BePolar : Comment est née l’histoire de ce roman ?
Cyril Carrere : Tout est parti d’une histoire que j’avais en tête et qui correspond à la fin du roman. J’en avais une vision claire et précise, il ne manquait que le contexte, qui s’est greffé à l’ensemble après quelques mois de recherches sur deux sujets bien particuliers.
(que je ne peux pas dévoiler, pour ceux qui n’ont pas lu Grand Froid). À partir de là, j’ai imaginé l’intrigue se déroule dans le présent (en 2014), en insérant l’élément déclencheur de cette "course pour la vérité" dès les premiers chapitres.
BePolar : Comment est-ce que vous pourriez nous présenter votre héros Lucas ?
Cyril Carrere : Lucas est un personnage profondément humain qui mène une vie simple, entre son boulot de médecin urgentiste au CHU de Nantes et les sorties entre amis, les voyages...
C’est un trentenaire célibataire très proche de sa mère. Cette dernière, avocate, l’a élevé seule. Ils ont pour habitude de manger ensemble régulièrement.
Au début de Grand Froid, les circonstances vont faire qu’il regrettera de ne pas avoir pu la voir une dernière fois...
La saison a joué un grand rôle tout au long de celle de Grand Froid.
BePolar : Votre roman se déroule à l’automne, au moment où les températures baissent. Comment la saison a joué dans l’écriture ?
Cyril Carrere : C’est vrai que l’atmosphère, l’ambiance est un élément très important lorsqu’on se lance dans la rédaction d’un livre. La saison a joué un grand rôle tout au long de celle de Grand Froid.
Le concours VSD a eu lieu à l’automne, ce qui m’a permis de me mettre en situation assez facilement. J’ai tenté de conserver ce "thème" du froid tout au long de l’intrigue, qu’il soit physique (au travers des lieux décrits) ou psychologique (il traduit très bien les sentiments qui envahissent Lucas lorsque sa mère disparaît, ainsi que la vérité qui se dévoilera à lui, petit à petit). Enfin, Grand Froid a une autre signification que je vous laisse découvrir.
BePolar : Comment avez-vous construit votre intrigue ?
Cyril Carrere : Elle s’est construite à l’envers pour ma part.
J’avais la fin en tête, il a donc fallu remonter le fil de l’histoire, en s’appuyant sur les repères que j’avais placés au début, au milieu et aux 3/4 du livre et qui correspondent à des révélations importantes pour Lucas.
J’ai également pensé à ce double développement où l’on suit Lucas d’un côté, le commissaire Mandé de l’autre, sur des volets complémentaires, nécessaires à la résolution de l’intrigue.
BePolar : Il a été écrit dans le cadre du concours Fyctia avec un chapitre par jour, est-ce que vous l’avez retravailler ensuite ? Comment ce mode d’écriture change votre manière de travailler ?
Cyril Carrere : Le concours VSD-RTL s’est déroulé sur la plateforme Fyctia, que je connaissais pour avoir participé à un autre concours (dont est issu mon autre thriller, "Le Glas de l’Innocence"). Le rythme était soutenu, il y avait de très bons auteurs et de très bonnes histoires, ce qui m’a poussé à écrire de manière intensive. Sur les trois mois de la phase d’écriture, j’ai écrit et publié 40 chapitres. J’en avais une dizaine de plus en "réserve".
Grand Froid s’est classé 1er (votes du public) ce qui m’a qualifié pour la finale en compagnie de 7 autres participants.
Nous avons eu 3 semaines supplémentaires pour boucler le manuscrit, durant lesquelles j’ai cravaché pour aboutir à la version finale, qui dépasse les 70 chapitres et qui est très différente de celle que l’on peut lire en ligne sur Fyctia.
C’est un point important : les chapitres que l’on publie sur Fyctia sont de véritables "drafts" (pour ma part en tout cas). Ils sont écrits rapidement, le but étant de profiter cet élan pour développer son histoire. Mais en aucun cas ça ne peut constituer un manuscrit final. Je pense que certains participants l’ont oublié et se sont mis un peu trop de pression ;).
