- Réalisateur : Thibaut Bertrand
- Distributeur : Canal +
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 15 mai 2021
- Durée : 52min
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
l'a vu/lu
Veut la voir/lire
Résumé :
Le documentaire "Apocalypse Nolan" s’attarde sur l’univers et les motifs récurrents dans les films de Christopher Nolan : le temps, l’espace, l’humanité, la filiation... Cinéaste hors normes, le metteur en scène n’est pas le cinéaste du futur, mais bel et bien la sentinelle vigilante et incontournable de notre présent.
Faire le tour des obsessions thématiques de Christopher Nolan en cinquante-deux minutes, une gageure, assurément ! Mais le film roule d’emblée sur de bons rails, en rapprochant la pandémie que nous vivons aux long métrages du réalisateur américain : les villes désertes, la perception du temps complètement modifiée nous ont effectivement donné l’impression d’entrer dans une fiction nolanienne, qui acquiert, selon le commentaire du narrateur, une dimension prophétique, puisque s’y incarnent, sous différentes formes, des interruptions du quotidien ou la fin potentielle du monde : la famine est évoquée dans Interstellar, la guerre mondiale dans Dunkerque...
Plus prosaïquement, le propos revient ensuite sur l’énorme espérance suscitée par la sortie de Tenet, investi comme le blockbuster miracle, par lequel toute l’industrie cinématographique serait sauvée. Espérance déçue. Le commentaire glisse un peu trop vite sur la séquence, qui en dit long sur la place qu’occupe le metteur en scène dans la production hollywoodienne.
Le reste de l’analyse s’appuie sur une configuration classique, où la genèse d’une vocation artistique se trouve documentée par les premières expériences cinématographiques du cinéaste en tant que spectateur, avec un goût pour le grain de l’écran (qu’il regardait tout près, dans son jeune âge), ainsi qu’une volonté de vivre le moment du film comme une expérience véritablement sensorielle. Mais la télévision a aussi sa part : l’adolescent fut impressionné par les ralentis des épreuves de gymnastique, lors des Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984. Cette manière d’étirer le temps en slow motion s’imprima de manière durable, nourrissant un motif obsessionnel.
D’autres influences artistiques (Kubrick, Verne, Méliès, Pullman) ou des moments autobiographiques (l’ennui dans un pensionnat) sont convoqués pour comprendre la genèse d’une création qui, du matriciel Following, le suiveur au maîtrisé Tenet, fait l’objet d’un examen précis, truffé de commentaires intéressants, notamment sur la conception des effets spéciaux, l’intérêt du réalisateur pour les dangers contemporains auxquels est soumis notre monde globalisé (les désastres écologiques, les dangers de la technologie, les systèmes de surveillance), et sur la réception politique des œuvres de l’artiste.
Accordé à son sujet, Apocalypse Nolan organise des vertiges qui réfèrent à des univers désorientés, où l’être humain se trouve constamment dans la position d’un étranger.