
- Auteur : Johana Gustawsson
- Genre : Policier / Thriller
- Editeur : Calmann-Lévy
- Date de sortie : 8 janvier 2025
- ISBN : 270218863X
- EAN : 9782702188637

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Résumé :
Vêtu d’une aube blanche et coiffé de bougies, un adolescent est retrouvé le crâne fracassé sur l’île de Lidingo, qui fait face à Stockholm. Or vingt-trois ans plus tôt, une jeune fille a été découverte assassinée elle aussi, au même endroit, dans le même costume traditionnellement destiné à fêter la Sainte-Lucie. À l’époque, le petit ami de la victime avait été condamné pour ce meurtre qu’il a toujours nié.
Était-il innocent ? Le véritable coupable aurait-il frappé à nouveau ?
Mais pourquoi maintenant ?
Le commissaire Aleksander Storm, avec l’aide inattendue de la policière française Maïa Rehn récemment installée en Suède, va obstinément tenter de démêler les fils de cette énigme. Et mettre au jour un secret enfoui depuis si longtemps qu’il a fait bien des ravages...
Aude Bouquine 25 février 2025
Les morsures du silence - Johana Gustawsson
Le thriller est un genre littéraire qui me sied désormais seulement s’il sert de toile de fond pour examiner des questions sociétales profondes. Chez une femme, et peut-être à tort, j’attends également un engagement pour la cause des femmes et une dénonciation de ce que le monde leur fait subir. Selon ces critères, « Les Morsures du Silence » excelle au croisement des douleurs, des zones d’ombres et des défaillances humaines.
Magicienne du thriller à double temporalité, mais pas seulement, Johana Gustawsson propose ici une plongée en apnée dans les méandres obscurs de l’âme humaine, dans les traumatismes invisibles qui laissent des empreintes indélébiles. Dotée d’une plume incisive, mais également sensible, délicate et subtile, l’écrivaine explore des thèmes universels, comme la culpabilité, le deuil, le poids des secrets, et les non-dits qui gangrènent les liens familiaux.
Ainsi, les personnages ne peuvent pas être de simples figures d’écriture. Ils doivent être incarnés, habités de failles, de colères sourdes et d’espoirs vacillants. Et c’est le cas dans « Les Morsures du Silence ». Chacun porte en lui un fragment d’une douleur partagée, celle du deuil, de la honte, ou du regret. Ils évoluent dans un univers réglementé par des apparences et des normes, mais constamment fracturé par l’irruption de l’imprévisible. Ce que j’ai aimé, c’est la profondeur de leur humanité. Que ce soit par leurs luttes intérieures ou leurs interactions avec autrui, chaque personnage dévoile une part de sa vérité, souvent douloureuse, parfois lumineuse. Johana Gustawsson démontre avec une justesse déconcertante à quel point les événements les plus traumatiques peuvent transformer les individus et leurs relations.
De même, le silence, héros invisible, mais omniprésent, vocifère à toutes les pages, avec une douceur troublante. À la fois rempart des personnages contre le chaos et creuset dans lequel bouillonne leur douleur, il agit comme un miroir cruel, révélant ce que chacun tente d’enterrer, tout en les emprisonnant dans leurs propres non-dits. Les secrets, ces silences imposés ou choisis, s’étendent comme des ombres, influençant les gestes et les choix. Dans « Les Morsures du Silence », la tension narrative naît de ce qui n’est pas dit, de ces absences de mots qui pèsent parfois plus lourd que les paroles. À quoi renonce-t-on lorsque l’on choisit de se taire ? Et surtout, que reste-t-il à sauver quand les silences se brisent ?
Au-delà de l’intime, « Les Morsures du Silence » interroge également les structures sociales qui nous entourent. L’autrice décortique les dynamiques de pouvoir, les pressions exercées par les attentes sociales, et les failles du système, judiciaires notamment, qui laissent certains individus isolés et vulnérables. Le roman pose une question troublante : que fait une société de ses victimes et de ses bourreaux, et comment ces rôles se confondent-ils parfois ?
J’ai été particulièrement interpellée par les différences d’approches et de traitements sur la question du viol entre le système judiciaire français et suédois. J’ai donc procédé à quelques recherches.
Les principales oppositions entre le système français et le suédois résident dans deux points majeurs qui s’entrelacent. Le premier : la caractérisation du viol. Le second : la preuve. Ainsi, en Suède, le consentement est au centre du débat à la suite d’une réforme de la loi en 2018. Il incombe à l’accusé, et non a la victime (ce qui est le cas en France) d’apporter la preuve du consentement. Il me semble que cela change tout. En partant du principe suédois que « seul un oui est un oui », la victime qui a subi un traumatisme bien suffisant, « se délivre » de devoir prouver la véracité de ses dires.