Le concours a été un élément moteur qui m’a permis de boucler un manuscrit en 4 mois. Après le concours, je l’ai retravaillé, peaufiné et soumis à plusieurs maisons d’édition. J’ai eu la chance d’avoir le choix, et me suis tourné vers une jeune ME, les éditions Nouvelle Bibliothèque, dont le projet et le côté humain me permettent aujourd’hui de m’épanouir. Leur retour de lecture m’a permis d’apporter les dernières modifications au manuscrit qui est aujourd’hui édité.
J’ai débuté l’écriture de mon troisième roman, un thriller sur fond d’arnaque financière
BePolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Cyril Carrere : J’ai débuté l’écriture de mon troisième roman, un thriller sur fond d’arnaque financière, très sombre et s’appuyant sur des personnages forts. Je me donne un an pour sa rédaction.
En parallèle, je continue les recherches et compile les informations dont j’ai besoin pour les prochains romans.
L’un reprendra certains personnages du Glas de l’innocence et se déroulera au Japon : je profite d’y vivre pour faire ces recherches "en direct", c’est une phase que j’adore !
L’autre mettra en scène Loïc Mandé pour une intrigue qui est assez attendue par ceux qui ont découvert Grand Froid. J’ai hâte !
Encore Un Livre 16 juillet 2019
L’interrogatoire polar de Cyril Carrere
Lu en moins de temps qu’il n’en faut l’histoire s’est très vite imposée dans l’introspection, la douleur et l’empathie, grâce à l’écriture et à la volonté de l’auteur de vouloir et surtout savoir brosser le portrait de Lucas médecin urgentiste, un jeune homme confronté à la perte de l’être le plus cher de sa vie : sa maman, qui aura voué sa vie à sa carrière d’avocate, et à Lucas. L’amour filial les liant est évident, la perte de repère pour Lucas, sa douleur, ses émotions sont certes universelles, mais Cyril Carrere a mis un point d’honneur à les développer dans une intrigue dynamique pleine de mystères…
GRAND FROID évocateur de sensation, frisson, tempérament, température aussi, est un thriller à suspens, mais pas que.
On rentre dans le vif du sujet, le suspens s’installe, l’auteur ne s’englue pas dans les larmoiements, de toute façon Lucas n’a pas le temps ! Certaines rencontres n’arrivant jamais par hasard, ses sens en alerte, les évènements s’enchaînent, sans toutefois être dans l’abondance de ce que je citais au-dessus ! Jusque-là, c’était un schéma classique, propre au suspens qui maintenait mon intérêt, je n’avais pas anticipé ce qui allait suivre, le propos amené intelligemment dans le pur divertissement donne une autre dimension à l’histoire. La direction insoupçonnée (que je veux absolument préserver dans ce retour) dévoile un contexte original Cyril Carrere m’a dupée ah ah ! Et j’avoue que c’est plutôt plaisant de se faire surprendre lorsqu’on ne lit que du thriller.
Autre point non-négligeable et primordial à mon sens : la plume ! Souvent relayée au second plan au péril du style et de l’écriture car l’intrigue doit aller vite, dans le page-turner. Et bien, GRAND FROID est un page-turner dans le bon sens du terme et la plume est simple, belle, pudique et surtout au service de l’histoire sans tomber dans les clichés à outrance.
Je sais l’auteur à l’écoute et travailleur, il possède beaucoup d’atouts pour parfaire ses prochaines intrigues, il y placera la densité qu’il faut sans alourdir l’histoire ni atténuer l’intérêt des lecteurs, il a de la ressource. 😉
J’ai pris un grand plaisir à lire GRAND FROID, à faire la connaissance de Lucas et de ceux qui l’ont accompagné dans sa quête de vérité. Évidemment, ce sont ces nombreux points positifs, ces mélanges qui m’ont convaincue, je n’ai pas lâché ce bouquin, lu en une soirée tant il est bien amené ! J’ai aussi envie de vous dire que GRAND FROID n’est pas que tout ce que je viens de citer, il y a matière à développer certains points, un sujet « sérieux » que l’auteur a pris soin d’appuyer avec quelques recherches au fil de l’intrigue, mais vous découvrirez cela lors de votre lecture, si jamais j’ai réussi à vous convaincre…