- R�alisateurs : David Fincher - Safy Nebbou - James Ponsoldt - Aneesh Chaganty - Henry Alex Rubin
C’est depuis longtemps dans l’air du temps : les réseaux sociaux font partie intégrante de nos quotidiens. Mais qu’en est-il de leur présence à travers les scénarios des thrillers ? Nous avons sélectionné 5 films à suspense dont l’intrigue repose sur ces nouvelles technologies.
The Social Network, David FIncher, 2012
Sous ses faux-airs de portrait d’un Mark Zuckerberg adulescent, The Social Network cache un authentique thriller. Dès la première séquence embrumée voyant le futur magnat se faire larguer par sa petite amie dans un pub bruyant jouxtant Harvard, Fincher place son film sous le signe du film noir. L’atmosphère poisseuse et le dialogue sibyllin, la nuit et la solitude, renvoient directement au cinéma de l’âge d’or du genre. Parce que Mark, notoirement désorienté par la bière, développe ici Facemash et TheFacebook en réaction à cette rupture qu’il n’accepte pas, il se condamne. Le système qu’il développe vampirise son entourage, achève de l’extraire du réel et de l’isoler un peu plus. Ce long combat ressemble à une bataille shakespearienne où tous les plus vertueux finissent échec et mat. Mais Mark organise malgré lui sa propre déchéance morale et sociale. Parrain rongé par la frustration, ne restent plus que la virtualité et ses fantasmes pour lui tenir lieu de semblant d’existence. Mention spéciale pour la tension psychologique de cet inclassable, dopé par la musique de Trent Reznor et d’Atticus Ross.
The Circle, de James Ponsoldt, 2017
En dépit d’un casting engageant (Emily Watson, Tom Hanks…), The Circle ne brille ni par sa finesse ni par son fond : l’écueil réside en cela que le film évacue petit à petit ce que son sujet comptait de passionnant pour le traiter de façon superficielle et tape-à-l’œil. Pour autant, le long-métrage – qu’on aurait souhaité plus proche du pamphlet caustique que de la fable manichéenne – a le mérite de vulgariser le risque lié à la toute-puissance des réseaux sociaux. Ainsi, cette relecture naïve du 1984 de Orwell, si elle n’approfondit pas suffisamment les enjeux liés au big data, place néanmoins l’aléa des réseaux sociaux au cœur d’un divertissement de premier plan – l’histoire d’une jeune femme engagé par le géant des réseaux sociaux et dont l’avenir va basculer au même titre que celui du monde entier. Thriller à voir un dimanche de lendemain de fête.
Searching - portée disparue, d’Aneesh Chaganty, 2018
Une enquête concernant la disparition d’une adolescente patine. Mais c’est grâce aux nouvelles technologies que David, le père de la disparue, va peu à peu parvenir à démêler l’impossible. Moteurs de recherche, réseaux sociaux… toutes sortes d’outils numériques viennent en aide aux enquêteurs et vampirisent même la mise en scène – écrans d’ordinateurs, smartphones et caméras de surveillance constituent l’essentiel des plans. Mention spéciale pour cette superbe économie de moyens où le suspense fonctionne (presque) à chaque instant.
Celle que vous croyez, Safy Nebbou, 2019
Si ce film de Safy Nebbou n’est pas un polar au sens classique du terme, son opacité morale et son atmosphère claustro suffisent à l’inclure du côté des thrillers – ne serait-ce qu’amoureux, techno et paranoïaques. Au gré d’une descente aux enfers borderline voyant une quinquagénaire se créer un faux profil sur les réseaux sociaux pour se glisser dans la peau d’une jeune femme de 24 ans et ainsi séduire un homme, le long-métrage explore les dangers de la virtualité et les périls de notre époque quelque peu schizophrène. Habile thriller sur l’ultra-connexion, doublé d’un joli portrait de femme.
Disconnect, Henry Alex Rubin, 2017
Bon, oublions d’entrée de jeu ici l’ambiguïté et la complexité qu’aurait pu mettre en scène un épisode ou film Black Mirror, mais qu’importe : ce thriller (scindé en trois parties sur le mode choral) passe en revue avec une certaine réussite quelques-uns des principaux dangers du web. Abstraction faite des clichés et d’une photographie faiblarde, ce drame à suspense – sur le mode Collision (Paul Haggis, 2005) ou Babel (Alejandro Gonzalez Inarritu, 2006) – donne lieu à une vitrine thématique assez ample en matière de périls numériques.