Les meilleurs livres de serial killers, jour 25 :
- Auteur : Robert Louis Stevenson
- Editeurs : Le Livre de Poche, Editions Gallimard, Folio
Classement des meilleurs livres de serial killer #8 : L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson
Fans de tueurs en série psychopathes ? Envie de devenir un expert des romans de serial killers ? BePolar vous propose un palmarès des meilleures fictions sur le sujet !
1886. Promis, c’est le seul classique qui rentre dans notre top 10 des meilleurs livres sur les serial killers, mais celui-ci est vraiment incontournable. Qui ? Mais L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson, bien sûr ! Les lecteurs les plus attentifs nous rétorquerons que l’assassin ne compte qu’un meurtre à son actif... Mais on assume, c’est le tueur en série potentiel, celui qui est en nous tous, qui a influencé tant d’auteurs de polars, qui nous intéresse. L’ouvre d’un esprit libre, au croisement du polar et du fantastique...
L’histoire :
Quand la nuit tombe, le terrifiant Mr Hyde se faufile dans les ruelles désertes et martyrise fillettes et vieillards avec un sang-froid démoniaque. Chacune de ses apparitions inspire le frisson. Pourquoi cet être abject est-il protégé par le respectable Dr Jekyll, gentleman philanthrope reconnu à Londres ? Pour Mr Utterson, notaire de son état et ami du Dr Jekyll, il ne peut s’agir que de quelque manipulation diabolique.
Pourquoi ce livre est important :
Cette nouvelle est une référence culturelle mondiale sur un point fondamental quand on parle de tueur en série : le criminel est-il un monstre ou s’agit-il uniquement de sa part sombre, celle qui est plus ou moins forte en chacun d’entre nous ? La question de la double personnalité, du bien et du mal est l’une des plus anciennes questions de l’Humanité. Avec cette œuvre, Stevenson donne corps de manière moderne à ce mythe universel, comme Goethe avec l’apprenti sorcier et le pacte maléfique ou Shelley avec la créature qui échappe à son créateur.
Il faut aussi imaginer le caractère novateur de cette œuvre à l’époque : les lecteurs n’imaginaient pas l’identité du coupable, et le mystérieux Mr Hyde (« to hide » signifie « cacher » en anglais) ne revêtait pas le caractère d’évidence qu’il a pour nous. Ce fils d’une famille empreinte d’un fort sentiment religieux interroge également en pleine époque du puritanisme triomphant et avec ce récit nos pulsions les plus obscures, le dédoublement de la personnalité, le refoulé, l’instinct de mort, ceci bien avant la naissance de la psychanalyse !
Stevenson interroge en effet « l’assassin qui est en nous » (cf. notre chronique n°3 sur les tueurs en série), l’une des thématiques fondamentales de nombreux auteurs de polar : en chacun de nous sommeille plusieurs personnalités. Le docteur Jekyll prend au fur et à mesure conscience de la fragilité du vernis d’humanité et il essaie vainement de s’en débarrasser ; en chacun de nous doit pourtant rester un peu de Mr Hyde...
S’il est moderne pour son époque, Stevenson l’est également pour nous : par sa construction narrative, par son recours à des narrateurs lacunaires, par son sens du suspense, il laisse constamment au lecteur un rôle actif, celui de tirer les conclusions aux nombreuses questions qu’il soulève. Si l’on y réfléchit, Jekyll et Hyde sont l’un et l’autre tout aussi effrayants : il est vain de vouloir se dissocier sa part sombre, mieux vaut garder autant que faire se peut le contrôle. Mais Jekyll nous prévient aussi qu’à réprimer tout en soi, on peut se retrouver avec une vie morne et terne comme celle d’Utterson... Stevenson nous pose donc des questions sur notre nature mais se garde bien d’y apporter des réponses. Et nous de conclure, comme Philippe Chatel : « je ne savais pas, pauvre de moi, que j’avais du Mr Hyde en moi »...
Ce qu’il faut retenir (pour briller en société) :
1. Inspiré par un cauchemar, l’œuvre que nous connaissons n’est que la réécriture réalisée en trois jours par Stevenson du manuscrit original, celui-ci ayant été détruit par son épouse qui le considérait comme un « cahier plein de parfaites sottises ».
2. 25 adaptations cinématographies, parodies, dans ou autour de l’univers de ce roman ont déjà été réalisées. Mais il faut aussi compter des adaptations en chansons de groupe ou de chanteurs aussi divers que Gainsbourg, The Who, Philippe Chatel, Renaud, Tété, The Damned, BB Brunes, Marcus Miller, Lara Fabian...
3. Esprit libre et grand aventurier, Stevenson finit sa vit dans les Samoa. Il s’engagea notamment dans les luttes anticolonialistes, défendant notamment en 1893 les Samoans contre l’impérialisme allemand. Une route menant à sa plantation fut bâti en son honneur, et il devint même chef de tribu et surnommé « Tusitala », « le conteur d’histoires ».
4. Stevenson est considéré parfois à tort comme un romancier d’aventures (L’Île au trésor) ou fantastiques pour le jeune public. Il compte pourtant de nombreux admirateurs parmi les plus grands romanciers de son temps et qui lui firent suite, comme Henry James, Marcel Proust, André Gide, Vladimir Nabokov, Jorge Luis Borges, Italo Calvino, George Perec et bien d’autres...
5. Le personnage de l’incroyable Hulk est, de l’aveu de son propre auteur Stan Lee, une adaptation moderne qui mélange les mythes du Dr Jekyll/Mr Hyde et de la créature du Dr Frankenstein, tiré de l’œuvre de Mary Shelley !