Les pépites du polar !
- Réalisateur : Jérôme Boivin
- Acteurs : Jacques Spiesser, Jean Mercure, Lise Delamare
- Distributeur : MK2
- Festivals : Mention spécial du jury 1989 au Festival International du Film Fantastique d’Avoriaz
- Nationalité : Français
- Durée : 1h22min
Pas seulement un film fantastique. Baxter est une fable implacable sur l’humanité. Un long métrage culte.
Le premier long métrage de Jérôme Boivin, après deux courts décalés, prévient dès son sous-titre : "méfiez-vous du chien qui pense". Baxter n’est pas le premier animal anthropomorphisé : il suffit de se rappeler le requin des Dents de la mer, acharné à la perte d’un chalutier dans un improbable désir de vengeance. Mais le héros canin de ce film dérangeant a un atout en plus : volontiers philosophe, il bénéficie d’une intériorité construite, comme une sorte de focalisation interne que vocalise un monologue intérieur. A d’autres moments, la caméra s’accommode d’une omniscience plus informative, pour ne pas réduire le cadre d’une manière trop systématique et lasser le spectateur. Les premières minutes mettent en scène des personnages aux pulsions masochistes : une jeune enseignante demande à son amant de le battre en pleine étreinte, un adolescent obsédé par le régime hitlérien s’enfonce une punaise dans la main aux fins d’expérimenter la douleur.
Baxter, lui, arrive dans son paquet. Un cadeau ? Oui, mais empoisonné, et surtout le révélateur d’une humanité globalement malade, disséminée en autant d’automates dont on aurait perdu la clef : dans l’ordre, une vieille femme devenue neurasthénique, un jeune couple de magazine, un teenager inquiétant, destiné par son caractère à croiser la route de celui qui lui ressemble, prolongeant à travers la relation qu’il instaure avec l’animal la fascination qu’il éprouve pour le nazisme.
Et le chien ?
Il a d’abord choisi, dans un florilège de défauts humains, l’essentiel de sa pitance. Le voyeurisme, la vengeance, la jalousie, la volonté de domination lui font tenir des propos comminatoires que la caméra a l’intelligence de ne pas prolonger par une spectacularisation outrancière. Baxter fantasmant l’insupportable, ne connaissant "ni l’amour, ni la peur", point besoin de donner à ses intentions une matérialisation violente. Jérôme Boivin étire le malaise en ellipsant les scènes les plus prévisibles et construit une atmosphère malsaine, au bord de la folie, où tout peut constamment basculer.
Qui est l’homme, qui est la bête ? Au fur et à mesure que le long métrage avance, l’humanité semble changer de camp, sans que jamais la perplexité ne se dissipe.