Il semble que Netflix ait décidé d’investir dans le huis clos étouffant. Après le claustrophobique Oxygène où une jeune femme se trouvait coincée dans l’habitacle d’une capsule cryogénique, la plateforme décline une nouvelle modalité de l’enfermement sous la forme d’un cauchemar kafkaïen, qui rappelle aussi le film néerlandais The Human Centipede.

Deux inconnus se réveillent nus dans une chambre, cousus l’un à l’autre par un sortilège inconnu, relevant aussi du châtiment tragique. Condamnés à ne pas pouvoir bouger, ils essaient de recomposer l’itinéraire qui les a menés jusqu’à cette situation infernale. L’argument du récit rendant les personnages visuellement statiques ou très entravés dans leur mouvement, il s’agit de rapidement mobiliser l’attention du spectateur par des arguments narratifs qui reposeront sur les paroles des deux protagonistes, à la fois unis dans le même malheur et adversaires sur l’interprétation des faits : ainsi, la femme soupçonne son compagnon d’infortune de l’avoir droguée et violée, l’homme lui oppose un déni formel. Mais les désaccords s’estompent, parce que l’urgence des héros est d’abord vitale.

A l’aune de son dispositif diégétique -une femme nue, enchaînée à un homme qu’elle ne connaît pas et qu’elle soupçonne de maltraitance- Dos s’offre à bien des lectures symboliques post #MeToo. Mais ce qu’on voit aussi, c’est une héroïne éplorée, affolée, que tentent de réconforter des bras protecteurs et des paroles apaisantes, ou des lamentations féminines auxquelles s’oppose une colère masculine, verbalement soulignée.

En ce qui concerne l’histoire, l’exploration d’un lieu inconnu parsemé d’indices, façon escape game, est l’argument scénaristique majeur de cette œuvre qui se veut étrange, mais finit par s’essouffler, abusant de ressorts psychologiques attendus et de vieilles ficelles propres aux thrillers horrifiques conventionnels. Mais on mettra au crédit du long métrage sa fin poétique, dans la neige et le sang.