La série de podcasts « Les Braqueurs » d’Arte radio sonde le destin de trois anciens braqueurs au gré de leurs casses, cavales et rédemptions. Des histoires vraies stupéfiantes et sensationnelles qui ferait presque passer le polar classique pour une antiquité. Hautement addictif.
Depuis quelques années, le genre du "true crime", ces histoires criminelles passées au tamis de la rigueur documentaire et journalistique, rencontre un succès fulgurant sous nos latitudes. C’est un peu comme si les œuvres de fiction (les polars, les thrillers...), à force d’échouer à retranscrire de manière suffisamment fidèle le réel, se voyaient petit à petit supplanter par les récits authentiques, les enregistrements véridiques. Bien sûr, un bon "true crime" ne fonctionne pas sans une légère surcouche romanesque (la musique, le montage…) mais sa matière première demeure : des faits établis et des voix de protagonistes tangibles. En la matière, la série de podcasts « Les Braqueurs » d’Arte radio, signée par la journaliste Pascale Pascariello (Le Canard Enchaîné, Mediapart…), brille et fait cas d’école.
Le temps de onze épisodes spectaculaires et dépassant souvent l’intensité procurée par le cinéma de genre, la série tend le micro à trois anciens braqueurs bien loin des stéréotypes. La qualité de son est très immersive et leurs récits captivants. Des histoires hautement romanesques (et pourtant) que l’on sent facilitées par la qualité d’écoute de Pascale Pascariello. Le design sonore des équipes d’Arte radio est scotchant, avec un accompagnement musical et des atmosphères sonores subtilement dosés. De quoi faire résonner et vibrer chaque mot ou syllabe des invités.
Parmi les trois braqueurs auxquels la série donne la parole, on trouve Miki, spécialisé dans les banques et les bijouteries, Tito l’as su hold-up, et François Troukens. Né d’un père ingénieur agronome et d’une mère prof, ce dernier ne se prédestinait a priori pas au grand-banditisme, loin de là. Et pourtant, quand sa vie passe d’une éducation normale à une existence proto-décroissante dans une roulotte au plus près de la nature, l’enfant qu’il est alors se met très vite à rêver de tout ce qu’il ne peut avoir. Prisonnier du regard des autres et de sa différence avec les élèves de son âge, il se met à commettre des petits larcins à l’adolescence. « Je volais dans les magasins des vêtements pour être à la mode. Mais c’était pas du braquage quoi. C’était vraiment, je m’habillais je courais. », se souvient-il.
Puis de fil en aiguille, une idée germe peu à peu en lui. « Je me rendais compte que sans niveau d’études, et sans diplôme, je pouvais royalement proposer mes services dans des métiers de subalterne quoi. Mais j’ai pas voulu vivre ça. », résume-t-il. A l’âge de 23 ans, François attaque son premier fourgon, le premier d’une longue série, au moment où il est alors chef d’une équipe de convoyeurs de fond. Repérages, préparation, lecture de livres sur le grand-banditisme… l’ancien braqueur devenu cinéaste et scénariste livre le récit du mode opératoire d’un casse avec une précision métronomique. Les premières secondes d’écoute démarrées, il s’avère presque impossible pour l’auditeur de décrocher tant toutes ces faits se révèlent hautement passionnants et fascinants.
Sans jamais aucune volonté de juger leurs actes ou de les auréoler, la série « Les Braqueurs » donne à comprendre ces figures du banditisme souvent très éloignées de ce que l’on imagine à travers le cinéma ou les romans. Certes, les nombreux modus operandi décrits par les anciens braqueurs donnent le tournis et on frise parfois le manuel pratique, mais là n’est évidemment pas l’objectif. Car au bout du compte, guette la mort et de nombreuses années de prison.