- Réalisateurs : Jean-Yves Arnaud - Yoann Legave
- Acteurs : Mathieu Kassovitz , Marina Foïs, Lina El Arabi
Derrière son casting alléchant et ses rodomontades, la série de mafia "Furies" entasse les clichés et brasse de l’air. Quel dommage de déployer autant de moyens pour ne suivre qu’un canevas éculé, matière amorphe exclusivement conçue pour l’appât du gain.
Furies
De : Jean-Yves Arnaud, Yoann Legave
Avec : Lina El Arabi, Marina Foïs, Sandor Funtek, Mathieu Kassovitz
Année : 2023
Pays : France
Dans un Paris ténébreux et tumultueux, six familles de la pègre se partagent, entre heurts et fracas, l’argent sale et la domination, cela à l’aune d’une organisation nommée l’Olympe. Afin de limiter les bas instincts souvent irréfrénables des uns et des autres, cette mafia dispose de son régulateur : la Furie. Cette dernière sort de l’ombre dès lors que les criminels subissent une attaque ou une trahison, réprimant alors les récalcitrants par la mort…
Dans la jungle des produits formatés Netflix, on cherche souvent désespérément des aspérités. Malheureusement, "Furies" - énième série de mafia frenchie - ne relève pas le niveau, bien au contraire. Techniquement, le tableau ne s’avère pourtant pas honteux. La réalisation, sans âme bien que parfois plutôt solide, brouille même les pistes. Comme si sa relative consistance du cadrage et de la lumière pouvait vraiment permettre d’estomper les lacunes du programme. Malencontreusement, tout ce fard ne camoufle pas grand chose. Il y a certes quelques idées discursives, à l’image des inserts, ces flashs mentaux ou plans ultra courts servant ici à illustrer (off) le propos d’un personnage (in), ou d’affiner le récit via le feuilletage du montage. Hélas, les semblants de subtilité s’arrêtent là et en dépit d’une production plutôt luxueuse, le manque d’invention et d’imagination paraît flagrant.
"Furies" déroule en effet tous les stéréotypes imaginables pour capter son audience : affrontements musclés, héroïnes bien trempées, méchants menaçants, twists illimités, ville lumière hostile et hypnotique, mais également bien sûr un casting séduisant (Marina Foïs, Lina El Arabi, Mathieu Kassovitz, Sandor Funtek, Eye Haïdara…). Le tout au rythme d’un montage syncopé, de mouvements de caméra tape-à-l’œil, de ralentis et musiques ampoulés. La série accumule donc résolument tous les ingrédients susceptibles d’attirer le chaland, pour un résultat paradoxalement vide et ennuyeux au possible. Une fois passé les premiers épisodes où l’intrigue peut encore feindre un semblant de nouveauté, l’attention peine à se maintenir devant un tel étalage de poncifs. À l’instar d’un film comme "Balle perdue", seuls comptent en définitive le bouillonnement et la fureur, qui absorbent les personnages dans des allées et venues inutiles.
Gueules de dures et caricatures
Même étalonnage, même mouvement de caméra langoureux ou exalté, quelque part mêmes personnages… "Furies" essaime ainsi une liste interminable de redites ne justifiant fatalement jamais le visionnage de ses huit épisodes. Les clins d’œil au Luc Besson de "Nikita" (1990) ou encore de "Léon" (1994), les rebondissements empilés et les vaines tentatives de rendre tout cela sexy et cool n’aident en rien à changer la donne. Une telle vacuité dans le fond (mélange indigeste de mythologie romaine – les Furies – et de série B d’action bas du front) comme dans la forme (absence totale de mise en scène), et cela avec un budget aussi respectable, suscite forcément un certain agacement. Il n’y a, semble-t-il, dans "Furies" nul autre désir que celui de viser le profit, au détriment de toute forme d’art, quitte même à singer le divertissement jusqu’à la caricature.
La série "Furies" est disponible sur Netflix depuis le 1er mars 2024.