Ces clarifications étant faites, elles changent évidemment les peines encourues. Dans ce cas précis, je veux principalement m’intéresser au cas suédois, puisque le système légal a encore affiné son droit. Depuis le changement de la loi, la Suède a également introduit les notions de « viol par négligence » et « abus sexuel par négligence ». Cela concerne les cas où l’auteur des faits n’avait pas l’intention de commettre le viol (mais a procédé quand même…).
De la somme de toutes ces mesures en découle une augmentation des condamnations. (hausse de 75 % entre 2017 et 2019)
Le gouvernement suédois semble très attaché à appréhender le problème dans sa globalité et ses nuances. Les femmes doivent être libérées d’un poids énorme concernant le parcours judiciaire tant craint. Ainsi, il n’y a pas de fatalité : il est toujours possible de changer la loi et de renverser les forces en présence en demandant aux agresseurs de prouver leurs dires et en laissant les victimes exemptées de cette charge. Qu’on en prenne de la graine !
En écrivant « Les Morsures du Silence », une fiction, Johana Gustawsson s’investit moralement et fait prendre conscience des différences de traitement entre deux pays. Merci d’avoir éveillé les esprits sur les différences et stimulé la réflexion en mettant l’accent sur une autre manière de faire.
Cela étant éclairci, je me dois de parler de l’écriture de Johana Gustawsson comme expérience sensorielle. Elle parvient à envelopper le lecteur dans une atmosphère éminemment palpable, du froid nordique au grincement d’une porte, des cris stridents au poids étouffant du silence. Cette maîtrise du langage sensoriel renforce l’immersion et amplifie la puissance émotionnelle du récit. La manière dont elle traite des thématiques douloureuses, grâce à une écriture à la fois tendre, mais percutante, démontre que des messages forts peuvent être passés dans utiliser des effets de manche ou des scènes à la violence disproportionnée. C’est aussi dans les moments de profonde introspection que l’écrivaine brille en captant avec délicatesse les émotions de ses personnages. Les dialogues, naturels et sincères, renforcent cette impression d’intimité entre le lecteur et les protagonistes. On aime ses personnages intensément.
Un bon thriller sert avant tout à explorer l’âme humaine dans ses recoins les plus sombres, là où le non-dit, les pulsions et les contradictions s’expriment pleinement. Il capte notre attention, nous transporte dans un univers où toutes les émotions deviennent palpables. Mais sa véritable force réside dans sa capacité à nous confronter à nos propres zones d’ombre, à nos failles, tout en nous offrant peut-être la possibilité d’une catharsis.
« Les Morsures du Silence » nous pousse à regarder nos propres silences, à analyser nos sociétés, à mettre en lumière nos axes d’améliorations potentiels. À tendre la main vers l’autre aussi, en montrant ce qu’il subit et à quoi il est confronté. Johana Gustawsson a un don certain pour générer la compassion. Ses morsures sont aussi des caresses. Elle sait si bien être à la fois le venin et l’antidote…
Aude Bouquine 25 février 2025
Les morsures du silence - Johana Gustawsson
Le thriller est un genre littéraire qui me sied désormais seulement s’il sert de toile de fond pour examiner des questions sociétales profondes. Chez une femme, et peut-être à tort, j’attends également un engagement pour la cause des femmes et une dénonciation de ce que le monde leur fait subir. Selon ces critères, « Les Morsures du Silence » excelle au croisement des douleurs, des zones d’ombres et des défaillances humaines.
Magicienne du thriller à double temporalité, mais pas seulement, Johana Gustawsson propose ici une plongée en apnée dans les méandres obscurs de l’âme humaine, dans les traumatismes invisibles qui laissent des empreintes indélébiles. Dotée d’une plume incisive, mais également sensible, délicate et subtile, l’écrivaine explore des thèmes universels, comme la culpabilité, le deuil, le poids des secrets, et les non-dits qui gangrènent les liens familiaux.
Ainsi, les personnages ne peuvent pas être de simples figures d’écriture. Ils doivent être incarnés, habités de failles, de colères sourdes et d’espoirs vacillants. Et c’est le cas dans « Les Morsures du Silence ». Chacun porte en lui un fragment d’une douleur partagée, celle du deuil, de la honte, ou du regret. Ils évoluent dans un univers réglementé par des apparences et des normes, mais constamment fracturé par l’irruption de l’imprévisible. Ce que j’ai aimé, c’est la profondeur de leur humanité. Que ce soit par leurs luttes intérieures ou leurs interactions avec autrui, chaque personnage dévoile une part de sa vérité, souvent douloureuse, parfois lumineuse. Johana Gustawsson démontre avec une justesse déconcertante à quel point les événements les plus traumatiques peuvent transformer les individus et leurs relations.
