- Auteur : Benoît Séverac
- Genre : Policier / Drame
- Editeur : La manufacture de livres
- Date de sortie : 6 février 2020
- EAN : 9782358876070
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Résumé :
Matthieu Fabas a tué parce qu’il voulait prouver qu’il était un homme. Un meurtre inutile, juste pour que son père arrête de le traiter comme un moins que rien. Verdict, 15 ans de prison. Le lendemain de sa libération, c’est le père de Matthieu qui est assassiné et le coupable semble tout désigné. Mais pourquoi Matthieu sacrifierait-il une nouvelle fois sa vie ? Pour l’inspecteur Cérisol chargé de l’enquête et pour ses hommes, cela ne colle pas. Reste à plonger dans l’histoire de ces deux hommes, père et fils, pour comprendre leur terrible relation.
Derrière cette intrigue policière qu’on ne lâche pas, ce nouveau roman de Benoît Séverac nous parle des sommes de courage et de défis, de renoncements et de non-dits qui unissent un père et un fils cherchant tous deux à savoir ce que c’est qu’être un homme.
mimi85600 28 mars 2022
Tuer le fils - Benoît Séverac
Mon avis :
Patrick Fabas a été assassiné. Tout accuse son fils, Matthieu, fraîchement sorti de prison où il était incarcéré depuis 13 ans pour meurtre. Mais Matthieu n’est pas un tueur sanguinaire. Il n’a pas tué pour le plaisir. Il a tué pour prouver à son père qu’il était un homme à part entière, pour enfin trouver grâce à ses yeux. Et pour exorcisé ses souffrances, il a intégré un groupe d’écriture en prison. Un groupe d’écriture dirigé par un auteur. Ce roman nous expose donc brillamment la relation toxique entre un père et son fils. Mais pas seulement.
Il met en scène une équipe de flics tous très humains, tous très attachants. Il humanise la police et lui rend hommage en montrant que non, les flics ne sont pas des robots froids et sans cœur. L’équipe de Cérisol va se démener pour découvrir la vérité, menant conjointement cette difficile enquête et leur propre vie familiale. J’ai adoré ces personnages hauts en couleurs. J’ai adoré les suivre et j’ai détesté les quitter en refermant ce livre.
Mais même si ce roman a été une excellente lecture, je ne peux décemment pas aller jusqu’au coup de cœur. En effet, il m’a manqué un petit quelque chose en plus. La fin, trop simple m’a vraiment laissée sur ma faim.
Merci aux éditions La manufacture de livre pour cette découverte.
Alex-Mot-à-Mots 16 septembre 2021
Tuer le fils - Benoît Séverac
J’ai aimé le trio d’enquêteurs : l’inspecteur Cérisol qui se détend en mangeant des confitures et dont la femme est aveugle sportive de haut niveau ; son collègue Nicodemo d’origine portugaise et croyant catholique qui commence à avoir du mal avec sa belle-famille ; et le petit nouveau Grospierres bardé de diplômes.
J’ai aimé qu’ils se lancent des piques, qu’ils se confient aussi sur leurs problèmes.
J’ai aimé l’intrigue plus complexe qu’il n’y parait, et dans laquelle l’écrivain qui anime un atelier d’écriture en prison est un personnage indispensable.
En revanche, j’ai trouvé dommage que l’essentiel de l’intrigue se situe en fin de roman, ce qui me l’a fait paraitre un peu bâclée.
Et comble du comble, l’accusé est souvent qualifié de fou par les enquêteurs alors que pour moi, il était plutôt sain d’esprit. La répétition du qualificatif réducteur m’a agacé.
Un roman qui met en lumière les difficultés de notre police nationale à exercer pleinement son métier.
Une citation :
Alors oui, c’était bien de la colère qu’il ressentait, et elle lui faisait peur parce qu’il savait qu’il devrait la museler et que ce faisant, elle se transformerait en rancoeur. Encore quelques années comme ça, et elle deviendrait aigreur. (p.243)
L’image que je retiendrai :
Celle de spots de confiture dans lesquels plonge allègrement Cérisol et qui finiront par lui devenir fatal.
https://alexmotamots.fr/tuer-le-fils-benoit-severac/
Cancie 27 novembre 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Cancie 09 octobre 2020
Tuer le fils de Benoît Séverac est un superbe polar psychologique, impossible à lâcher, une fois commencé.
