Agathe Portail est une autrice de polar qu’on aime beaucoup sur Bepolar. On a lu son dernier roman, Les Âmes torrentielles, aux frontières du genre...

Danilo s’apprête à partir pour l’arreo, la transhumance dans laquelle il emmènera son troupeau à l’estancia à qui, jusqu’à présent, il n’a consenti à vendre que des saillies de son étalon. Il est prévu que quelqu’un le rejoigne, le lendemain, pour l’accompagner, car on ne voyage pas seul avec quinze chevaux, dont cinq poulains, plus une mule de bât et une cage à poules. C’est son dernier arreo, parce que le barrage qu’on a construit, de l’autre côté du rio, sera bientôt en service et les terres de Danilo inondées.

La convoyeuse – Alma, une jeune Tehuelche – vivait dans le coin durant son enfance, jusqu’à ce qu’une catastrophe s’abatte sur sa famille. Elle a donc grandi à Buenos Aires, avant de redescendre en Patagonie. Elle est à présent employée par l’estancia qui achète le troupeau du gaucho. Revenir par ici n’est pas anodin, pour elle, et elle a un plan en tête, dont on ignorera longtemps de quoi il s’agit. Pendant ce temps, au barrage tout juste terminé, l’Ingénieur en chef s’est absenté, laissant Sandra et Benoît gérer la mise en eau et lui envoyer les relevés réguliers.

Les Âmes torrentielles n’est pas un polar, c’est un roman d’aventures prenant qui se raconte en chapitres alternés, tour à tour axés sur Danilo et Alma (plus rarement Benoît) dont on découvre petit à petit le passé, les épreuves qu’ils ont traversées et qui les ont façonnés, les conduisant à ce voyage. En dévoiler trop serait dommage, mais je peux au moins louer le talent d’Agathe Portail. Non seulement elle connaît bien son sujet (ou l’a étudié, ce qui revient au même), tant l’histoire de l’Argentine et les populations natives d’Amérique du Sud que les chevaux, mais en outre son écriture remue les tripes, tel un poème que l’on entendrait crier.

On en redemande.

Au fait, s’il en est qui l’ignorent, Agathe Portail est aussi autrice de polar.

Lucie Chenu