloppe. Les dialogues ne suivent pas : Canet enfile les aphorismes creux sur l’amour, l’amitié, le temps qui passe, tout en n’évitant pas l’écueil des bons sentiments, là où la misanthropie de Blier se densifie, dans ses meilleurs moments, d’une angoisse métaphysique.

Le dernier quart d’heure est un coup de grâce, une apothéose de pesanteur symbolique : "lui" voit double, le spectateur boit le calice. Seule Belle-île-en-Mer semble résister à ce mauvais vaudeville, mal écrit, mal filmé.

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