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Rebel Ridge : que vaut ce thriller qui joue avec nos nerfs ?

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Avec "Rebel Ridge", Jeremy Saulnier signe un polar slow burning à la tension perpétuelle, où la violence sourde plane sans jamais tout à fait éclater. Entre vengeance raisonnée et corruption systémique, Aaron Pierre incarne un héros hanté, pris dans les rets d’une Amérique désenchantée.

"Rebel Ridge" suit l’histoire d’un ancien soldat, Terry Richmond, déterminé par la force des choses à exposer une conspiration impliquant des forces de l’ordre corrompues. Alors qu’il se retrouve traqué dans une région reculée et dangereuse, pratiquement sur le mode du survival, le protagoniste doit faire face à une violence implacable, luttant pour sa survie tout en cherchant à rétablir la vérité.

Violence immanente mais suspendue

Jeremy Saulnier reprend les codes du thriller qu’il n’a eu de cesse de triturer film après film, mais les distille avec une précision qui frôle l’obsession. "Rebel Ridge" ne cède jamais totalement à la violence frontale, préférant maintenir le spectateur dans un état d’alerte permanent. Loin de la frénésie d’un "Green Room" (Saulnier, 2015), ce nouveau film plus tamisé propose une montée en tension lente et inexorable, où chaque instant semble sur le point de déraper.

Si les scènes d’action se font en définitive rares ici, elles n’en apparaissent pas moins intenses. On pense notamment à cette séquence où Terry neutralise plusieurs policiers sans les abattre, rappelant la fameuse scène de "Terminator 2 : Le Jugement Dernier" (James Cameron, 1991). Ce qui frappe, c’est cette capacité à éviter le grand spectacle tout en livrant une charge émotionnelle brute. Saulnier orchestre ainsi un ballet de violence contenue, presque méthodique, qui en dit long sur son refus des conventions du genre.

Le film entretient aussi en creux un dialogue avec d’autres œuvres emblématiques. Le parcours de Terry rappelle bien sûr celui de John Rambo dans "Rambo" (Ted Kotcheff, 1982), un vétéran confronté à une violence qu’il pensait avoir laissée derrière lui. Aussi, tout comme dans "Prisoners" (Denis Villeneuve, 2013), la quête de justice de Terry devient une plongée dans un univers où les frontières morales s’avèrent floues, et où la vérité se révèle plus sombre que prévu. L’atmosphère de mystère, presque mystique, qui imprègne "Rebel Ridge" rappelle à cet égard toutes ces œuvres où le protagoniste s’enfonce dans un cauchemar éveillé.

Une Amérique désenchantée

Au-delà du thriller, "Rebel Ridge" brosse un portrait désabusé de l’Amérique contemporaine. Les vastes forêts, filmées avec une rigueur glaciale, deviennent un symbole de l’étouffement. La nature n’est pas ici un refuge, mais un piège. Cette atmosphère paranoïaque, renforcée par une photographie granuleuse, participe pleinement à l’expérience sensorielle du film. Chaque paysage semble envahi par une violence latente, prête à éclater à tout moment.

Le cadre, pourtant souvent simple, devient l’arène des dilemmes moraux. Terry, traqué et torturé, est confronté à une institution gangrenée par la corruption. Cette quête de vengeance, loin de le libérer, le plonge encore plus profondément dans un cauchemar éveillé. Saulnier utilise ces codes classiques du polar pour mieux les déconstruire, laissant l’action s’étirer et la tension s’installer de manière presque insidieuse.

Des personnages hantés par le silence

Aaron Pierre, dans le rôle de Terry Richmond, impose une présence magnétique, presque mutique. Son personnage est taiseux, mais chacune de ses actions dégage une détermination implacable. On le sent guidé par une colère sourde, mais aussi par une lassitude face à l’injustice qui gangrène son pays. Saulnier a toujours su s’entourer d’interprètes capables de faire passer des émotions par le non-dit, et Aaron Pierre embrasse ici parfaitement cette tradition.

Les seconds rôles (James Badge Dale, Don Johnson, Zsane Jhe) apportent une réelle profondeur à l’intrigue, incarnant avec justesse une Amérique désillusionnée et corrompue. Bien que ces personnages restent des archétypes (le policier véreux, l’avocat retors), ils sont habilement utilisés pour amplifier l’oppression ressentie par Terry. Le réalisateur joue ici avec les silences et les regards, laissant planer une ambiguïté morale sur chacun des protagonistes. Les dialogues sont rares, mais chaque mot pèse lourd, renforçant cette impression d’étouffement constant.

Entre thriller et introspection

"Rebel Ridge" s’inscrit dans la continuité du travail de Saulnier, tout en prenant une direction plus introspective. Là où "Blue Ruin" ou "Green Room" explosaient en confrontations brutales, "Rebel Ridge" opte pour une tension qui ne trouve jamais vraiment de résolution définitive. Le film semble jouer sur cette frontière entre polar classique et drame psychologique, refusant de se laisser enfermer dans un genre précis.

Au final, "Rebel Ridge" apparaît comme une œuvre singulière, à la fois fascinante et frustrante dans sa retenue. Saulnier propose un thriller tendu, mais surtout une réflexion sombre sur la vengeance et la corruption. Le résultat, bien que moins viscéral que ses précédents films, n’en est pas moins captivant, porté par une mise en scène précise et des personnages habités par une rage contenue.

"Rebel Ridge" est disponible sur Netflix depuis le 6 septembre 2024.

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