- Auteur : François Agusta
- Editeur : La Fontaine de Siloé
Du rififi dans les Bauges !
Bepolar : Comment est né ce roman, MINERAL ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
François Agusta : L’idée vient de Françoise, qui aimait les romans policiers, notamment ceux qui ont pour contexte un domaine technique particulier comme l’océanographie, la médecine légale, etc... Géologue, elle était persuadée qu’on pouvait créer le premier "polar géologique". Les recherches qu’elle avait menées sur l’origine de l’or dans les Bauges pouvaient constituer le fond. Connaissant mon goût ancien pour l’écriture, elle m’a proposé d’imaginer et d’écrire l’histoire avec elle. Bien entendu, ma propre expérience professionnelle viendrait s’ajouter à la sienne, et nourrirait la vraisemblance des aspects policiers.
Bepolar : Comment avez-vous travaillé avec Françoise Allignol ?
François Agusta : Françoise et moi étions cousins, avec plusieurs centres d’intérêt communs : montagne, musique, littérature... Nous avons mis au point ensemble la trame de l’histoire que nous allions raconter, puis nous nous en sommes répartis les séquences. Chaque fois que l’un d’entre nous en avait écrit une, il l’envoyait à l’autre par mail. Françoise me faisait entièrement confiance pour veiller à la cohérence de l’ensemble, en faisant au besoin les coupes ou rectifications nécessaires. Cette méthode nous laissait une part d’improvisation, et la lecture d’une nouvelle séquence permettait à chacun de se relancer et de faire progresser le récit.
Bepolar : Ça se passe en Savoie, dans les Bauges notamment et à Chambéry. François Agusta : Pourquoi avoir choisi ce secteur et comment a-t-il influencé l’histoire ?
François Agusta : Françoise a choisi le secteur parce qu’elle y vivait et y travaillait, si bien qu’elle en connaissait parfaitement les caractéristiques géologiques ; les incertitudes quant à l’origine de l’or du Chéran l’avaient captivée, et elle en a fait la base du livre. Ce choix me convenait très bien, puisque j’avais moi-même exercé plusieurs années à Chambéry, notamment au moment des Jeux Olympiques d’Albertville.
Bepolar : On y suit un flic de la BRI et une scientifique. Comment pourriez-vous nous les présenter ? Qui sont ces deux personnages ?
François Agusta : Françoise s’est emparée du personnage d’Hélène, et y a rentré beaucoup d’elle-même. Lartéguy est plutôt la synthèse idéalisée de plusieurs policiers que j’ai rencontrés dans ma vie. En tout cas, ces deux personnages sont à la fois différents et complémentaires. Leur rencontre est due au hasard, mais ils sont projetés dans une aventure dramatique où chacun a besoin de l’autre pour avancer. Le flic ne connaît rien à la géologie, qui est pourtant le fond du problème ; et la scientifique peut dénouer les fils, mais elle n’a pas l’expérience de l’action et de l’initiative. C’est seulement ensemble qu’ils pourront parvenir à la solution.
Bepolar : Vous êtes un ancien flic, Françoise Allignol était géologue. Comment vos métiers ont-ils influencé l’écriture de ce roman ? Est-ce que c’est difficile de faire la part entre ses souvenirs et réflexes professionnels et la fiction ?
François Agusta : En ce qui me concerne, la fiction s’appuie toujours sur la réalité, mais elle la dépasse rapidement. Un roman est fait pour faire rêver, pour exciter l’imagination, alors que la réalité policière se trouve très strictement balisée et encadrée. En écrivant une fiction, j’ai envie d’aller au-delà de la réalité, et de faire agir mes personnages de manière plus spontanée et plus directe... plus "héroïque", dirais-je ! Après avoir lu le manuscrit initial, l’éditeur de MINERAL m’a d’ailleurs suggéré quelques aménagements. Et au final, je pense que, sur le plan policier, rien n’est inconcevable dans le récit, mais plusieurs choses ne sont pas orthodoxes et ont très peu de chances de se produire réellement !
Bepolar : Quels sont vos projets ? Est-ce que vous avez un autre polar en route ?
François Agusta : J’ai d’autres projets, oui. Peut-être un autre polar, mais qui n’aurait rien à voir avec MINERAL, l’ambiance serait beaucoup plus sombre et tragique. Et surtout un roman historique faisant revivre une femme qui, au 17ème siècle, devint abbesse à 12 ans, et dont l’existence aurait pu inspirer un roman à Alexandre Dumas !