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La mort du scorpion - Maurice Gouiran

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Résumé :

Fidèle à lui-même, amoureux transi ou macho incurable, c’est d’abord pour les beaux yeux d’Emma - flic de son état - que Clovis, après la découverte dans une calanque d’un corps calciné et affreusement torturé, va se mettre à fureter un peu partout. Et grâce à son ami JAD, un artiste peintre à la mode, il va découvrir d’étranges personnages rôdant autour de la propriété d’un ancien de la French connection. Comme cette comtesse hongroise davantage habituée aux enchères chez Christie’s qu’aux collines calcinées, ce banquier russe, Monsieur Sacha, ex-trafiquant d’armes vraisemblablement lié à la mafia, ou encore Micha, faussaire de génie ayant largement ouvré dans les faux billets avant de se mettre à la peinture. Navigant dangereusement de l’un à l’autre, Clovis va au péril de sa vie, révéler un des plus juteux trafics de l’Histoire, mais surtout - en suivant la trace du scorpion - faire ressurgir de l’oubli, le spectre du dernier génocide du XXème siècle perpétré dans les Balkans plus de quinze ans auparavant.

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Vos #AvisPolar

  • universpolars 15 octobre 2024
    La mort du scorpion - Maurice Gouiran

    Une fois n’est pas coutume, Maurice Gouiran, auteur passionné, engagé - et enragé ! - mêle son histoire à l’Histoire, nous emmenant cette fois-ci vers les Balkans des années 90. Ce n’est pas physiquement que nous nous y rendrons, mais d’une manière plus subtile, par le biais de souvenirs, de récits, soit par la mémoire. Et une mémoire qui ne cicatrise pas, qui garde les stigmates du passé sait très bien nous le faire savoir, surtout lorsque certains ont eu pas mal de sang sur les mains et d’autres pas mal de sang qui a coulé autours d’eux.

    Maurice Gouiran semble aimer mettre en avant ce passé rude, honteux, un passé nourri d’ignominies, d’opprobres et d’humiliations, qui mérite d’être mis sur le tapis, bien en vue, rien que pour celles et ceux qui ne doivent surtout pas être oubliés ; que ce soit au niveau des victimes, mais aussi au niveau des responsables de ce passé pas si glorieux. Et quelle histoire...

    Emma Glovgaline, teint pâle, style un peu gothique, humeur difficile (pour les autres), est flic à Marseille. Peu sûre d’elle, mystérieuse, pas mal de souci perso, c’est vers Clovis Narigou, ami, amant et journaliste dans la cité phocéenne, qu’elle va se diriger pour lui montrer un élément d’enquête qui la perturbe un peu. Ou peut-être pour autre chose aussi, peut-être. Difficile de le savoir, elle ne semble pas le savoir elle-même. Vous l’aurez compris, ces deux personnages vivent une relation plutôt ambiguë, pas très claire, mais je vous assure, très chaude !

    Cet élément d’enquête brûlant et relativement alarmant est effectivement assez préoccupant. Une vidéo. Clovis sera témoin d’une exécution ou plutôt d’une torture bien fumante, tout ceci filmé par l’auteur des faits. Un homme est brûlé vif, à petits feux, par un tortionnaire plutôt motivé et déterminé dans cette mise à mort, dans cette mise en scène. Une maigre piste va les amener vers un vieux fort bordant la méditerranée, appartenant à un banquier milliardaire russe. Ils rencontreront le locataire des lieux, un peintre un peu crade, pas trop mauvais dans ce qu’il fait, vendant ses toiles à prix d’or. Le second locataire, probablement ressortissant russe, ne sera pas là pour les recevoir. Son corps à moitié cramé sera d’ailleurs retrouvé dans les alentours, au bord de la méditerranée.

    Les enquêteurs - principalement Emma la flic et Clovis le journaliste - seront confrontés à un assassin qui semble vouloir les conduire vers une direction bien précise en leur laissant quelques indices. Ces jalons vont les conduire vers une région et une époque bien déterminés ; l’ex-Yougoslavie des années 90.

    Afin de nous protéger un peu du Mistral, nous débarquerons aussi à New-York ; ambiance feutrée et malsaine d’une vente aux enchères chez Christie’s. Nous rencontrerons une comtesse, Zoltana Bathory, propriétaire d’une galerie d’art. L’auteur, par la description de cette vente, nous transmet très franchement sa façon de voir les choses vis à vis de ce paquet de fric qui envahi l’atmosphère et plane au-dessus de ce quartier new-yorkais. Pathétique en effet.

    Voici les éléments qui introduisent le lecteur dans ce roman. Emma, secondé par son ami - amant ? - Clovis, va tenter de dénouer ce fil bien emmêlé qui a conduit à la torture et à la mise à mort de cet homme échoué sur les galets au bord de la Méditerranée. La curiosité du journaliste fouineur va permettre de dénicher quelques infos cruciales, éléments pas très faciles à obtenir d’une manière officielle, c’est certain ! Le duo formé de la flic et du journaliste sera relativement efficace pour avancer dans cette enquête qui relie bien des aspects, entre le milieu de l’art, de la fausse-monnaie, du blanchiment, du trafic d’armes, des faux-vrais tableaux - ou vrais-faux, difficile à dire -, ou encore de la guerre d’ex-Yougoslavie, en passant peut-être encore par la mafia française et russe. Les chaînons ne manquent pas !

    Les informations soutirées et glanées à gauche et à droite seront essentielles pour l’enquête, surtout celles récoltées au bistrot. Notre journaliste va s’avérer être coriace pour les obtenir, jusqu’à y risquer sa vie. L’auteur, dans cette intrigue, nous dévoile quelques pratiques douteuses utilisées dans le monde de l’art. Celui-ci devient d’ailleurs un bien grand mot lorsque nous commençons à saisir et à comprendre chaque rouage très bien huilé - bien mieux que les toiles elles-mêmes, soit dit en passant ! - que composent cette machine à faire du fric.

    Comme je l’ai souligné auparavant, Maurice Gouiran nous projette quelques années en arrière, lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine, en s’attardant un peu sur le tristement célèbre massacre - ou génocide - de Srebrenica, perpétré par l’armée serbe de Bosnie, appuyé par une unité paramilitaire appelée "Scorpion" (qui a œuvré dans l’extermination de races durant les guerres de Croatie, du Kosovo et de Bosnie-Herzégovine, justement). Les faits sont là, l’auteur n’invente rien, nous sommes face à la réalité de la barbarie humaine.

    L’auteur place ces événements sanglants dans son intrigue d’une manière habile et intelligente, sans aucune censure évidemment. L’auteur ne pèse pas ses mots pour nous transmettre la réalité des choses. L’auteur reviendra également sur les jugements de ces massacres et crimes de guerre rendues par le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, dirigé par la procureure suisse Carla Del Ponte, mais aussi par une coure serbe en 2007, ce qui semblait être un grand pas en avant, bien que les jugements aient été relativement cléments proportionnellement aux crimes commis.

    Maurice Gouiran nous cède un dénouement fort, acide, puissant et fort en émotion. Normal, il ne fait à nouveau que nous conter la réalité de ce monde de tarés. Et pour faire violent, il n’y a pas mieux. Qu’est-ce qui relie tout ceci finalement ? L’auteur vous l’expliquera clairement. Les faits ne sont pas toujours ce que l’on croyait, ou plutôt ils ne sont pas toujours le reflet de ce que l’on imaginait réellement. A méditer.

    Bonne lecture.

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