- Auteur : Sébastien Verne
- Editeur : Asphalte éditions
Publié en cette fin du mois d’août 2019, Des vies débutantes racontent les aventures de trois jeunes dans les grands espaces américains, empruntant plusieurs éléments au polar... Petite interview découverte pour ce premier roman...
Bepolar : Qu’aviez-vous envie de faire ou de dire ?
Sébastien Verne :Lorsque j’écris une histoire, je n’ai de compte à rendre à personne, je ne suis lié qu’à moi-même. L’invention d’un récit m’autorise à exprimer des sentiments portés par des personnages dont la psychologie n’est pas linéaire. J’accepte de les voir vivre et me créer des difficultés, je n’arrive pas toujours à leur faire dire exactement ce que je désire. Gloria, Travis et Adrien ont acquis une personnalité qui leur est propre avec suffisamment d’épaisseur pour vivre par eux-mêmes. Je m’en satisfais car ils n’en sont à mes yeux que plus attachants.
Bepolar : J’avais envie d’écrire l’aventure jubilatoire et tragique de trois protagonistes dépassés par leurs actes.
Sébastien Verne :Collectivement, l’alchimie des trois caractères est détonante. J’insiste sur la notion d’alchimie qui colle bien à la photographie. En effet elle constitue le fil narratif de l’histoire. Des vies débutantes nous raconte la fuite en avant de trois individus en proie à des pulsions, des désirs profonds qui les poussent à commettre l’irréparable au nom de leur passion pour la photographie. Nous sommes dans les années 90.
Aujourd’hui à l’heure du numérique, nous avons tendance à oublier qu’au départ la photographie est un procédé chimique, résultant d’un dosage du temps d’exposition d’un film, de concentration chimique et de respect d’une courbe de température du révélateur. C’est une histoire de trempage et de dosage qui laisse place à la surprise, la sagacité et l’imprévisibilité.
A travers Des vies débutantes, c’est la vie de nos trois héros qui passe au filtre du révélateur.
Bepolar : On y suit un trio, Adrien, Travis et Gloria. Pourriez-vous nous présenter vos trois personnages ?
Sébastien Verne :A titre individuel, Adrien, peut paraître éthéré, transparent en apparence. Mais c’est un anti héros qui développe une grande force de résilience et une grande capacité d’adaptation. Il accepte d’être une feuille blanche avant d’être plongé au révélateur. Gloria, femme intelligente et opiniâtre tire les ficelles d’un scénario qu’elle semble avoir écrit. De cette opposition de caractères va naître une histoire unique qui les conduira à redéfinir radicalement leurs vies respectives. Travis est quant à lui le militant, trop sûr de son pouvoir à tordre la vie à son image, il sera victime de son engagement.
Collectivement, ils traduisent à mes yeux notre vanité à croire que nous avons prise sur le cours des évènements.
Les Etats-Unis sont constamment en contradiction et se cherchent une nouvelle définition
Bepolar : Tout se passe aux États-Unis, pays des grands espaces. Pourquoi avoir choisi d’y placer votre cadre ?
Sébastien Verne :J’ai vécu quelques années dans le Midwest sur les bords du Mississipi et dans le Maine, d’abord comme étudiant puis en électron libre. De mon expérience personnelle, les grands espaces m’ont durablement marqué, leur démesure me fascine encore. Par l’expérience d’Adrien, j’ai voulu montrer comment ils peuvent changer une vie.
Les Etats-Unis sont constamment en contradiction et se cherchent une nouvelle définition, prêts à se réinventer en permanence.
Bepolar : La présentation du livre parle d’un roman d’apprentissage, d’un homme en réflexion sur sa propre existence. Que cherche-t-il votre héros ?
Sébastien Verne :Adrien ne cherche rien finalement, c’est la vie qui le trouve !
Des vies débutantes est la trame sur une vingtaine d’années d’une histoire de vies, de chemins qui se croisent et se décroisent ; quête du nouveau et du renouveau, quelle direction prendre , où et comment se réinventer ?
D’un même négatif, il existe une variation quasi infinie d’images positives.
Bepolar : Le livre sera en librairie fin août. Comment vivez-vous ces dernières semaines avant la sortie ?
Sébastien Verne :Plutôt bien, je suis impatient.