De même, le silence, héros invisible, mais omniprésent, vocifère à toutes les pages, avec une douceur troublante. À la fois rempart des personnages contre le chaos et creuset dans lequel bouillonne leur douleur, il agit comme un miroir cruel, révélant ce que chacun tente d’enterrer, tout en les emprisonnant dans leurs propres non-dits. Les secrets, ces silences imposés ou choisis, s’étendent comme des ombres, influençant les gestes et les choix. Dans « Les Morsures du Silence », la tension narrative naît de ce qui n’est pas dit, de ces absences de mots qui pèsent parfois plus lourd que les paroles. À quoi renonce-t-on lorsque l’on choisit de se taire ? Et surtout, que reste-t-il à sauver quand les silences se brisent ?
Au-delà de l’intime, « Les Morsures du Silence » interroge également les structures sociales qui nous entourent. L’autrice décortique les dynamiques de pouvoir, les pressions exercées par les attentes sociales, et les failles du système, judiciaires notamment, qui laissent certains individus isolés et vulnérables. le roman pose une question troublante : que fait une société de ses victimes et de ses bourreaux, et comment ces rôles se confondent-ils parfois ?
J’ai été particulièrement interpellée par les différences d’approches et de traitements sur la question du viol entre le système judiciaire français et suédois. J’ai donc procédé à quelques recherches.
Les principales oppositions entre le système français et le suédois résident dans deux points majeurs qui s’entrelacent. le premier : la caractérisation du viol. le second : la preuve. Ainsi, en Suède, le consentement est au centre du débat à la suite d’une réforme de la loi en 2018. Il incombe à l’accusé, et non a la victime (ce qui est le cas en France) d’apporter la preuve du consentement. Il me semble que cela change tout. En partant du principe suédois que « seul un oui est un oui », la victime qui a subi un traumatisme bien suffisant, « se délivre » de devoir prouver la véracité de ses dires.
Ces clarifications étant faites, elles changent évidemment les peines encourues. Dans ce cas précis, je veux principalement m’intéresser au cas suédois, puisque le système légal a encore affiné son droit. Depuis le changement de la loi, la Suède a également introduit les notions de « viol par négligence » et « abus sexuel par négligence ». Cela concerne les cas où l’auteur des faits n’avait pas l’intention de commettre le viol (mais a procédé quand même…).
De la somme de toutes ces mesures en découle une augmentation des condamnations. (hausse de 75 % entre 2017 et 2019)
Le gouvernement suédois semble très attaché à appréhender le problème dans sa globalité et ses nuances. Les femmes doivent être libérées d’un poids énorme concernant le parcours judiciaire tant craint. Ainsi, il n’y a pas de fatalité : il est toujours possible de changer la loi et de renverser les forces en présence en demandant aux agresseurs de prouver leurs dires et en laissant les victimes exemptées de cette charge. Qu’on en prenne de la graine !
En écrivant « Les Morsures du Silence », une fiction, Johana Gustawsson s’investit moralement et fait prendre conscience des différences de traitement entre deux pays. Merci d’avoir éveillé les esprits sur les différences et stimulé la réflexion en mettant l’accent sur une autre manière de faire.
Cela étant éclairci, je me dois de parler de l’écriture de Johana Gustawsson comme expérience sensorielle. Elle parvient à envelopper le lecteur dans une atmosphère éminemment palpable, du froid nordique au grincement d’une porte, des cris stridents au poids étouffant du silence. Cette maîtrise du langage sensoriel renforce l’immersion et amplifie la puissance émotionnelle du récit. La manière dont elle traite des thématiques douloureuses, grâce à une écriture à la fois tendre, mais percutante, démontre que des messages forts peuvent être passés dans utiliser des effets de manche ou des scènes à la violence disproportionnée. C’est aussi dans les moments de profonde introspection que l’écrivaine brille en captant avec délicatesse les émotions de ses personnages. Les dialogues, naturels et sincères, renforcent cette impression d’intimité entre le lecteur et les protagonistes. On aime ses personnages intensément.
Un bon thriller sert avant tout à explorer l’âme humaine dans ses recoins les plus sombres, là où le non-dit, les pulsions et les contradictions s’expriment pleinement. Il capte notre attention, nous transporte dans un univers où toutes les émotions deviennent palpables. Mais sa véritable force réside dans sa capacité à nous confronter à nos propres zones d’ombre, à nos failles, tout en nous offrant peut-être la possibilité d’une catharsis.
