- Acteurs : Edward Norton, Bruce Willis, Alec Baldwin, Gugu Mbatha-Raw
On a pu voir Brooklyn Affairs avec Edward Norton...
Edward Norton était de passage à Paris le 17 novembre 2019 à l’occasion de l’avant-première de son nouveau film, Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn pour les puristes de la VO), son 2ème film en tant que réalisateur après After Anna (2000).
L’histoire ? 1954, New York. Lionel Essrog est un détective privé atteint de la maladie de Gilles de La Tourette. Il enquête seul sur le meurtre de son unique ami et mentor, Frank Minna. Grâce à quelques indices et surtout à son esprit obsessionnel, Lionel parvient à découvrir des secrets qui auront des conséquences sur la ville de New York. Il va devoir affronter l’homme le plus puissant de la ville.
On est toujours curieux d’analyser les premiers pas d’un acteur qu’on admire derrière la caméra, comme on a pu le faire pour Eastwood, Costner ou Clooney. Présenté par certains comme un lointain parent de Chinatown de Roman Polanski et du Privé de Robert Altman ou par d’autres d’un LA Confidential à la sauce new-yorkaise, ce film mérite-t-il qu’on aille le voir ?
Les 4 « POUR »
1. Edward Norton, évidemment. Le génial acteur de Peur primale (1997), méconnu mais à découvrir, American History X (1998), Fight Club (1999) ou plus récemment Birdman (2014) nous gratifie d’une belle interprétation d’un personnage tourmenté et persévérant, atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, cette maladie qui se caractérise par de nombreux tics et l’usage parfois incontrôlé de la parole. Un rôle à sa mesure, qu’il joue avec brio, sans agacer ni surjouer.
2. Pour l’hommage au film noir, au jazz et à la ville de New York, omniprésents tout au long de la réalisation, de manière plus ou moins appuyée. Ambiances à la Hooper, jeux de miroirs, plans photographiques de Pennsylvania Station, beaucoup de scènes vous sembleront familières et c’est normal !
3. Pour l’image et la photographie, très travaillées et qui nous replonge avec délices dans le (ou l’image que l’on se fait de) New York des années 50, sa vie politique, ses bars à jazz, ses lieux emblématiques. Un clin d’oeil en beauté à l’ancêtre toujours incontournable du cinéma qui magnifie le charme jamais démodé de Big Apple.
4. Le casting sans presque de fausse notes : Edward Norton lui-même bien sûr, mais aussi un Bruce Willis assez convaincant en privé filou et secret, Gugu Mbatha-Raw en femme de combat et femme fatale crédible par intermittence (la faute à des dialogues pas toujours à la hauteur) ou le possédé Willem Dafoe en personnage idéaliste et marginalisé.
Les 2 « CONTRE » :
1. La crédibilité du scénario, sans savoir si on doit cette faiblesse au roman de Jonathan Lethem, Les Orphelins de Brooklyn, duquel le film est inspiré et que nous n’avons pas lu, ou à l’adaptation et la mise en scène de Norton. On s’attend à une grosse manipulation indéchiffrable et des grosses surprises, on découvre une enquête sur des magouilles immobilières somme tout classique qu’un enfant pourrait presque démêler, une insulte envers le vrai journalisme et les enquêteurs... et les talents de corruption et de dissimulation des hommes de pouvoir !
2. L’interprétation décevante d’Alec Baldwin, franchement en-deçà : s’il incarne bien physiquement son personnage, son jeu ne semble pas à la hauteur sur ce film, peut-être un corollaire du scénario souvent bancal et contradictoire, où son personnage balance entre népotisme total et... absence de réaction inexpliquée.
Bilan
Un bon moment, de belles images, un Norton assez intéressant jouant un personnage qu’on aurait pu croire déjà vu ou caricatural mais qu’on suit finalement avec plaisir, un bel hommage à une ville mythique et au film noir et un casting sérieu : tous les ingrédients étaient réunis ! Dommage que le scénario global tiennent assez peu la route ou plutôt qu’il ne soit pas à la hauteur de ses glorieux aînés, mais on passe néanmoins un très agréable moment à apprécier les mille visages d’une ville... et des différents acteurs !
On laisse les mots de la fin à Norton :
"Le Noir comme le cinéma fait le lien entre les Etats-Unis et la France, comme l’idéal démocratique. C’est aussi une façon de gratter la surface de la société, une prise de distance salutaire pour garder notre vigilance, conserver nos idéaux et interroger notre idée de l’héroïsme, un point central de nos préoccupations actuelles : certains s’entichent de tyrans ou de bad guys et il est nécessaire d’interroger cela. Le cinéma est un divertissement où l’empathie nous permet de nous mettre davantage à la place les uns avec les autres."