- Réalisateur : Andréa Segre
- Acteurs : Olivier Rabourdin, Giuseppe Battiston, Paolo Pierobon, Valentina Carnelutti, Fabrizio Ferracane
- Distributeur : Sophie Dulac Distribution
- Genre : Action / Thriller
- Nationalité : Italien
- Date de sortie : 7 mars 2018
- Durée : 1 heure 55 Minutes
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Résumé :
Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain.
Sur place, il se heurte à la complexité des rapports tribaux libyens et à la puissance des trafiquants exploitant la détresse des réfugiés.
Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider.
Habituellement froid et méthodique, Rinaldi va devoir faire un choix douloureux entre sa conscience et la raison d’Etat : est-il possible de renverser l’ordre des choses ?
Polars urbains 26 février 2018
L’ordre des choses - Andrea Segre
Il est des films dont on ne sort pas indemne, parce qu’ils nous parlent de la réalité mais surtout parce qu’ils nous renvoient à nous-mêmes, aux choix que nous faisons ou nous ne faisons pas. Même si le héros du dernier film d’Andrea Segre (qui a réalisé plusieurs documentaires sur le sujet des déracinés et des migrants) est policier, L’ordre des choses n’est pas à proprement parler un polar. Pas d’intrigue, pas vraiment de suspense, seulement la mission confiée à un policier italien d’obtenir des autorités libyennes qu’elles empêchent le départ des migrants vers les côtes italiennes. La découverte d’une Lybie en plein chaos, où le laxisme et l’inefficacité des autorités laissent le champ libre aux milices tribales et aux trafiquants d’êtres humains, où les conditions de détention des migrants sont épouvantables, ébranle Corrado Rinaldi. En obligeant les garde-côtes à intercepter les embarcations, ne contribue-t-il pas à ruiner les derniers espoirs de femmes et d’hommes prêts à tout pour une vie meilleure ? D’autant qu’au cours d’une de ses visites, il est approché par une jeune somalienne qui le supplie de l’aider. Ne devrait-il pas au moins tenter de résoudre un cas individuel ?
Homme ordonné, méthodique dans son travail comme dans sa vie privée, Rinaldi (excellent Paolo Pierobon) essaie de trouver les bonnes solutions, ou du moins celles qu’il pense les moins mauvaises. Ce film sombre, sans concessions dans la description de la réalité des camps de rétention, laisse le spectateur face à lui-même : quelle attitude adopter vis-à-vis des réfugiés et des migrants ? Faut-il fermer les yeux et s’en remettre aux gouvernements ou aux organisations humanitaires quand ceux-ci font défaut ? La justice peut-elle condamner au nom du « délit de solidarité » ceux qui aident des migrants ? Respecter l’ordre des choses ne revient-il pas à accepter l’inacceptable ? Portrait réussi d’un homme brièvement confronté à une réalité brutale et tenté d’agir en dehors des limites de la tâche qui lui a été officiellement confiée, L’ordre des choses propose plus de questions que de réponses.
(Merci à Be Polar de m’avoir permis d’assister à la présentation presse au Club de l’Etoile)