- Réalisateur : Georges Lautner
- Acteurs : Anne Brochet, Patrick Bruel, Jean-Pierre Sentier
- Distributeur : Gaumont
- Auteurs : Georges Lautner, Jacky Cukier
- Nationalité : Français
- Durée : 1h50min
Le récit de Pierre Magnan est très platement illustré par Georges Lautner. Dans le rôle principal, Patrick Bruel manque vraiment de consistance.
Le célèbre ouvrage de Pierre Magnan, La Maison assassinée, publié en 1984, permet au non moins illustre Georges Lautner de flirter avec le thriller, après une série de comédies particulièrement oubliables. La scène d’ouverture installe une ambiance inquiétante dans le cœur même de la Haute-Provence, où des nappes de brume circulent comme des fantômes dans une nuit opaque, cernant une maison de pierres. En son sein, vit une famille. Bientôt, un jeune voyageur arrive, affamé. On lui offre l’hospitalité.
Cette atmosphère fantastique augure un drame sur lequel une porte pudique se referme, laisse les habitants du lieu à la merci de trois inconnus qui guettaient, puisqu’il semblaient attendre l’instant opportun. Ils sont évidemment les coupables désignés.
Survivant du massacre, puis de la guerre de 14-18, le jeune Séraphin revient au village, où il n’est pas le bienvenu.
La Maison assassinée repose sur une histoire classique de vengeance, où l’intrus vient déranger la quiétude hypocrite d’un microcosme villageois. Après un début plutôt prometteur, l’art de Lautner rappelle à quel point il procède du "cinéma de papa" : la mise en scène verse dans tous les clichés du téléfilm lambda qui fige les protagonistes, les contraint à des postures souvent théâtralisées.
Les autochtones sont évidemment folklorisés dans leur mutisme réprobateur ou leur colères homériques, à la manière de ce que fit Claude Berri lorsqu’il tourna le diptyque Jean de Florette/Manon des Sources auquel on pense souvent, comme à L’Été meurtrier, construit sur un semblable canevas. Peu à peu, la torpeur d’une ambiance supplante la tension initiale, d’autant que le jeu atone de Patrick Bruel ne donne aucune idée de ce qu’un personnage confronté au tragique peut penser, ressentir, concevoir. Mais il n’y a pas plus d’incarnation dans les afféteries expressionnistes que choisit la jeune Anne Brochet, venue du théâtre, qui semble avoir installé les tréteaux en pleine garrigue. Sans imagination, la caméra zoome brutalement sur les visages lorsque la situation le commande, soulignant d’un trait épais les moments d’épiphanies narratives, plutôt rares. Tout cela sent le carton-pâte à plein nez, mais le film eut du succès en son temps. Aujourd’hui, La Maison assassinée a définitivement pris la poussière.