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L’interrogatoire d’Élisa Vix pour Elle le Gibier

Bepolar : Comment est née l’idée d’Elle le Gibier ?
Élisa Vix : Comme les remerciements à la fin du roman le laissent deviner, l’idée d’Elle le gibier est née de mon passage dans diverses entreprises. J’ai eu envie, à travers le roman noir, de dénoncer certains types d’organisation et de management dans le monde du travail actuel.

Bepolar : Qu’est-ce que vous a donné envie de vous plonger dans le monde de l’information médicale ?
Élisa Vix : Parce que, en tant que scientifique, j’y ai travaillé. Cela me permettait donc, pour mon roman, d’avoir un contexte crédible. Mais j’aurais pu le situer dans n’importe quelle plateforme téléphonique où le rendement est roi et où les salariés sont pressés comme des citrons.
L’information médicale m’a permis également d’aborder le thème de ces jeunes gens qui ont "tout bien fait comme il fallait" (bien travailler à l’école, décrocher le bac puis des diplômes)et se retrouvent pourtant sur le carreau du monde de l’emploi. Je trouve que c’est un gros gâchis de se priver de toutes ces têtes bien faites ! C’est une problématique que j’avais déjà abordée dans "L’hexamètre de Quintilien" avec le cas d’une jeune journaliste qui peinait à dénicher des piges et à tirer un revenu décent de son activité. Les fameux intellectuels précaires...

Teaser "Elle le gibier" from Éditions du Rouergue on Vimeo.

Bepolar : Vous abordez la question de la souffrance au travail. Pour quelle raison ce sujet vous intéresse et qu’aviez-vous envie de dire ?
L’injustice en général me révolte et quand l’individu se fait broyer par l’entreprise au nom de la sacro-sainte rentabilité, je suis ulcérée.
Élisa Vix : La souffrance au travail provient des organisations, des styles de management... mais je voulais aussi qu’on n’oublie pas que dans tout ça il y a des hommes. Des humains victimes, et des humains bourreaux, ou parfois les deux, des humains lâches, des humains ligotés par la peur du chômage, cette peur qui casse les solidarités. Dans Elle le gibier, nous avons à faire clairement à un cas de harcèlement moral. L’organisation de l’entreprise permet à certaines personnalités perverses de s’épanouir en toute impunité tandis que les autres ferment les yeux. Contrairement à Hannah Arendt, je ne crois pas à la banalité du mal. Je pense qu’on a le choix, au moins celui de ne pas faire son travail avec zèle.
C’est aussi un roman qui aborde le thème de la violence, notamment grâce à l’histoire de la "caissière sadique". On l’a vu à travers la crise des gilets jaunes ou l’épisode de la chemise déchirée d’un DRH d’Air France (les images ont tourné en boucle, une chemise déchirée, vous vous rendez compte ? C’est le comble de la barbarie !) ; cette violence physique est unanimement condamnée par la classe politique et les médias, mais qui se lève pour condamner la violence sociale quotidienne subie par certains salariés ou par les chômeurs ? Les gens licenciés pour cause de délocalisation, les temps partiels subis qui ne permettent pas de boucler les fins de mois, les surcharges de travail quand un salarié doit faire le boulot de 2, voire 3, la peur au ventre tous les matins, ce n’est pas violent ?

Bepolar : C’est un roman choral. On tourne autour de Chrystal. Comment
l’avez-vous construit ? Est-ce que ça demande une structure, une préparation particulière ?

Élisa Vix : C’est un procédé que j’affectionne car il me permet de me mettre dans la peau de tous les personnages. Dès le départ, s’est imposé le fait qu’on allait parler de Chrystal et de ce qui s’était passé à Medecines à travers le témoignage de ses proches et moins proches. Le mystérieux interviewer s’est imposé peu à peu au fur et à mesure de l’écriture comme un personnage à part entière, quoique invisible. Je ne savais pas très bien si c’était un policier ou un journaliste, mais il s’est révélé au fil de l’écriture qu’il prenait clairement partie pour Chrystal, que peut-être il en était un peu tombé amoureux.

J’aime l’intensité et c’est difficile d’être intense sur 500 pages...

Votre texte est assez court. Vous vouliez quelque chose de
particulièrement percutant ?

Élisa Vix : Oui en effet, j’aime l’intensité et c’est difficile d’être intense sur 500 pages... Etant donné le thème, je voulais un livre coup de poing. Et c’est aussi dans ma nature d’être concise, d’aller droit au but. J’admire les écrivains qui tiennent la distance sur 500 pages, mais ce n’est pas mon truc.

Le roman vient de sortir il y a quelques jours. Comment vivez-vous cette période ? Vous guettez toutes les réactions ?
Élisa Vix : Oui, bien sûr. Quand on écrit, on a envie d’être publié, et quand on est publié, on a envie d’être lu. C’est comme le travail d’un peintre ; en général, il ne désire pas garder sa toile pour lui. J’ai vu plusieurs avis positifs sur des blogs et cela me fait très plaisir. Le thème semble résonner pour de nombreuses personnes...

Et maintenant, sur quoi avez-vous envie de travailler ? Et quelles seront vos prochains dédicaces ?
Élisa Vix : Pour l’instant, je suis un peu en stand-by côté écriture. J’ai un projet que je repousse depuis plusieurs années, quelque chose de beaucoup plus romanesque qui se déroulerait sur plusieurs continents et différentes époques (mais entre 1990 et 2019 quand même, je suis trop paresseuse pour faire des recherches historiques !). Niveau dédicaces, je serai à Frontignan fin juin (j’aime quand on m’invite dans le sud !).

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