« Les Morsures du Silence » nous pousse à regarder nos propres silences, à analyser nos sociétés, à mettre en lumière nos axes d’améliorations potentiels. À tendre la main vers l’autre aussi, en montrant ce qu’il subit et à quoi il est confronté. Johana Gustawsson a un don certain pour générer la compassion. Ses morsures sont aussi des caresses. Elle sait si bien être à la fois le venin et l’antidote…
lecturesdudimanche 24 février 2025
Les morsures du silence - Johana Gustawsson
Sur l’île de Lidingö, le corps d’un jeune homme est découvert, vêtu d’une tenue traditionnelle destinée à célébrer la Sainte-Lucie. Il a le crâne fracassé. Pour la police, la découverte fait tristement écho à un autre meurtre, vieux de plus de vingt ans, où une jeune fille avait été assassinée dans les mêmes circonstances. Son meurtrier avait pourtant été condamné.
Pour Aleksander Storm commence un délicat travail d’enquête, d’autant que les événements s’enchaînent douloureusement. Mais Aleksander pourra compter sur le soutien et l’expérience de Maïa Rehn dans son enquête. Elle est policière, elle aussi, mais en France. Pour l’heure, elle se remet de la tragédie qui lui a ravi sa fille et tente de se reconstruire sur la petite île Suédoise dont est originaire son mari.
Fracassée par la vie, Maïa est toutefois contrainte d’avancer, de faire un deuil impossible. Lorsqu’elle se jette dans cette enquête, elle comprend pourtant que ses réflexes de flic ne l’ont pas quittée. Mieux encore, son instinct est toujours aussi aiguisé. Et quand bien même les faits racontent une histoire, pas de doutes pour elle : « quelque chose n’est pas à sa place »…
On sait le talent de l’auteur pour nous immerger dans cette Suède, si différente de ce que l’on connaît. Quoi de mieux que le personnage d’une Française pour souligner ces singularités ? Mais surtout, là où l’auteure excelle, c’est lorsqu’elle nous présente des personnages qui sont d’une authentique humanité, avec des peurs, des failles, des bêtes secrètes tapies au fond de leurs entrailles. En lisant certains passages, certaines pensées intimes des personnages, j’ai ressenti une telle intensité émotionnelle et une telle justesse dans la description des traumatismes que je n’ai pu m’empêcher d’imaginer que l’auteur puise ses mots dans une expérience de compréhension profonde et empathique de ces souffrances… La plume, à la fois délicate et percutante, capte avec une précision qui m’a énormément troublée la complexité des émotions humaines face à des épreuves indicibles. Cette lecture a remué des vérités douloureuses, mais elle m’a aussi apporté une lueur d’espoir : celle de voir que, quelque part (en Suède), ces crimes sont enfin abordés avec la gravité et l’attention qu’ils méritent. C’est un récit qui bouscule autant qu’il éclaire, et qui nous montre le début d’une voie, dans laquelle non signifie non. Ce récit met aussi en évidence, avec une finesse bouleversante, comment un acte furtif et violent peut laisser des cicatrices dissimulées qui marquent une vie entière. Il dévoile un morceau de la lutte silencieuse pour se reconstruire, la peur omniprésente, ces comportements inattendus, parfois incompris de l’entourage, qui peinent à saisir l’origine de ces failles invisibles, et cette sensation tenace de ne plus jamais être tout à fait la même. Un récit qui donne à voir l’indicible, tout en portant la parole de celles et ceux qui tentent de retrouver leur propre lumière, quel que soit le chemin choisi.
Certes, l’enquête est passionnante, l’aspect géographique hautement intéressant, mais de ce livre, je retiens une vague d’émotions qui m’a traversée d’un bout à l’autre de la lecture. Un chemin difficile, mais que l’on traverse avec la reconnaissance de se dire que certains se battent, enfin, pour faire entendre nos voix de femmes.
Et si vous souhaitez entendre l’auteure nous parler de son livre dans « LaBoîte » de Frédéric Ernotte, c’est par ici…
spitfire89 19 février 2025
Les morsures du silence - Johana Gustawsson
Les morsures du silence nouveau thriller de Johana Gustawsson, une enquête en apparence classique mais avec des thèmes d’actualités. Personnages charismatiques et attachants, un duo entre le commissaire Aleksander Storm et Maïa Rehn une policière française. Du dépaysement, du frisson, du suspense et de la tension.
On retrouve de la profondeur psychologique, de l’empathie et de la sensibilisé. Une intrigue entre obscurité et étincelle de lumière, le ton est fluide et juste, addictive et prenante.
"Je n’ai pas le sommeil de plomb de ma femme. Je ne ronfle pas non plus comme elle, et le moindre bruit me dérange."
"Il y autant de nous dans tes soupirs, Que de toi et ta lumière dans mes silences."