- Auteur : Nicolas Feuz
- Editeur : Slatkine et cie
Bepolar : Comment est né ce roman, Heresix ?
Nicolas Feuz : Cela fait plusieurs années que j’avais envie d’écrire un polar dont l’action se situerait dans l’Hérault et plus largement en Occitanie, avec des références à l’histoire de la région, en particulier à la croisade de l’église contre les Cathares au XIIIe siècle.
Bepolar : Il se déroule en terre Cathare. Quels liens avez-vous avec cette région ?
Nicolas Feuz : Mes parents vivent dans l’Hérault, au sud de Pézenas, depuis une trentaine d’années. C’est donc une région que je connais assez bien, non seulement sur le plan touristique, mais aussi social et historique. J’y descends régulièrement depuis mes 18 ans. Mon père était professeur d’histoire, il m’a donc initié à cette époque mal connue de l’Histoire de France.
Bepolar : On commence l’histoire avec un enlèvement d’enfant, une soirée qui vire au cauchemar dans un train et une procession d’homme énucléés... comment avez-vous composé votre histoire pour nouer tous ces fils ?
Nicolas Feuz : J’aime bien imaginer plusieurs histoires parallèles qui, à la fin du livre, se recoupent sans que le lecteur n’ait forcément imaginé les liens entre elles. J’ai déjà utilisé cette technique, par exemple, dans "Horrora Borealis", "L’Engrenage du mal" ou encore "Restez chez vous". "Heresix" ne déroge pas à la règle. C’est une technique intéressante, mais qui comporte un risque : celui de perdre le lecteur dans les premières pages du livre, car cela implique de mettre en place plusieurs tableaux avec, parfois, de nombreux personnages.
Bepolar : Vous nous plongez dans les activités de gens peu recommandables avec parfois des scènes assez violentes. Est-ce que le pire est facile à écrire ?
Nicolas Feuz : Étrangement, écrire le pire ne me dérange pas. Avec mon travail de procureur, j’ai peur de m’y être habitué. Peut-être suis-je devenu un peu blasé ? J’espère que non. Mais j’aime appeler un chat un chat, avec les descriptions précises qui vont avec. Ce qui est en revanche plus difficile à écrire, pour moi, c’est une histoire d’amour.
Bepolar : On suit aussi l’histoire de la région au Moyen-Âge. Est-ce que vous avez eu besoin de beaucoup de documentation ?
Nicolas Feuz : Comme pour mes précédents polars, j’ai préalablement visité tous les lieux que je décris dans "Heresix" et me suis documenté sur des spécificités de la région, pour rendre le livre plus "vrai". Concernant les parties historiques, j’ai bénéficié d’un bon guide initial : mon père. Ensuite, j’ai approfondi mes connaissances en lisant pas mal de livres historiques sur les Cathares, surtout concernant la période qui m’intéressait, soit la première partie de la croisade dirigée par Simon de Montfort (prise de Béziers, de Carcassonne, de Minerve, de Lavaur et d’autres fiefs, jusqu’à sa mort au pied des murailles de Toulouse). Je n’ai en revanche qu’effleuré la seconde partie de la croisade, qui va jusqu’à la chute de Montségur et même au-delà.
Bepolar : Quels sont désormais vos projets ?
Nicolas Feuz : "Heresix" est un one-shot qui a interrompu la série "Le Miroir des âmes", "L’Ombre du Renard" et "L’Engrenage du mal". En février 2022, je vais revenir avec le quatrième volet des enquêtes du procureur Jemsen. Un cinquième tome est déjà en préparation. Parallèlement, j’écris aussi des polars jeunesse destinés aux 9 à 13 ans, aux éditions Auzou. Après "Black Justice 1.0" paru en novembre 2019, "Black Justice 2.0" sortira en librairies au début du mois d’octobre 2021.