- Auteur : Frédéric Jaccaud
Glory Hole de Frédéric Jaccaud se dévoile.
Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman, Glory Hole ?
Frédéric Jaccaud : Je voulais écrire une histoire d’amitié, avec la volonté de mettre en lumière les liens qui nous attachent les uns aux autres de manière irraisonnée. J’ai songé au trio classique impliquant des sentiments encore mal compris, pendant l’enfance, lorsque l’attachement, l’empathie, l’amour et l’amitié ne sont que de vagues mots qui bouleversent nos relations. Ensuite, je voulais rendre cette histoire intolérable, dans la démesure des sentiments contraires. Ma perspective m’incline à traiter les petits faits et les petites gens. Il y a dans la miniature, la médiocrité au sens noble du terme, toute la grandeur de l’humanité. Et dans cette grandeur, on juge de notre décadence. Cela revient à raconter les hauts faits de la petitesse.
Bepolar : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire sur le monde de la pornographie et de l’industrie du sexe, et plus particulièrement dans les années 80 (et pas de nos jours) ?
Frédéric Jaccaud : Je dirais que c’est tout d’abord la mise en situation de mon projet global qui tourne autour des formes populaires. Observer ce phénomène – c’est-à-dire qui touche à un grand nombre – dit quelque chose de notre société moderne. La pornographie commerciale abandonne son statut de niche dans les années 1950, pour se propager et se vulgariser à partir de 1970 notamment par l’intermédiaire de la VHS. Sous le couvert de la mauvaise foi, dès lors, l’esthétique et les clichés du porno sont devenus de véritables références culturelles, suffisamment larges pour influencer tous les secteurs de notre société.
Bepolar : Pourriez-vous nous présenter Claire, Jean et Michel, trois amis d’enfance ?
Frédéric Jaccaud : Ce sont les trois personnages principaux du roman, le moteur triple qui fait avancer l’histoire. Ils se sont connu enfants dans un orphelinat. Dans leur naïveté naturelle, ils se sont promis tous trois, de ne jamais se séparer et de construire, plus tard, une parcelle utopique qui ne serait qu’à eux, comme une petite société protégée de l’extérieure. Bien entendu, la réalité concrète les a rattrapés. Les deux garçons végètent dans une petite cité, survivant à la limite de la délinquance. Claire de son côté a disparu. Son apparition dans un magazine pornographique va bouleverser l’univers de Michel et Jean.
Bepolar : Comment avez-vous construit ce roman ? Vous êtes du genre à accumuler documentations, notes et plans ?
Frédéric Jaccaud : Je travaille par instinct, sur l’accumulation de notes. Pour Glory Hole j’ai lu quelques ouvrages sur le milieu de la pornographie eighties. Ensuite, je me laisse influencer pendant l’écriture par mes lectures et mes sentiments. Je travaille sur plan, mais je me laisse guider par le rythme du texte, par les ruptures et les mots. Un roman doit traduire un paysage littéraire. Il ne s’agit pas uniquement de « dire » une histoire, mais de mettre en mots.
Bepolar : Le roman vient de sortir début mai, cela fait plusieurs semaines que vous ne travaillez plus dessus. Quel regard portez-vous sur lui maintenant que les lecteurs et lectrices l’ont dans les mains ? Vous guettez les premiers avis ?
Frédéric Jaccaud : Pour être exact, cela fait plus d’un an que ce roman est écrit. Pour ma part, mon travail s’arrête dès le moment où le livre part en impression. Ensuite, sans guetter, je reste attentif à sa réception.
Bepolar : Pourra-t’on vous voir prochainement en dédicace ?
Frédéric Jaccaud : Non, je ne dédicace pas.
Bepolar : Quels sont vos projets ? Avez-vous un autre roman en cours ?
Frédéric Jaccaud : Actuellement, je travaille à un roman sur la vie d’un homme qui tente de se définir dans l’ombre de Bobby Fischer.