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L’interrogatoire de Cécile Cabanac

journaliste et réalisatrice pendant plusieurs années pour la télévision, Cécile Cabanac a notamment plongé dans le monde judiciaire le temps de plusieurs documentaires pour l’émission « Faites entrer l’accusé ». Elle signe aujourd’hui son premier polar : Des Poignards dans les sourires...

Bepolar : Comment est née l’idée de votre roman ?
Cécile Cabanac : J’avais envie de raconter l’histoire d’un cataclysme familial à travers une histoire policière. Lorsque François Renon disparaît, sa mère, ses soeurs, son épouse et ses enfants voient leur monde chavirer. Aucun d’eux n’a plus prise sur les éléments, ils assistent impuissants à la déflagration qui va tous les anéantir. Je voulais explorer ce malaise à la loupe.

"L’Auvergne (est) un personnage de l’histoire. "

Bepolar : Pourquoi avoir choisi l’Auvergne comme cadre pour votre histoire ?
Cécile Cabanac : C’est une région à laquelle je suis attachée, j’y ai de la famille. L’Auvergne a des nuances qui se déclinent d’une façon très intéressante car des paysages magnifiques côtoient des endroits un peu mélancoliques. C’est le décor parfait pour un polar. Les policiers sont basés à Clermont-Ferrand. Ce que j’apprécie dans cette grande ville, c’est que l’on peut se retrouver en pleine montagne en vingt minutes de voiture à peine. Peu de villes en France permettent de vivre ces écarts d’ambiance si rapidement.
Tous ceux qui ont lu le roman m’ont dit que L’Auvergne était un personnage de l’histoire. Je suis tout à fait d’accord. Les paysages enneigés apportent également une sensation d’isolement à cet ensemble.

Bepolar : Tous vos personnages sont troubles, et votre victime en premier. Ça
vous semblait aussi important de vous aventurer dans leurs
personnalités complexes que de dérouler l’intrigue pour savoir qui est le coupable ?

Cécile Cabanac : L’enquête des policiers du SRPJ de Clermont Ferrand est complexe du fait de la terrible scène de crime à laquelle ils font face, mais également du fait des témoins déroutants qu’ils sont amenés à rencontrer et interroger. La famille Renon est pleine de secrets et il pèse le poids du déni sur les épaules de chaque membre. Personne ne réagit de façon attendue ou ordinaire et les enquêteurs sont désarçonnés, souvent déconcertés par ces gens qui finissent tous par devenir des suspects potentiels. Est-ce qu’une femme qui ne pleure pas la disparition de son mari est forcément coupable ? Est-ce qu’une mère qui ne ressent pas d‘amour pour ses enfants l’est aussi ? À travers l’histoire policière, je souhaitais m’intéresser à ces réactions socialement attendues qui font souvent le sel des rumeurs qui blessent et parfois tuent.

Photo de Cécile Cabanac par Melania Avanzato.

Bepolar : Pourriez-vous nous présenter votre héroïne, qui de Paris part en
"Province" pour enquêter ? Qui est-elle ? Et pourquoi lui avoir fait
faire ce trajet Paris-L’Auvergne ?

Cécile Cabanac : Virginie Sevran est une femme d’une trentaine d’années qui a fait ses armes au 36 Quai des Orfèvres. C’est une enquêtrice rigoureuse et professionnelle qui vit un moment charnière dans sa vie personnelle. Au moment où débute cette enquête, elle est en pleine instance de divorce. Elle vient de quitter Paris. À la suite de ce qu’elle vit comme un échec, elle décide de démarrer une nouvelle vie en demandant une mutation qu’elle a obtient à Clermont-Ferrand. Ce choix intrigue tout le monde autour d’elle, à commencer pas son équipier Pierre Biolet qui voit le 36 comme un haut lieu de fantasme policier. Sevran est un peu une femme en transit qui pense pouvoir bâtir les solides fondations de sa nouvelle vie dans un SRPJ qu’elle imagine moins prenant que le Quai des Orfèvres. Mais cette enquête va la faire douter sur son choix.

"J’ai souvent pensé au film « Festen  » de Thomas Vinterberg"

Bepolar : Vous avez un huis clos. Comment avez-vous travailler sur ce roman en terme de scénario, d’écriture et de conception ?
Cécile Cabanac : Le huis clos était pour moi la condition pour obtenir cette atmosphère lourde et asphyxiante nécessaire à l’intrigue. J’ai souvent pensé au film « Festen  » de Thomas Vinterberg qui m’avait marquée à sa sortie en 1998. Je l’ai utilisé comme référence pour créer une famille que je voulais profondément toxique. Le travail s’est ensuite organisé autour du premier chapitre. François Renon, la victime, est celui qui unit et désunit à la fois les personnages de cette histoire. Chacun a eu une relation particulière avec lui, sur laquelle il revient. Mais les souvenirs sont subjectifs et leurs récits font douter le lecteur. En tout cas, je l’espère !

