Bepolar : Comment est née L’île des Damnés ?
Angélina Delcroix : L’idée de ce roman est née alors que j’effectuais des recherches pour mon mémoire de fin d’études en criminologie. J’ai alors découvert le concept de Damnatio Memoriae qui m’a servi de point de départ pour tisser mon intrigue : faire disparaître des criminels en les exilant et en supprimant leur identité pour régler le problème de la surpopulation carcérale.
Bepolar : On y découvre une île abandonnée où sont exilés les pires criminels. Comment vous avez imaginé un tel lieu ? Qu’est-ce qui vous intéressait sur ce site ? On pense un peu aux îles mythiques des pirates...
Angélina Delcroix : Je me suis inspirée d’une île abandonnée proche de l’Italie. Une île chargée d’histoire, de maladies, de morts et sur laquelle a été installée un hôpital psychiatrique. Tout m’intéressait sur ce site, de la configuration à la végétation en passant par les phénomènes paranormaux rapportés par les malades de l’hôpital et certains médecins. Rien de tel pour créer une ambiance anxiogène.
Bepolar : Joy Morel, une policière, doit infiltrer les lieux pour retrouver une psychocriminologue disparue. Qui est-elle ? Comment la voyez-vous ?
Angélina Delcroix : Joy est une adjudante de la gendarmerie, maman d’un petit garçon et en couple avec le lieutenant Donelli. Ses anciennes affaires l’ont marquée au point de perdre confiance en la police et la justice. Ne trouvant plus de sens à sa mission, elle se noie dans ses doutes quand on lui demande de partir sur l’île.
Bepolar : Le fait que ce soit une mission d’infiltration la met en danger. Vous vouliez une sorte de tension constante ?
Angélina Delcroix : Je souhaitais une situation qui pousse mes personnages dans leurs retranchements. La tension et le stress intenses révèlent des facettes de la personnalité et peuvent mettre en lumière des conflits internes ou permettre de trouver des réponses à ses questionnements.
Bepolar : Sous jacent à votre roman, il y a la question de l’enfermement mais aussi de la possibilité d’une rédemption. Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce sujet ?
Angélina Delcroix : Les questions de justice, de condamnation, de peines et de réhabilitation sont au cœur de ce roman et de mes réflexions. En particulier le concept de l’étiquetage qui fait d’un individu un criminel dès lors qu’il a commis un acte criminel. Quelles sont alors les chances de réinsertion quand cette étiquette devient l’identité de la personne ?
Bepolar : L’île des Damnés est également marqué par une grande violence. Est-ce que des scènes très dures sont faciles à écrire ?
Angélina Delcroix : Elles découlent du contexte dans lequel se situe l’action. Je suis en immersion quand j’écris, plongée au cœur du milieu que j’ai créé. Je ressens souvent de la peur comme mes personnages et parfois, ça me prend aux tripes de décrire certaines scènes. Je ne dirai pas que c’est facile ou difficile, je le vis, tout simplement.
Bepolar : Qu’est-ce que vous aimeriez que les lecteurs et lectrices gardent de votre histoire une fois la dernière page tournée ?
Angélina Delcroix : Le principal pour moi est que le lecteur passe un bon moment, qu’il s’évade, qu’il vibre avec les personnages. Les romans parlent de façon différente à chacun. Je ne cherche pas à faire passer de messages, je sème des graines, des pistes de réflexions et j’espère que certaines permettront aux lecteurs de s’intéresser aux problématiques soulevées.
Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ? Quels sont vos projets ?
Angélina Delcroix : Un nouveau texte, toujours dans le domaine du thriller. Et bientôt, débutera une nouvelle affaire pour Joy, je pense !
mama1326 26 juin 2022
L’île des damnés - L’interrogatoire d’Angélina Delcroix
Argumenté avec conviction, l’histoire est une excellent support de réflexion sur ces questions qui définissent une société.
L’écriture est efficace, avec des chapitres courts, un style vif et percutant.
Un très bon polar, pour les amateurs, avec un avertissement en ce qui concerne la violence des faits.