- Acteurs : Eddie Murphy, Kevin Bacon, Taylour Paige
Le Flic de Beverly Hills 4
De : Mark Molloy
Avec : Eddie Murphy, Taylour Page, Kevin Bacon
Genre : polar, action, comédie
Pays : États-Unis
Année : 2024
Eddie Murphy et Jerry Bruckheimer exhument d’entre les morts la saga "Le Flic de Beverly Hills" pour offrir un quatrième tour de piste à l’impayable Axel Foley. Mais ce polar d’action rigolard en forme d’ersatz, malgré sa bonhomie, frise un peu trop souvent la mort cérébrale.
De retour à Beverly Hills, Axel Foley tente de déjouer un complot aux côtés d’un nouveau partenaire et d’anciens compagnons de route, à l’instar de Billy Rosewood et John Taggart…
Pour ressusciter la franchise de polars d’action désopilante "Le Flic de Beverly Hills", Eddie Murphy et Jerry Bruckeimer n’y sont pas allés par quatre chemins. Le crédo du trio de scénaristes aux manettes de ce quatrième opus, soustraction des rires tonitruants habituels d’Axel Foley mise à part, relève en effet de la copie sinon du fac-similé. Il ne s’agit ainsi non pas de réactualiser la trajectoire du célèbre flic désinvolte, autrement dit de retranscrire son indiscipline dans un monde totalement métamorphosé depuis 1994 (année de sortie du "Flic de Beverly Hills 3", dernier épisode en date). Dispositif qui aurait nécessité une mise à distance, des idées et une prise de risque – bref une réflexion. Non, l’idée consiste au contraire à balayer tout cela d’un revers de main pour mieux singer mordicus un concept éculé et empoussiéré par-dessous trois décennies. Qu’importe, donc : "Le Flic de Beverly Hills : Axel F." remet le contact comme si rien n’avait changé, quitte à multiplier les caméos d’anciens personnages secondaires vaguement régénérés pour l’occasion. Si Eddie Murphy ne semble pas accuser outre mesure le poids des années, il en va tout autrement de ses vieux comparses un tantinet exsangues. Ce motif aurait pu créer une distorsion intéressante en laissant apparaître les fêlures de l’antihéros gaffeur. Or, le long-métrage refoule perpétuellement toute réalité pour n’en rester qu’à un succédané, rabâchant le caractère légendaire du protagoniste. Bien qu’Eddie Murphy paraisse volontiers croire en son immortalité du haut de sa posture de démiurge, trop fier d’afficher sa survivance avec fougue, l’assistance respiratoire ne cesse de poindre à tous les étages.
Car la nostalgie ou le ressouvenir sublimé d’une époque – les gimmicks du cinéma d’action des années 80 pour l’essentiel – ne peut affleurer ou se ressentir pleinement sans déformation, sans mutation ou travail de transcription. Ce qui fait totalement défaut ici. Nul doute que la coquille vide brandie pompeusement par Eddie Murphy et Jerry Bruckheimer coche sur le papier toutes les cases du cahier des charges de la saga. Action trépidante, maladresses en cascade, canardages, vannes et répliques bien senties, le tout ponctué par la fameuse mélodie composée par Harold Faltermeyer (initialement pour "Le Flic de Beverly Hills, 1984) – quand elle n’est pas sabordée par de nouvelles partitions insignifiantes –, les ingrédients sont bel et bien de la partie. Un constat toutefois rassurant compte tenu du budget pharaonique engagé de 150 millions de dollars, lequel représente trois fois celui du volet précédent. Mais pourquoi alors néanmoins cette sensation perpétuelle d’une intrigue complètement anémique ? En plaçant Mark Molloy, réalisateur de publicité quasi inconnu, aux commandes de la mise en scène du film, les producteurs s’assurent que l’absence de personnalité de leur pantin sous étroit contrôle ne puisse risquer de dénaturer leur produit. En découle un film d’action gaguesque mené tambour battant mais dont toutes les ficelles et tous les contours transparaissent à chaque seconde.
Il serait trompeur d’affirmer pour autant que ce cocktail défraîchi ne suscite pas un peu d’emprise ici ou là sur le spectateur, en dépit notamment d’enjeux scénaristiques complètement vains (la relation père-fille, la corruption policière…). Et cependant, on ne s’y ennuie étrangement pas tout à fait, Eddie Murphy et ses collègues (Joseph Gordon-Levitt et Kevin Bacon, dans une certaine mesure) parvenant malgré tout à capturer un semblant de notre sympathie. Mais le sentiment d’assister à une très longue bande-annonce sans réelle substance colle au bout du compte vraiment à la peau de ce "Le Flic de Beverly Hills 4" – ce qui n’empêchera pas les producteurs d’y donner une suite.
"Le Flic de Beverly Hills : Axel F." est disponible sur Netflix depuis le 3 juillet 2024