Dès le prologue l’auteur nous confronte à Matthieu Fabas, assassin de son père. Nous est présenté ensuite le trio de flics du SRPJ de Versailles, chargé de l’enquête, dirigé par Jean-Pierre Cérisol, proche de la cinquantaine. Amoureux de sa femme Sylvia, kinésithérapeute, aveugle à la suite d’une maladie orpheline et sportive de haut niveau, il n’a qu’un regret : ne pas avoir réussi à convaincre sa femme d’avoir un enfant. Son péché mignon : la confiture. Ses deux collègues de travail Nicodemo, d’origine portugaise, catholique pratiquant, proche de la retraite mais un peu déprimé , et enfin Grospierre, le dernier arrivé à la brigade, super diplômé, tout jeune papa.
Ces trois hommes, par leur force mais surtout par leurs faiblesses rendent ce texte très humain. Ils forment une équipe soudée qui, comme l’auteur le rappelle très justement, doit faire face au manque de moyens dans la police.
Pour ce qui est de Matthieu Fabas, celui-ci, pour prouver son courage et sa virilité à son père, avait tué un homme et avait écopé de quinze ans de prison.
Et voilà que le lendemain de sa libération, son père est assassiné. Les diverses pistes envisagées comme ce groupuscule néonazi fan de motos dont Patrick Fabas faisait partie ou ce gang des Albanais de Massy qui tiennent le marché du jeu clandestin dans tout le sud de Paris, auprès de qui il avait des dettes sont vite abandonnées.
Matthieu serait-il l’assassin de son père ?
L’intrigue est bien menée et l’auteur alterne de façon très adroite le cahier de Matthieu Fabas écrit au Centre de détention de Poissy, lors de l’atelier d’écriture animé par un écrivain et la vie quotidienne. L’auteur dresse ainsi un portrait très fouillé de cet homme qui parvient à trouver un équilibre par le biais de l’écriture. Analyse également profonde de ce couple père-fils.
Plus qu’une intrigue policière, c’est une véritable étude des relations père-fils que nous livre Benoît Séverac. Inspiré de son expérience d’intervenant dans un centre de détention, sa connaissance du milieu carcéral apporte une grande crédibilité et une grande sensibilité à ce récit empreint d’humanité.
C’est noir, c’est violent, mais c’est aussi tendre, très humain et parsemé régulièrement d’humour : un bouquin qui m’a happée et que j’ai adoré !
IsaVP 31 juillet 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Qui a tué Patrick FABAS, ce père violent et néo-nazi qui a élevé seul un fils fragilisé par sa cryptorchidie ?
La logique voudrait que ce soit son fils, Matthieu, qui après avoir tué un homosexuel pour prouver à son père qu’il n’en était pas un lui-même, se venge à la sortie de 13 ans de prison.
C’est ce que tendent à démontrer les textes écrits par Matthieu, dans l’atelier d’écriture auquel il participait en prison, sous l’égide d’un auteur en mal d’inspiration.
Les trois policiers du groupe de CERISOL de la brigade criminelle du SRPJ de Versailles vont mener une enquête exhaustive, essayant de ne négliger aucune piste, pour boucler une affaire d’apparence évidente.
Les caractères des personnages sont au centre de l’intrigue et l’auteur s’attache à nous montrer à quel point les rapports père-fils sont une mécanique complexe. Il va même au-delà en soulevant la notion de responsabilité d’un futur père envers son enfant à naître, le lien presque filial entre un jeune policier et le supérieur qui le forme ou l’abnégation d’un apprenti écrivain pour son « maître à écrire ».
L’enquête est assez basique et ne soulève pas d’émotion, de même que le rebondissement final est assez prévisible, mais ce n’est pas le but de ce roman de Benoît SEVERAC qui est plus un thriller qu’un roman policier.
Je me suis intéressée à ces flics ordinaires et à leur façon de gérer de front un métier prenant et une vie personnelle complexe, j’ai aussi beaucoup aimé l’ambiance des lieux, des rues, le décor est vraiment bien planté ; mais l’histoire criminelle m’a paru manquer d’événements concrets qui auraient donné du corps aux ressorts psychologiques de l’intrigue.
