- Acteur : Claude Brasseur
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Claude Brasseur nous a quitté le 22 décembre dernier. Acteur immense, il avait joué dans plus de trente-cinq pièces et 110 films, accompagnant ainsi nos vies pendant plusieurs décennies. Pour lui rendre hommage et se souvenir, nous avons sélectionné trois polars incontournables où il excelle, entre autre chez Godard et Breillat.
Les plus jeunes se souviendront surtout de Claude Brasseur pour ses rôles les plus populaires : en papa de Sophie Marceau dans "La Boum" (Pinoteau, 1980) – dont il sera l’amant dans "Descente aux Enfers" de Francis Girod six ans plus tard –, ou encore en Jacky dans "Camping" (Onteniente, 2006). D’autres retiendront plutôt sa carrière, parfois flamboyante, de pilote automobile ou ses victoires en bobsleigh. Ce serait oublier pourtant que très tôt, déjà, l’acteur dissimulait par-dessous sa bonhomie rocailleuse et sa voix caverneuse un jeu des plus subtils, un style de caméléon et de touche-à-tout de génie. Dès 1965, en Sganarelle dans "Don Juan ou Le Festin de Pierre" (Marcel Bluwal, 1965), sa finesse éclate aux côtés de Piccoli. Seulement, même avec 110 films au compteur, rares seront les metteurs en scène à lui offrir un rôle à sa mesure.
Bande à part, de Jean-Luc Godard, 1964
Dans le giron policier, ou disons de film à suspense, Jean-Luc Godard sera l’un des premiers à révéler tout le potentiel de Claude Brasseur. Ce fut dans "Bande à part" en 1964. Adulé par Quentin Tarantino, qui a nommé sa société de production (« A Band Apart ») spécialement pour faire échos au long-métrage, le film est un joyau modeste par sa facture – une série B fauchée en noir et blanc, loin de la débauche Scope de son grand frère "Le Mépris" (1963) – mais néanmoins étincelant par son mélange de légèreté et de gravité. En face de l’illustre Sami Frey, Claude Brasseur ne disparaît pas. Mieux : il brille, tout en entrechats et décontraction. Question de budget serré, ici tout le monde court ou presque. On drague une jeune pour voler une riche. C’est beau et c’est culte. À noter que Brasseur retrouvera Godard une seconde fois en 1985 avec "Détective".
Les Seins de glace, de Georges Lautner, 1974
Dans une veine plus psychologique, proche du thriller, "Les Seins de glace" apparaît comme l’un des grands moments polar de Claude brasseur. Des plus convaincants dans le rôle d’un écrivain succombant à la vénéneuse Peggy (Mireille Darc), Claude Brasseur apporte de l’humour à l’atmosphère poisseuse du long-métrage. Bien moins introspectif que chez Godard, l’acteur cabotine, bouge sans cesse et présage déjà les rôles plus naïfs qui le feront connaître plus tard, et ce avec un parfait équilibre. Avec Darc et Delon en amoureux transi, il dessine un trio infernal. Un Lautner ("Les Tontons Flingueurs", "Les Barbouzes"...) à ne pas sous-estimer.
Sale comme un ange, de Catherine Breillat, 1990
Certes, il aurait pu être question en troisième lieu de "La Guerre des polices" de Robin Davis, film grâce auquel Claude Brasseur remporta rien de moins que le César du meilleur acteur. Mais parce que plus atypique, plus politiquement incorrect et parce que rarement accueilli à sa juste valeur, "Sale comme un ange" s’y substitue. Dans un rôle de flic macho, alcoolique, jaloux et hanté par le désir, l’acteur y trouve l’un de ses rôles les plus équivoques, face à la belle et froide Lio, incendiaire à ses heures. Entre les deux, se joue un duel érotique : d’un côté, lui le policier se dépare à ses dépens des affaires dont il a la charge, échoue à empêcher un assassinat par volupté, de l’autre la jeune femme trouve dans cette relation toxique et charnelle, qu’elle exècre, un moyen de s’affirmer. Un Brasseur pas comme on l’attend et donc hautement recommandé.
Et comme Claude Brasseur et les films policiers, c’est une longue histoire, voici 12 autres de ses polars cultes (au cinéma et à la télévision), triés sur le volet.
Les Ennemis, d’Edouard Molinaro, 1961
Le Mystère de la chambre jaune, de Jean Kerchbron, 1965
Le Chien fou, d’Eddy Matalon, 1966
Du rififi à Paname ; de Denys de La Patellière, 1966
Il faut vivre dangereusement, de Claude Makovski, 1975
La Guerre des polices, de Robin Davis, 1979
Une affaire d’hommes, de Nicolas Ribowski, 1981
Légitime Violence, de Serge Leroy, 1982
La Crime, de Philippe Labro, 1983
Détective, de Jean-Luc Godard, 1985
Fait d’hiver, de Robert Enrico, 1999
Barocco, d’André Téchiné, 2003