- Auteur : Fred Vargas
- EAN : 9782081413140
Et on espère bien que cela va continuer avec son nouveau roman
Le nouveau roman de Fred Vargas "Quand sort la recluse" arrive aujourd’hui en librairie, avec une histoire d’araignée alors qu’Adamsberg est en Islande... C’est l’occasion idéale pour redire tout le bien que l’on pense des livres de l’auteur...
1- Le commissaire Adamsberg.
Il n’est pas le flic qui court le plus vite, ou celui qui étale trois malfrats en un seul coup de Kung fu bien senti. Non, Adamsberg est plutôt cerveau que muscle. Les mystères, il les résout en marchant, pas à pas, jusqu’à que la mécanique de l’enquête lui apporte la solution. Cela ne veut pas dire que l’action n’existe pas dans les romans de Fred Vargas, simplement son héros prend un peu plus son temps qu’ailleurs. Et on finit par l’aimer ce type calme et un peu à part, qui se sert plus de son intuition que de raisonnements bien ficelés, avec une sorte de nonchalance qui agace parfois ses collègues mais qui nous réjouit en tant que lecteurs. Et puis Adamsberg c’est un type qui parvient à faire dormir les bébés en leur posant tranquillement une main sur la tête. Et si ça ce n’est pas un super-pouvoir...
2- Pour les personnages autour de lui.
Les romans de Fred Vargas tournent autour du commissaire Adamsberg d’accord, mais il est également accompagné par une galerie savoureuse de personnages. Il y a Danglard, père de famille dévoué et adjoint à la culture immense, Retancourt qui a un physique d’armoire normande et que le commissaire appelle la "déesse", le lieutenant Veyrenc qui parle en alexandrins, et bien entendu Camille, sa bien aimée avec qui il vit une histoire complexe et tumultueuse. Cette petite famille amicale et professionnelle est un bonheur. Le plaisir que l’on a à les retrouver à chaque aventure est sans doute l’une des plus belles réussites de l’auteur.
3- Pour les idées de l’auteur.
Fred Vargas a le chic pour à chaque roman trouver une idée qui nous accroche dès les premières pages. Dans un lieu incertain c’étaient des chaussures alignées sur un trottoir avec les pieds des propriétaires coupés dedans. Dans L’Armée furieuse c’était la légende du Moyen Âge de la Mesnie Hellequin avec ses âmes damnés parcourant les rues d’une petite ville. Dans Pars vite et reviens tard, la peste semblait être de retour dans Paris... Des idées qui marquent et qui intriguent, mélange de trouvailles de l’auteur mais aussi d’Histoire. On est pas près d’en oublier certaines...
4- Pour ses adaptations.
Quand on aime un livre, il faut savoir se dépouiller de ses attentes pour regarder son adaptation sur grand ou petit écran. Evidemment, le film et les téléfilms tirés de l’œuvre de Fred Vargas sont des sujets de controverses. Mais comment pourrait-il en être autrement ? De notre côté, on avoue volontiers que l’on n’a pas boudé notre plaisir en 2007 en regardant Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier avec José Garcia dans le rôle du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Idem pour les téléfilms de Josée Dayan (entre 2008 et 2010) : Sous les vents de Neptune, L’homme aux cercles bleus, L’homme à l’envers et Un lieu incertain. Cette fois c’est Jean-Hugues Anglade qui interprétait le premier rôle. Dans tous les cas on a retrouvé l’ambiance des romans et c’était déjà une victoire. Et depuis, Adamsberg a pour nous deux visages, sans que cela soit véritablement gênant.
5- Pour son auteur.
Sa parole n’est pas forcément rare mais elle est toujours un petit évènement parce que Fred Vargas parle avec une honnêteté sans voile, capable d’avouer qu’elle ne contrôle pas tout "La scène de départ n’est jamais celle qui est prévue. J’ai fait mon plan. Je commence le livre. Et là, en tapant sur le clavier, je découvre qu’Adamsberg est toujours en Islande ! Qu’est-ce qu’il fait là ? Mais je me dis : je n’ai pas le choix…" (Libération, 5 mai). Ou bien encore : "Je n’ai pas de vieille recette pour fabriquer une histoire. Quand je suis sur le point de m’endormir, je me retrouve à imaginer un dialogue que je ne note jamais. C’est la loi de Darwin, il restera ce qu’il restera le lendemain matin."(L’Express en 2011).
A l’heure de best-sellers aux intrigues bien huilés, cette liberté, cet aveu que l’histoire coule aussi d’elle-même, remet de l’humain sous la casquette de l’écrivain, machine à nous concevoir des intrigues machiavéliques. Et puis on se souvient de ses engagements eux aussi très forts, très vrais. Parce que l’écrivain est aussi une personne avec des convictions et des idées, ce que l’on l’oublie un peu parfois.