- R�alisateurs : Renny Harlin - Martin Campbell - Gilles Marchand - Adam Green - Frédéric Cerulli
On vous parlait il y a peu de polars estivaux se déroulant en bord de mer en France, mais qu’en est-il de leur corollaire montagneux ? Parce que si les vacances d’été fleurent bon les plages, elles riment aussi avec cimes et à-pic ensoleillés. Reste que l’exercice s’avère épineux, puisque les polars estivaux se déroulant dans les massifs montagneux français ne courent pas les vidéoclubs : c’est que les réalisateurs préfèrent la neige au soleil pour susciter la tension. De Cliffhanger (Renny Harlin, 1993) à Vertical Limit (Martin Campbell, 2000) en passant par le survival Frozen(Adam Green, 2010), les thrillers n’ont en effet cessé de manifester leur attachement aux contrées glacées.
Il faudrait alors aller jusqu’à faire des atermoiements romantico-philosophiques d’un film solaire comme Le Genou de Claire (Rohmer, 1970), avec en ligne de mire Annecy et quelques sommets de Haute Savoie, la matière d’un thriller. Mais l’on ne peut s’y résoudre. Alors quoi ? Admettons dans ce cas que la température des plus hauts sommets hexagonaux demeure fraîche malgré l’été, et ce par-delà le dérèglement du climat. Admettons. Dans cette perspective, l’on citerait volontiers Snowboarder (Olias Barco, 2003), non pas pour son brio (très) relatif mais pour son mélange entre montagne et improbable hold-up, avec en prime Nicolas Duvauchelle, Mélanie Laurent et même… Clara Morgane. Cocktail indigeste et dispensable, mais culte dans le genre nanar.
Mais le plus réussi d’entre tous, en dépit de son intrigue automnale et non estivale, est très certainement Le Daim (Quentin Dupieux, 2019), l’histoire de la fuite en avant d’un homme paumé, Georges (joué par Jean Dujardin). Du jour au lendemain après avoir fait l’acquisition d’une vieille veste à franges 100 % daim, le cours de la vie du personnage change et tout se dérègle. C’est hilarant, incompréhensible et génial, et ça se passe en montagne.
Subsistent toutefois quelques rares exceptions dont l’intrigue est à la fois estivale, montagnarde et se déroule en France. C’est le cas de Vertige (Abel Ferry, 2009), thriller horrifique la jouant à la Détour Mortel (Rob Schmidt, 2003) avec humilité et réussite. Si son scénario fait mention de la Croatie, le tournage s’est déroulé dans les Pyrénées-Orientales. Entre situations extrêmes, effroi et brillante étude psychologique des protagonistes, le film impressionne.
Il en va de même pour Help (Frédéric Cerulli, 2018), authentique polar voyant son histoire d’enquête criminelle glisser entre forêts et sommets montagneux. Arrière-pays niçois, parc national du Mercantour, Verdon… le décor à lui seul fait figure de personnage. Suspense intense et tueur inflexible à la Roberto Succo sont au programme. Certes, la température ressentie reste assez loin des 25°C, mais tout de même.
Aussi, l’on retiendra le thriller franco-suédois Dans la forêt (Gilles Marchand, 2017), huis-clos forestier et vallonné aussi beau qu’ambigu. Ce film inconfortable et touchant, l’histoire de retrouvailles entre un père aux idées bizarres et de ses deux enfants, joue la carte de l’immersion totale dans les paysages. Hypnotisant et malaisant.
Mais aussi…
Sils Maria, d’Olivier Assayas, 2014
Piège blanc, d’Abel Ferry, 2013
Eva, de Benoit Jacquot, 2018
Mission : Impossible – Fallout, de Christopher McQuarrie, 2018
L’amour est un crime parfait, de Jean-Marie et Arnaud Larrieu, 2014