- Auteurs : James Patterson, Judith Perrignon, Edouard Philippe, Gilles Boyer, Bill Clinton
On évoquait avec une certaine curiosité à l’occasion de notre article sur les sorties du mois de juin en grand format la parution d’un livre écrit à quatre mains, et pas n’importe lesquelles : La fille du président (JC Lattès) est signé par rien de moins que James Patterson, l’auteur de polars contemporains le plus vendu au monde… et Bill Clinton, l’ancien président américain !
Car oui, en gagnant ses lettres de noblesses et à force de parler de politique (l’un des meilleurs genres pour ça, il faudra vraiment qu’on vous fasse un top à l’occasion...), le polar a attiré… les hommes et femmes politiques eux-mêmes !
Si ces romans sont rarement des chefs-d’œuvre immortels, ils sont néanmoins souvent plaisants à lire et éclairent aussi la façon dont ceux qui ont exercé le pouvoir… voient les jeux de pouvoir !
Petite sélection franco-française qui vous surprendra peut-être ! En attendant par ailleurs un polar co-écrit par Hillary Clinton (ancienne secrétaire d’Etat et candidate malheureuse face à Donald Trump) et l’écrivaine canadienne Louise Penny !
Le plus ancien : L’installation du président Fitz-Mole d’Edgar Faure
Vous aurez bien du mal à trouver un exemplaire de ce livre d’une des figures les plus connues du radical-socialisme (comme son nom ne l’indique pas, plutôt au centre que résolument à gauche), Edgar Faure, ministre et président du conseil sous la IVème République puis président de l’Assemblée Nationale en 1973. Edgar Faure signa plusieurs romans policiers du nom d’Edgar Sanday et de Ed Faure dans les années 40. Intrigues et secrets, disparitions et mystères, cadavres et coups de théâtre « président » à l’intrigue de ce roman.
Le plus régulier – Meurtres à l’Assemblé de Jean-Louis Debré
Fils d’un Premier Ministre fidèle parmi les fidèles à de Gaulle, frère de député, ministre de l’Intérieur, président de l’Assemblée Nationale sous Chirac puis président du prestigieux Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré a été biberonné et a vécu la politique toute sa vie. C’est aussi un authentique amateur de polars, qui a signé 7 romans policiers.
Le résumé
A l’occasion d’importants travaux destinés à moderniser l’hémicycle du Palais Bourbon et ses dépendances, les ouvriers chargés des opérations de terrassement tombent sur des squelettes admirablement bien conservés. Ces morts sont-ils une survivance d’événements tragiques type révolutionnaires, ou bien, plus récents ? Leur présence est-elle d’origine criminelle ?
Le plus inattendu – Dans l’ombre d’Edouard Philippe et Gilles Boyer
Le duo Philippe (ancien maire du Havre, fidèle juppéiste… et premier Ministre de Macron) /Boyer (lui aussi juppéiste) est l’auteur de deux polars ensemble (l’autre s’appelle L’Heure de vérité et narre l’enquête sur la mort mystérieuse d’une étoile politique montante à la veille d’élections) dont ce Dans l’ombre qui nous questionne forcément : est-ce que ces doutes d’un fidèle conseiller sur le candidat qu’il soutient est en partie autobiographique ? Les deux juppéistes évoquent-il en creux l’ancien Premier Ministre et maire de Bordeaux, tombé en disgrâce suites à ses condamnations judiciaires lié au « système RPR » au service de Chirac ? Peut-on y voir aussi les relations qui se sont nouées avec Emmanuel Macron ? Alors qu’on prête à Edouard Philippe l’ambition de succéder à l’actuel président, ce polar sur la confiance en politique ne manque pas de sel !
Le résumé
Après la victoire de son « patron » à la primaire, le premier conseiller s’engage avec ferveur dans la campagne présidentielle. L’équipe de campagne est pareille à l’Etat-Major d’une armée. Chacun connaît son rôle : Marilyn, l’attachée de presse, la Valkyrie, l’organisatrice des meetings, le petit Caligny, le plus jeune des conseillers, le Major, le directeur de campagne, et Démosthène, l’intellectuel, qui rédige les discours. Le Conseiller a sacrifié sa vie pour ce moment et ce combat. Il croyait tout connaître de son rôle, jusqu’aux compromis et aux renoncements. Mais rien ne pouvait le préparer à ces mois de campagne, aux trahisons dont seuls sont capables ceux qui convoitent à tout prix le pouvoir. Surtout, il doit faire face aux soupçons de fraude qui entachent la victoire de son patron à la primaire et qui pour la première fois l’oblige à questionner l’honnêteté de son candidat et par là même le sens de cette vie militante. Le portrait saisissant, et d’une terrible humanité, de tous ceux qui se consacrent à la vie politique et en maîtrisent les arcanes, à travers l’intimité d’un homme, héros solitaire, souvent dans l’ombre, toujours oublié : le premier des conseillers.
Le plus engagé – French Uranium d’Eva Joly et Judith Perrignon
Juge d’instruction respectée au pôle financier du Palais de Justice de Paris pour lequel elle a notamment enquêté sur les nébuleuses affaires Elf et Bernard Tapie, la franco-norvégienne Eva Joly s’est ensuite fait plus largement connaître du grand public comme candidate (malheureuse) sous étiquette Europe-Ecologie Les Verts à l’élection présidentielle de 2012, avant les vagues écolo survenues ces dernières années. Son engagement militant anti-nucléaire se retrouve dans ce polar où la filière politico-atomique française, loin d’être exempte de tout reproches, est décortiquée.
Le résumé
Un ministre se suicide le soir du premier tour de l’élection présidentielle. Les secrets de famille ne demandent qu’à sortir. Mais pas seulement... les mensonges de la vie politique aussi. Ces circuits d’un monde globalisé où l’on tue, on spécule et on pille avec l’accord des Etats. Tout est à nu. Bientôt les morts s’accumulent. Le compte à rebours électoral s’emballe et les services de renseignement sont sur le qui-vive. A Paris, Lagos et New York, les puissants affrontent ce qu’ils détestent le plus : l’incertitude. Leur toile se déchire. Peut-on ralentir la machine criminelle qui nous gouverne ? Il faut être aveugle, fou, prêt à tout perdre. S’appeler Lira Kazan par exemple.
Le plus fictionnel – Aurora de Vincent Peillon
L’ancien ministre de l’Education socialiste Vincent Peillon, qui a officié durant les mandats de Premier Ministre de Jean-Marc Ayrault (sous la présidence Hollande) nous livre avec Aurora un thriller géopolitique de facture classique, sans liens évidents avec son engagement politique français : une curiosité pour ces figures politiques majeures qui s’engagent rarement dans des pures fictions, sans intention manifeste de faire passer des messages. Une œuvre d’amateur du genre polar plus que de politique, en somme !
Le résumé
AURORA : c’est le nom du consortium qui fait main basse sur des réserves de pétrole et de gaz dans le Grand Nord. Son fondateur, un ancien nazi visionnaire, est protégé par des faucons américains et certains hauts responsables de l’Otan. Mais quand les intérêts stratégiques, les appétits économiques et les folies idéologiques se mêlent, l’histoire chemine vers son crépuscule. Il sera taché de haine et de sang.
Qui réglerait cela proprement ? Une équipe du Mossad, apparemment en sommeil. Des agents menés par un homme qui a toutes les audaces et tous les talents – sauf celui de résister parfois à la mélancolie. C’était sans compter sur les traîtres. Ceux qui se croyaient les prédateurs deviennent alors des proies.