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3 polars cultes de Sidney Lumet : la trilogie de la corruption

Les lecteurs de BePolar connaissent sans doute The Offence(de 1973, mais sorti pour la première fois en France en 2007), thriller paranoïaque suffocant de Lumet que nous avons déjà mis à l’honneur dans nos colonnes. Il est aussi probable que des titres comme Un après-midi de chien (1975) et Serpico (1974), deux films cultes de Lumet portés par Al Pacino, rappellent quelques souvenirs vibrants à quelques-uns. Il se trouve que ce dernier - adapté du roman de Maas tiré de l’histoire vraie du policier Frank Serpico, connu pour avoir mis en évidence les pratiques de corruption de la police de New York - est le premier volet d’une trilogie. Trilogie de Lumet sur les malversations du pouvoir aujourd’hui devenue plus confidentielle et qui mérite justement un focus.

Si la thématique de la corruption sera toujours plus ou moins systématiquement utilisée - a minima en filigrane - dans les œuvres de Lumet, deux films viennent grossir la trajectoire de ce flic intègre et vertueux qu’est Serpico : Le Prince de New York (1981) et Contre-enquête (1990).

Serpico
Là où le premier illustrait le désenchantement progressif d’un jeune policier idéaliste, barbe hirsute façon hippie de Greenwich Village, confronté à la faillite morale et éthique de la police, les deux volets suivants n’auront de cesse d’explorer le phénomène de manière toujours plus complexe. Exit les vestons au cordeau de L’inspecteur Harry (Siegel, 1971), l’esthétique de Lumet rompt avec les codes classiques pour mieux préfigurer par exemple la série Starsky & Hutch. Film noir oblige, la bravoure de Serpico n’est pourtant qu’une victoire de courte durée : sans appel, la conclusion du film reconduit la noirceur de son ouverture. Dans ce monde froid et glauque, les héros ne sont que des êtres en sursis irrépressiblement rattrapés par la réalité.

Le Prince de New York
Dans Le Prince de New York, Daniel Ciello, chef de la brigade des stupéfiants de New York, consent à aider les fédéraux à stopper un réseau de drogues. Problème : Ciello s’aperçoit qu’il n’est qu’un pion utilisé pour faire tomber ses collègues pour corruption. Adapté du roman « New York » tiré de la véritable histoire du policier Bob Leuci, le long-métrage réinvente les polars urbains. Sur plus de 3h, cette simili tragédie antique sonde les effets collatéraux de la dénonciation de Ciello. On retrouve le style documentaire de Serpico, à ceci près que le manichéisme s’y voit relayé par une collection de portraits plus paradoxaux les uns que les autres. Les mines inquiétantes des protagonistes, redoublées par tous ces acteurs non professionnels (parmi lesquels d’authentiques truands) à qui Lumet a fait appel, créent un sentiment d’oppression unique. Mention spéciale pour la dernière partie du film, pharaonique séquence judiciaire où le protagoniste central finit terrassé, pris au piège de ses actes.

Contre-enquête
Sans atteindre la maestria du Prince de New York, Contre-enquête ajoute un élément déterminant dans cette équation de mise à nu de la corruption : les liens entre les hauts cadres de la police, la justice et le grand-banditisme. Dans une veine moins pessimiste, Lumet met de nouveau en évidence l’opacité et la solidarité sans faille d’un système contre lequel la vertu se montre malheureusement impuissante. Dommage qu’Hutton, le personnage principal, ne dispose pas ici du charisme d’Al Pacino ou Treat Williams. Reste que Contre-enquête clôture avec brio la trilogie de Lumet, et ne démérite pas dans sa filmographie.

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