Bepolar : Pourquoi avoir choisi ce titre (une citation de Shakespeare) ?
Cécile Cabanac : Cette citation est un souvenir de lecture de mon adolescence. Je me souviens de m’être arrêtée sur cette phrase : « Là où nous sommes, il y a des poignards dans les sourires des hommes  ». Elle parle à la fois de menace et d’hypocrisie. Dans le roman, le fils aîné Maxime a épinglé cette citation dans sa chambre. Lorsqu’est venue l’idée de trouver un titre, il m’a semblé évident de la reprendre, car elle résume parfaitement l’ambiance générale du roman.

Bepolar : Vous avez travaillé comme journaliste télé, est-ce que cette
expérience vous a servi pour écrire ce roman ?

Cécile Cabanac : J’ai en effet été journaliste en télévision et j’ai traité en tant que réalisatrice de documentaires de nombreuses affaires judiciaires. Les faits divers m’ont toujours passionné. Je ne me suis pas inspirée d’une affaire précisément, mais mon expérience m’a été très utile, notamment pour créer les personnages de Sevran et Biolet, mes deux policiers. Lorsque je préparais mes documentaires, je devais me plonger dans les dossiers d’instruction d’affaires jugées. C’était toujours un moment passionnant et j’en ai retiré une idée : Dans le fond, une grande partie des dossiers reposent sur les témoignages. Or, rien n’est moins fiable qu’un témoignage. Les perceptions des faits ou des gens sont très variables. Les policiers sont habitués à faire la part des choses et les preuves matérielles ont un rôle capital à jouer dans la réalité bien sûr. Mais, en tant qu’auteure, j’avais envie d’explorer ces différences de perception et de points de vue très différents d’un personnage à l’autre.

"Claude Chabrol n’avait pas son pareil pour décrire les milieux bourgeois qu’il critiquait avec acidité."

Bepolar : La quatrième de couverture parle d’un roman "chabrolien". Est-ce que c’est un compliment ? Quelque chose que vous aviez en tête en
écrivant ?

Cécile Cabanac : Je dois ce qualificatif à mon éditeur, et j’en suis très flattée. Claude Chabrol n’avait pas son pareil pour décrire les milieux bourgeois qu’il critiquait avec acidité. Dans ses films, les familles y sont souvent « bien sous tout rapport  » en apparence alors que dans les coulisses on découvre les secrets, la jalousie maladive et les coups bas en tous genres. J’avais en tête ce genre d’atmosphère au départ mais je n’imaginais pas une seconde qu’on la qualifierait de chabrolienne à la fin ! Je suis donc très honorée.

Bepolar : Quels sont vos projets ? Avez-vous l’envie d’écrire un autre roman ?
Cécile Cabanac : L’écriture de fiction est devenue une vraie passion. Je suis actuellement en train d’écrire une nouvelle histoire où l’on retrouvera certains des protagonistes auxquels je me suis attachée. J’ai également envie d’explorer d’autres genres ou domaines et pourquoi pas tenter l’expérience du scénario pour le cinéma ou la télévision ?

Bepolar : Quelles sont vos prochaines dédicaces ?
Cécile Cabanac : Je serai au Printemps de Montaigu le week-end du 5 avril, et j’ai une dédicace prévue à Bayonne le 4 mai prochain. Je prendrai soin d’informer mes lecteurs des prochaines dates sur ma page Facebook !

