- Auteur : Clément Milian
- Genre : Thriller
- Editeur : L’ATALANTE
- Date de sortie : 6 avril 2023
- ISBN : 1036001415
- EAN : 9791036001413
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
Résumé :
« À quatorze ans, la gamine fascinait presque tous les zonards du quartier, qui l’appelaient Chewing-gum, comme elle semblait élastique à force de tomber sans jamais se faire mal. Ça lui plaisait d’avoir plusieurs noms : Gomme, Gamine, Sally, Salamandre, et puis Sal ou encore Salomé, tout à la fin de la liste. »
Place Stalingrad, Paris, l’été.
Salomé zone au milieu des clochards et des toxicomanes. Elle attend le retour de sa mère, disparue à New York. Son père flic ne semble pas inquiet. Sa soeur vit une histoire d’amour.
L’écriture de Clément Milian restitue avec vivacité les ambiances et l’action. Le rythme nous emporte, au gré des figures de skate. Entre impertinence et émotion, l’auteur offre une voix à son personnage.
Roman initiatique fulgurant, Un conte parisien violent montre ce qui peut arriver de terrible à une jeune fille de quatorze ans.
Source : Editions L’Atalante
universpolars 17 septembre 2024
Un conte parisien violent - Clément Milian
Après « Le club des mamans mortes », de Paul Hurlink - à lire ! -, le hasard de mes lectures me pousse une fois de plus vers le cercle de l’adolescence, avec ses angoisses, sa brutalité, ses incompréhensions et ses souffrances.
Le style de ce bouquin est inclassable. Nous abordons cette histoire comme un conte, une sorte de fable sombre et sournoise d’où jaillit finalement une réalité brute, malsaine et riche à la fois.
Salomé, 14 ans, skateuse anarchiste, s’est appropriée la place Stalingrad, à Paris, à tel point que Paris, pour elle, c’est la Place Stalingrad, et rien d’autre. Ce haut lieu du trafic de crack, entre autres immondices et loques humaines, va peut-être à son tour absorber notre gamine pour ne plus la relâcher. C’est limite fusionnel.
Une mère accumulant des absences inquiétantes, la présence d’un père aussi furtive qu’un courant d’air, niveau famille, ça craint un peu. Ce n’est pas vraiment la communication et l’amour qui la définirait le mieux. Notre héroïne, un peu paumée, ira forcément chercher ailleurs. Plus une enfant, mais pas encore vraiment une femme, Salomé, naïve et effrontée, va certainement vous toucher.
L’auteur, que je découvre, enchaîne de courts chapitres - même pas deux pages ! -, ce qui donne une surprenante dynamique. Du coup, lorsque tu te dis allez, encore juste un chapitre, tu ne prends pas un gros risque lié à ton temps ! Mais, au final, tu les enchaînes tous d’une traite et tu te retrouves derrière le point final presque surpris d’y être déjà.
L’écriture est cash, directe, légère et pleine de sens à la fois. L’auteur, en fait, nous lâche des tranches de vie à la gueule, des moments parfois drôles, touchants et émouvants, souvent douloureux, violents et regrettables, mais aussi, finalement, assez désespérants.
La jeune fille que nous ne lâchons plus vit dans un microcosme toxique, dangereux, et ne manque pas d’y ajouter pas mal de témérité. Ce manque de prudence, c’est clair, est une manière pour elle de se sentir exister. Cette fille, qui navigue sur son skate telle une abeille qui butine, n’a rien à faire ici et nous aurions presque envie de le lui crier. Mais, au final, tu la laisses faire et tu aurais presque envie de lui dire … Respect.
L’auteur met en scène des personnages souffrant de solitude, qui s’emmerdent et se détruisent, tout en vivant au ralenti un continuel recommencement. L’auteur nous fait très bien ressentir la présence de cette barrière invisible qui sépare deux mondes en décalage total !
C’est à lire.