- Réalisateur : Lionel Bailliu
- Acteurs : Caterina Murino, Thierry Neuvic, Julie de Bona
- Auteurs : Lionel Bailliu, Déborah Hadjedj
- Nationalité : Français, Belge
- Durée : 6 épisodes de 52 minutes
Une mise en scène médiocre, des dialogues peu inspirés et des invraisemblances scénaristiques plombent cette mini-série pourtant armée des meilleures intentions.
Adaptation de la création néerlandaise Nieuwe Buren (Nouveaux voisins), La Maison d’en face montre, après les médiocres Ils étaient 10, Sauver Lisa ou L’homme que j’ai condamné que M6 n’a pas encore trouvé la recette pour proposer une mini-série mémorable.
La faute à quoi ? Car tout semble y être pour mobiliser l’attention du spectateur : un couple brisé par un événement dramatique (la mort d’un enfant), des voisins accortes, mais peut-être dissimulateurs, une zone pavillonnaire un peu trop lisse pour qu’on ne s’interroge pas, des rebondissements répétés... oui, mais voilà, La Maison d’en face avance avec des défauts majeurs qui semblent évidents dès le premier épisode : les dialogues sont si insipides qu’on les croirait issus d’un roman-photo bas de gamme et la psychologie des protagonistes s’avère trop sommaire, au point qu’on ne s’identifie vraiment à aucun d’entre eux. En outre, le jeu particulièrement raide des comédiennes ou des comédiens ne contribue pas à créer un semblant d’intérêt, même si Julie de Bona tente ce qu’elle peut, hélas très vite rattrapée par la nature foncièrement caricaturale de son rôle.
Pourtant, on devrait compatir aux malheurs des protagonistes, mais ceux-ci sont agencés de manière tellement scénaristique que la vraisemblance se trouve sacrifiée sur l’autel d’un cahier des charges à respecter, où les perturbations apparaissent comme des sortes de deus ex machina, avec l’ambition de jouer sur différents registres : le thriller polanskien, le mélodrame larmoyant ou l’érotisme chic. En ligne de mire, le mythique feuilleton télévisée Desperate Housewives, pour ses entrelacs diégétiques.
Du coup, cette hystérie narrative empêche la série de véritablement prendre son temps pour installer des situations et tout sonne faux, jusqu’au deuil traversé par Eve et Yanis, les parents atteints par le décès brutal de leur bébé, à qui n’est pas même accordée la torpeur d’un accablement, comme s’il fallait que les événements se produisent à tout prix, au mépris des personnages qui sont censés les vivre.
Incarnant jusqu’à l’excès les défauts d’une série angoissée -le refus d’une forme de stase- La Maison d’en face finit par se noyer dans ses propres intentions, tout en lassant par son goût de la surenchère.