- Réalisateur : Fred Cavayé
- Acteurs : Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau
- Distributeur : Pathé Distribution
- Nationalité : Français
- Durée : 1h56min
Un huis clos entre trois personnages, en pleine Occupation allemande. Le film de Fred Cavayé, platement mis en scène, nous laisse à distance de son sujet.
Des citoyens happés par le tourbillon d’une époque tragique, c’est un sujet que le cinéma a de maintes fois abordé, avec plus ou moins de bonheur. Adieu Monsieur Haffmann évoque à nouveau ce sujet en immergeant deux hommes dans la période sombre de l’Occupation allemande, durant la Seconde Guerre mondiale : l’un des protagonistes, Joseph Haffmann, est juif et joaillier, bientôt contraint de fuir Paris pour se réfugier en zone libre avec sa famille ; l’autre, François Mercier, est son employé, à qui la gestion des affaires va bientôt échoir, selon un pacte scellé avec son patron. Mais le contrat correspond-il à une véritable confiance entre les deux hommes ? C’est sur ce doute que repose l’intérêt initial de cette histoire, adaptée de la pièce de théâtre écrite par Jean-Philippe Daguerre.
L’enthousiasme de Mercier s’oppose aux doutes de son épouse, avant de la contaminer, dans un mouvement d’expropriation symbolique et moralement abject qu’un événement va bien sûr s’attacher à contrarier, en guise de punition morale : le départ différé de Haffmann.
Dès lors, le récit se transforme en un huis clos statique, que le scénario s’efforce de dynamiser par quelques climax attendus - un chantage fondé sur un abus de faiblesse, un affrontement inévitable entre les deux hommes- et une bonne dose de clichés qui tirent volontiers sur la corde sentimentale, avec des silences entendus, des regards en dessous et des répliques soupirées. Ici, chaque personnage s’incarne en tant que stéréotype, dans l’évidence d’une mise en scène pataude, désespérément académique, qui dissout la tension potentielle par un excès de lenteur et d’ennui.
Seul Daniel Auteuil résiste un peu, tente de figurer une forme d’impénétrabilité. Mais cette posture dit tout d’un projet affecté et de ses intentions qui se repèrent à des kilomètres. Même les dialogues n’ont pas cette pudeur de taire les véritables motifs qui animent les protagonistes. Et la fin décalque celle de Monsieur Klein, le chef-d’œuvre de Joseph Losey, sur lequel le long-métrage de Fred Cavayé lorgne, sans jamais en atteindre l’opacité perturbante.