Galerie photos

  • Encore Un Livre 21 avril 2019
    L’interrogatoire de Cécile Cabanac

    Encore une fois, j’ai eu raison de me fier à mon fidèle instinct, j’ai complètement été absorbée par ce premier polar « chabrolien » de Cécile CABANAC, parce que c’est noir, dramatique et ancré dans une région d’apparence tranquille, mais aux paysages parfois inquiétants.
    L’Auvergne, cette région atmosphérique loin des turbulences du 36, quai des Orfèvres et pourtant non dénuée de ses tourments fait souvent frémir plus d’un lecteur. La plume est au service de l’atmosphère qui possède certainement sa part d’influence dans mon état d’esprit lors de ma lecture.
    Les secrets de famille sont un poids énorme pour celles qui les portent.
    Les amateurs de polars ne cessent de le répéter, « ce qu’il nous faut c’est un mort » pour reprendre un titre célèbre ! Et à quelle mort on assiste dès les premières pages ! François Renon n’est plus « Le corps sans vie de Francois Renon gît au milieu de ce qui fut sa cuisine ».
    Dans la famille de François Renon, vous trouverez beaucoup de femmes. Elles sont les principales actrices de sa vie, et peut-être même de sa mort.
    On est au cœur d’une nébuleuse histoire affaire de famille, on découvre progressivement quel homme a été François Renon à travers ces femmes toutes plus suspectes les unes que les autres.
    Catherine sa femme, son comportement, ses attitudes ; ses sœurs où le lien fraternel a été rompu par le culte disproportionné de leur mère à l’égard de leur frère.
    Parallèlement, un tronc amputé de ses membres et de sa tête est retrouvé carbonisé au Col des Goules. On est en 2000, les moyens manquent et les techniques d’investigations prennent leur temps, le flair des enquêteurs est requis. L’identification est longue, en attendant Cécile Cabanac brosse différents portraits de femmes étranges, les suspicions vont bon train, jusque dans la date de la mort de François Renon… J’ai souri.
    Il est évident que ce polar maîtrisé, adopte un parti clairement assumé de laisser reposer l’intrigue sur « qui et pourquoi ? » Chaque jour, j’avais hâte de savoir ce que la famille Renon me réservait. Quelles révélations, quelles humiliations, quels secrets remonteraient à la surface ? Devant quels sentiments de contradiction allais-je me trouver ? Le coupable d’hier est l’innocent de demain…
    J’ai pris beaucoup de plaisir à lire Des poignards et des sourires premier polar de Cécile Cabanac, beaucoup d’ingrédients que je recherche et que j’estime être l’essence même d’un bon polar sont réunis. De journaliste à romancière, il n’y avait qu’un pas, elle l’a franchi avec une écriture soignée et incisive quand il le faut. Elle nous offre une enquête précise, dans une ambiance lourde, parfois macabre, si proche du réel. Je vous recommande ce polar sombre sous bien des aspects.

  • Livresse du Noir 21 mars 2019
    L’interrogatoire de Cécile Cabanac

    Une très belle surprise que je n’attendais pas.

    François Renon disparaît, son épouse ne semble pas trop s’en émouvoir et ne signale même pas sa disparition à la gendarmerie. Au contraire, elle réorganise sa vie, se sent bien, toute joyeuse, elle a même un regain de vitalité. Un cadavre est retrouvé col des Goules, un corps sans tête, démembré et partiellement brulé. Les policiers du SRPJ de Clermont tentent d’identifier le cadavre et mènent l’enquête pour trouver le meurtrier. La tâche s’annonce bien difficile pour la jeune capitaine Virginie Sevran qui débarque dans la région, tout juste mutée du 36 quai des orfèvres, c’est sa première enquête.

    Vous prenez un film de Chabrol, vous y ajoutez une pincée d’Agatha Christie, vous mélangez à une tragédie de Shakespeare et vous obtenez "Des poignards dans les sourires". Un titre emprunté d’un vers de Macbeth "Là où nous sommes, il y a des poignards dans les sourires des hommes, proches du sang, plus sanglant".

    Un polar classique ’à l’ancienne’, intelligent et maîtrisé de A à Z. Une solide intrigue et une enquête minutieusement menée. Ah que ça fait du bien !!Un polar rural et provincial dans l’ambiance de la France profonde aux alentours de Clermont-Ferrant. 

    Un portrait noir et acide d’une famille de la petite bourgeoisie locale entre faux-semblants, rumeurs, non-dits et secrets.Les policiers du SRPJ vont de surprise en surprise en découvrant les Renon, une famille complètement dysfonctionnelle qui accumule les cadavres dans le placard depuis bien longtemps. Comment découvrir l’assassin quand on manque d’indice et que chacun devient un suspect potentiel avec une bonne raison d’avoir commis le meurtre. Nous assistons à l’éclatement et à la lente descente aux enfers de cette famille bien sous tous rapports, bouleversée par la mort d’un des siens.Une histoire qui donne le premier rôle à des femmes au caractère bien trempé, avec une magnifique galerie de personnages d’une belle épaisseur. Complexes, ambigus, attachants, souvent repoussants et antipathiques mais très convaincants.

    L’auteure est journaliste, est-ce pour cette raison que sa plume est si limpide, ses dialogues efficaces et qu’elle ne se détache jamais de l’image, comme si elle écrivait les scènes qu’elle voit devant elle.J’ai pris grand plaisir à découvrir cet excellent premier roman, Cécile Cabanac est une auteure à suivre. J’espère qu’on retrouvera Virginie Sevran dans une prochaine enquête.

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