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L’interrogatoire de Franck De Crescenzo

Bepolar : Comment est née l’idée de cette nouvelle collection ? Vous aviez envie de partir explorer d’autres aires géographiques que l’Asie ?  
Franck De Crescenzo :Avant de créer la collection 710, nous avons déjà étoffé notre ligne éditoriale en ouvrant notre catalogue d’éditeur spécialisé en littérature coréenne à toute la littérature asiatique.
Cette envie « d’élargir notre spectre éditorial » était donc présente, bien entendu, mais nous rencontrions toujours la limite que génère un positionnement géographique, même si stratégiquement réfléchi.
De fait, après avoir commencé à tâtonner du côté du Japon et du Vietnam afin d’étoffer notre catalogue, nous avons eu envie de nous confronter à d’autres régions du globe plutôt qu’à un positionnement thématique représentant certaines valeurs. Nous recherchions un moyen d’explorer d’autres horizons, de porter certaines idées, sans renier notre premier amour qu’est la littérature coréenne. C’est d’ailleurs dans la littérature coréenne que nous avons commencé à chercher nos premiers textes porteurs de sens sans pour autant les intégrer à cette nouvelle collection.

Bepolar :Dans le descriptif de la collection 710, il est noté qu’il s’agira de " fictions et essais politiques, éthiques et responsables d’autres aires géographiques". Vous aviez envie d’ouvrages "engagés" ?  
Franck De Crescenzo :C’est exactement cela. Quand nous parlons d’ouvrages engagés, on peut en donner plusieurs sens mais tel était notre désir. Devenir un éditeur porteur de valeurs positives pour notre époque.

Bepolar :Parlons du premier livre, Rubis sur l’ongle. Il s’agit d’un polar. Comment l’avez-vous choisi ?  
Franck De Crescenzo :C’est un peu le hasard des rencontres et des discussions. Nous connaissons très bien un traducteur du portugais du Brésil qui nous avait proposé quelques manuscrits. Il est venu nous voir un jour avec un titre Rubis sur l’ongle qu’il avait traduit et qu’il désirait faire publier. Après lectures et diverses discussions parmi les membres de notre comité de lecture, nous avons décidé qu’il serait ce premier texte qui allait nous permettre de franchir le cap de la création d’une nouvelle collection hors Asie et thématique.

Bepolar :Le héros, fils du premier ministre brésilien a une véritable carrière de malfrat, mais il a une éthique : il n’a jamais trempé dans un meurtre. Est-ce que vous pourriez nous décrire qui il est ?
Franck De Crescenzo :Je dirais que Flavio est un personnage particulier, ambivalent. Autant il ne refuserait pas de vendre son corps pour un peu d’argent, participer à un casse ou même revendre de la drogue, autant sa condition d’être humain lui impose une certaine droiture, lui interdit d’attenter directement à la vie d’autrui. D’ailleurs, sous certains aspects, on pourrait presque le ranger dans la catégorie des antihéros. Son éducation et son statut de fils rejeté d’un ministre, donc d’une certaine aristocratie politique, lui permet d’avoir une vision sombre mais assez synthétique et juste des tenants et des aboutissants du système duquel, d’ailleurs, il a décidé de s’affranchir en prenant la fuite à New-York.

Bepolar : Il y est question de politique, de machination, d’éthique donc. Est-ce qu’en cela il représente bien l’esprit de votre nouvelle collection ?
Franck De Crescenzo :Le roman en tant que tel, oui. Il aborde des sujets dont nous voulions traiter : clientélisme, corruption, objetisation des individus, mais aussi de réflexions sur la condition de l’homme moderne et de la société dans laquelle il vit. Sans oublier de réfléchir à des solutions heureuses pour la planète et ses habitants.
Flavio quant-à lui, en tant que personnage principal, n’est pas l’archétype de l’homme possédant les valeurs que nous voulons défendre. Cependant, pour proposer un point de vue et dénoncer une situation bien connue en exposant les agissements de certains politiciens brésiliens, rien de tel qu’un personnage à contre-emploi, hybride, exogène et transgressif.
Flavio, et c’est sa force, maitrise les règles d’un jeu qui pourtant le dépasse, comme cela arriverait à un individu ayant navigué dans plusieurs univers très distincts.
Il est un révélateur des drames de ce monde, un repoussoir qui met en lumière, mais en aucun cas on peut le présenter comme un modèle à promouvoir.

Bepolar :Qui est l’auteur, Marcelo Rubens PAIVA ?  
Franck De Crescenzo :Marcelo Rubens PAIVA, né en 1959 à Rio de Janeiro, est un auteur brésilien prolifique qui a gagné le prix Jabuti, l’équivalent de ce que serait le Goncourt en France. Il est également journaliste pour divers magazines.
Il est le fils de Rubens PAIVA, un homme politique de gauche, très engagé, qui a disparu subitement dans les années 70, dans des conditions plus qu’étranges, et que l’on n’a jamais retrouvé.
Marcelo Rubens PAIVA est également tétraplégique à la suite d’un accident aquatique depuis l’âge de vingt ans.
Sa vie et ses expériences traumatisantes en font un auteur très ancré dans le réel et la critique sociale. Sa plume, est pour lui, un véritable révélateur des travers de la condition humaine.

Bepolar : Combien de titres chaque année la collection portera-t-elle ?  
Franck De Crescenzo :À terme, nous aimerions publier un minimum de 4 titres par an dans cette collection, majoritairement des essais, même si la fiction sera présente.

Bepolar :Rubis sur l’ongle paraîtra en octobre. Quels seront les titres après ?  
Franck De Crescenzo :Le suivant, qui paraît également en octobre, sera le premier tome d’un roman français de Frédéric Messala, Hespéria. Il s’agit d’un roman épique qui raconte la fuite des Troyens après la défaite et leur installation sur le morceau de terre qui deviendra l’Italie d’aujourd’hui. Là encore un thème fort que l’on retrouve aujourd’hui dans la fuite des migrants des pays en guerre et les difficultés de leur installation sur de nouveaux territoires.
Après, nous allons publier Animal like us (titre provisoire), de Mark Rowlands, qui aborde la condition animale sous un angle original.

Bepolar :Un petit mot sur la crise de la Covid 19. Comment a-t elle impactée votre structure ?  
Franck De Crescenzo :Fortement, serait le mot qui me viendrait le premier à l’esprit. Nous avons été impactés directement par la fermeture des librairies et des espaces de ventes, comme d’ailleurs tous les éditeurs. Nous avons subi une perte d’environ 85 % de notre chiffre d’affaires de mars à mai, et reporté la majeure partie de nos publications prévues pour avril à juin au second semestre, ainsi que celle d’octobre et novembre 2020 à 2021. Nous avons réussi à minimiser les dépenses car nous avons réagi très tôt et avec force après l’annonce du confinement, donc, sans dire que nous allons bien, nous avons su prendre les bonnes décisions pour réduire l’activité durant cette période. Pour autant, il nous tarde désormais de voir nos prochaines parutions arriver de nouveau en librairie.

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