- Acteurs : Bella Heathcote, Toni Collette, Jessica Barden , Omari Hardwick
- Auteur : Karin Slaughter
- Nationalité : Américaine, Australien
Avec en toile de fond une mère ambivalente et sa fille en pleine crise d’identité, la mini-série Son vrai visage se voudrait haletante. Problème : elle ne suscite en définitive qu’ennui et impassibilité.
Rien ne va plus pour Laura Oliver et sa fille Andy, habitantes d’une petite bourgade anonyme de Géorgie. Témoins d’une violente attaque dans un restaurant, à laquelle elles échappent miraculeusement grâce au réflexe stupéfiant de Laura, elles se retrouvent propulsées malgré elles au devant de la scène par les médias locaux. Un petit instant de célébrité qui fait remonter un passé trouble à la surface. Et si Laura Oliver n’était pas la femme qu’elle prétend être ? Déterminée à lever le mystère et à échapper à d’étranges ravisseurs, sa fille Andy s’embarque pour une périlleuse équipée à travers les États-Unis…
On a connu Toni Collette entre de bien meilleures mains que celles aux manettes de la mini-série Son vrai visage. Ce n’est pas tant que l’actrice, ici dans le rôle d’une mère au passé trouble, se retrouve dans une situation délicate ou inconfortable - si seulement il en fut ainsi. C’est surtout que Son vrai visage n’exploite que trop maladroitement son talent, peinant à lui donner la consistance qui la caractérise si souvent. Le phénomène s’avère hélas valable pour tout le casting, qui se déploie sans direction d’acteur notable, voire avec un certain désintérêt. A la rigueur, la mise en scène ultra-standardisée de Son vrai visage, qui ne possède pas une once d’âme mais qui a le mérite de se faire très vite oublier, passe encore. La valeur des plans, les mouvements de caméra… tout cela semble avoir peu d’importance pour la créatrice de la série Charlotte Stoudt, qui illustre laborieusement le scénario sans trop y croire. Admettons qu’un tel écueil soit pardonnable. En revanche, on tolère beaucoup moins le prodigieux ennui qui se dégage de la mini-série, et ce, dès le deuxième épisode.
Alors que le pilote de Son vrai visage, avec ses faux airs de A History of Violence (David Cronenberg, 2005) - le coup de la légitime défense foudroyante, la brusque sortie de l’anonymat liée à la surmédiatisation… - laissait présager un minimum de tension, toute la structure retombe aussitôt comme un soufflé. La brusque fuite vers l’inconnu à laquelle doit se soumettre Andy, la fille de Laura Oliver, n’y change rien. Le scénario mal fichu, tiraillé entre présent et deux autres lignes de passé, frise même l’indigence. Aucun rebondissement ne fait mouche. Si bien que les huit épisodes paraissent interminables - la chose apparaît avec d’autant plus d’évidence une fois arrivé à mi-saison. Or, ce ne sont pas les innombrables plans d’ensemble sur une épaisse forêt et une route sinueuse - toujours la même métaphore pour signifier le mystère… - qui permettront de dépasser ce stade. Le synopsis de la série fourmillait pourtant d’ingrédients susceptibles de distiller du suspense. Le retour du refoulé, les démons qui refont surface, le masque trompeur qui recouvre une identité cachée, l’équivoque entre Bien et Mal… tout ce qui faisait un tant soit peu le sel du roman éponyme de Karin Slaughter (2018) finit délayé, dissout par la vacuité, dans Son vrai visage. Un coup d’épée dans l’eau des plus dispensables.
Son vrai visage est tiré du roman éponyme signé Karin Slaughter, sorti en 2018.