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Hyenae - Gilles Vincent

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Résumé :

Hyenae : dans les quartiers, les campagnes, aux abords des écoles, des fêtes foraines, des prédateurs rôdent, chassent et emportent nos enfants. Quatre ans que Camille a disparu. À la sortie de l’école, elle est montée dans une camionnette blanche, et depuis, plus rien. Quatre ans sans nouvelles, sans demande de rançon, sans la moindre piste. Et brusquement, une vidéo surgie de nulle part. Depuis quatre ans, Sébastien Touraine, détective privé, s’est coupé du monde. Depuis que cette gamine a été enlevée à Marseille. Depuis qu’il sait qu’elle n’est pas la seule... Pour aider la commissaire Aïcha Sadia, sa compagne, il va devoir replonger dans une enquête aux confins du supportable. Et pour débusquer le chasseur dont il est devenu la proie, plus d’autre choix que de jouer sa vie et celle des autres ...

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Vos #AvisPolar

  • universpolars 3 novembre 2024
    Hyenae - Gilles Vincent

    L’auteur de ce polar m’avait mis en garde avant que je débute son bouquin, en me déclarant : "Attention, vous n’en sortirez pas indemne". J’ai ris intérieurement, secoué un peu la tête et j’ai murmuré, un peu pour moi-même : "C’est ça, cause toujours...".

    "Vous n’en sortirez pas indemne".

    Franchement, je ris déjà nettement moins, je secoue toujours autant la tête et je crie cette fois-ci haut et fort : "Merde, il avait raison bon sang !".

    Nous sommes à Marseille, pas dans les plus beaux quartiers, loin de là, et nous arpentons les escaliers d’une tour d’habitation, en compagnie de la commissaire Aïcha Sadia et de son équipe. Le but de la manoeuvre : obtenir des informations sur l’enlèvement d’une fillette, quatre ans auparavant. La petite n’a jamais été retrouvée ; aucune nouvelle depuis.

    Les flics sont tendus ; une vidéo retrouvée par un petit branleur lors d’un cambriolage va donner une forte impulsion à l’enquête sur ce fait divers tragique et incompréhensible. Une vidéo qui fait froid dans le dos, une vidéo qui donne envie de gerber et qui réveille en nous un puissant sentiment de haine ; c’est du moins mon cas, et certainement aussi celui des flics.

    Deux personnes vont jouer un rôle clé dans cette affaire, deux personnes dont les actions noircissent les pages des polars de Gilles Vincent depuis quelques années déjà : la sulfureuse Aïcha Sadia, une femme au caractère bien trempé, qui ne lâche plus son os lorsqu’il se retrouve dans sa gueule, une flic de choc dont l’autorité naturelle a largement fait ses preuves. Mais c’est aussi une femme fragile.

    La seconde personne dont je fais mention est l’ex-détective Sébastien Touraine, ex-flic des stups, un homme au bout du rouleau, un mec qui n’en peut plus, qui garde un lourd fardeau sur ses épaules, sans jamais pouvoir le déposer. Sébastien Touraine est en survie depuis quatre ans, depuis qu’il enquête sur la petite fillette disparue, cette petite fille qui s’est retrouvée dans un fourgon blanc ; puis plus rien.

    L’affaire semble être bien plus complexe qu’elle n’en a l’air ; et les petites victimes peut-être bien plus nombreuses qu’il n’y paraît. Nous en aurons la preuve assez rapidement.

    Aïcha Sadia et Sébastien Touraine, c’est une belle histoire de passé, mais également une terrible histoire à venir. Touraine s’est isolé depuis quatre ans, n’a plus donné signe de vie mais s’est accroché à son enquête sur l’enlèvement comme à un dernier appui avant de dégringoler définitivement dans le vide. Cet homme a tout planté car il n’avait plus le choix.

    La commissaire et l’ancien détective - à présent libraire - vont être amenés à se revoir pour affronter ensemble l’horreur à l’état brut, pour combattre le mal absolu, main dans la main.

    Nous apprendrons que l’homme qui est responsable de ces enlèvements est un bourreau en puissance, jusqu’au plus profond de ses tripes bien pourries. Pour la police, c’est l’heure de l’ouverture de la chasse : tous les coups seront permis, respectivement ils auront l’avantage d’être proportionnés au danger. Celui-ci demeurera d’une perversité sans nom ; donner un nom à celui qui crée une telle menace serait un véritable sacrilège.

    Quoique, dans son milieu, il paraît qu’on l’appelle la hyène. Charmant.

    Gilles Vincent nous brosse le portrait d’un Marseille peu reluisant ; ceci en quelques phrases, en quelques situations de la vie de tous les jours, une vie sans espoir pour certains. L’ambiance est sombre, tendue, le peu de lumière que nous percevons nous éclaire des visages inquiets, tourmentés et angoissés.

    Nous plongerons - très bas - dans l’univers du très hard, dans un milieu où s’organise l’élaboration d’une marchandise très prisée par certaines personnes, qui se vend à prix d’or, sur la base de scènes d’une perversité et d’une déviance absolues. Notre haine déborde et se déverse tout autour de nous.

    L’auteur nous enfonce la tête dans cet univers malsain sans aucune retenue, sans aucune censure ; aucun garde-fou n’est installé pour nous permettre de nous retenir et souffler un moment. La souffrance est relatée à son état brut, froidement, et cette souffrance nous l’emmagasinons, nous l’accumulons jusqu’à son paroxysme. Être témoins d’actes inhumains perpétrés sur des enfants engendre une haine viscérale.

    Les personnages mis en scène par Gilles Vincent sont d’une magnifique épaisseur, dotés d’une puissante aura. Je pense par exemple à Sébastien Touraine, un personnage qui laisse des traces - des sillons ! - sur les pages que nous tournons. Dans cette aventure qui va terriblement le malmener, Touraine endossera le rôle du gibier, mais un gibier qui ne va pas se laisser pister aussi facilement, qui va même se mettre en position de chasse. Pour arriver à ses fins, il devra se soumettre à un examen difficile : fouiller dans les tréfonds de sa mémoire.

    Aïcha Sadia ne sera pas en reste en ce qui concerne l’aspect charismatique des personnages. Cette femme va nous en mettre plein la vue, ses méthodes que je qualifierais de barbares seront juste ce qu’il faut pour anéantir un tel danger. Une question de dosage...

    Ce qu’il faut également retenir dans cette histoire, c’est qu’on ne devient pas ce que l’on est sans raison ; il y a parfois des actes commis qui nous détruisent à jamais. Alors, soit on se terre et on encaisse comme on peut, ou alors on agit. Et là, les dégâts - surtout collatéraux - surviennent un "beau" jour, parfois bien longtemps après. Mais, bien évidemment, notre base en est aussi pour quelque chose, c’est inéluctable. Les actes dont je parle sont peut-être juste la petite impulsion, ou alors, carrément, la bombe qui a fait sauter les barrières de notre raison.

    Bref, dans cette histoire, un sadique psychotique joue avec les nerfs des membres de la police avec une certaine délectation ; l’auteur de ce polar / thriller, présentant peut-être les mêmes symptômes (?), joue méchamment avec les nôtres.

    Puis, bien évidemment, nous arrivons au dénouement. Le roman s’achève, et il en fait de même avec nous...

    Et ensuite ? Ensuite, c’est une autre histoire... Vous comprendrez !

    Bonne lecture.

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