J’ai néanmoins passé un moment agréable à la lecture de ce bon polar.
Fandol 7 juillet 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Tuer le fils ou comment un atelier d’écriture mené par un écrivain dans un centre de détention peut déboucher sur une enquête policière des plus complexes… C’est le roman de Benoît Séverac, un roman plein de sensibilité et d’humanité découvert grâce aux Explorateurs du Polar de Lecteurs.com et à La Manufacture de livres qui sait éditer de beaux bouquins.
Dès le prologue, Benoît Séverac n’hésite pas à présenter Matthieu Fabas en fin de garde à vue dans le commissariat de Versailles. Mais, il y a un gros mais, il manque à Jean-Pierre Cérisol et à ses deux adjoints, José Nicomedo et Jean-Baptiste Grospierres, le principal : les aveux ! En plus, Matthieu Fabas ne cesse de clamer son innocence !
Remontant le temps, six jours plus tôt, l’auteur qui maîtrise bien les imbrications du passé dans un présent qui file toujours trop vite, me fait partager la vie familiale de Cérisol avec Sylvia, son épouse, devenue aveugle à trente ans, la faute à une maladie orpheline.
L’autre retour en arrière est beaucoup plus important. Il se passe dans le centre de détention de Poissy et je vais découvrir, petit à petit, le cahier de Matthieu Fabas que celui-ci rédige pour mettre par écrit ce qu’il vit de plus intime au cours de sa détention. Il m’apprend qu’il a été condamné à quinze ans de prison pour avoir tué un homosexuel. Il a commis ce crime horrible pour prouver sa virilité à son père qui le traite de « tarlouze ».
Ici, je suis au cœur du problème bien posé par l’auteur, problème d’une infirmité appelée cryptorchidie, l’absence de testicules. Ce père, Patrick Fabas, fréquente des motards nostalgiques du nazisme, n’hésite pas à participer à des ratonnades et surtout méprise viscéralement ce fils dont la mère est morte dans un accident de la route alors qu’il était au volant.
Benoît Séverac a bien su me captiver, m’emmener au bout de son polar avec de courts chapitres, des rebondissements, des descriptions très réalistes de la garde à vue, de la séance d’interrogatoire et de la prison. Surtout, il m’a fait partager les soucis familiaux des trois flics qui, bien que passionnés par leur métier, ont une vie familiale. Ce n’est pas facile de concilier travail et famille, comme dans d’autres métiers, d’ailleurs.
Cérisol, enquêteur du SRPJ de Versailles, est au centre de la tourmente déclenchée par la mort déguisée en suicide de Patrick Fabas. Son addiction à la confiture est amusante jusqu’au jour où… Sa femme est extraordinaire mais ne veut pas d’enfant pour ne pas transmettre sa maladie mais elle est une grande sportive grâce au torball et au goalball, sports collectifs adaptés aux non-voyants que je découvre ici.
Dans ce roman policier, j’ai parfaitement ressenti l’engrenage infernal de la garde à vue qui, lorsqu’elle est déclenchée, ne peut qu’aboutir aux aveux. L’auteur fait bien ressortir toute l’importance de l’ego de celui qui mène les auditions et insiste sur la fatigue imposée au prévenu pour faire tomber ses défenses, surtout s’il ne cesse de clamer son innocence.
Des policiers, un coupable tout désigné, un écrivain en mal d’inspiration et un père dont la mort soulage d’abord le fils, principal accusé, ce polar m’a captivé jusqu’au bout et un épilogue permet de tirer un bilan positif d’une histoire basée sur toute la complexité des rapports père-fils.
Je mentionne enfin que Cérisol est un fan des chansons réalistes de Fréhel, Damia, Piaf, Georgette Plana, des respirations bienvenues au cours d’un récit sous grande tension.
Aude Lagandré 9 mai 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Ce roman est l’histoire d’une destruction massive : celle d’un père envers son fils. Une lente, mais irrémédiable démolition, depuis le plus jeune âge, par les coups et les humiliations verbales permanentes. Matthieu Fabas est atteint d’une maladie : la cryptorchidie, une anomalie de l’appareil génital masculin. Cela fait de lui moins qu’un homme, cela le résume à un être pas tout à fait achevé auquel il manquerait l’essentiel : des couilles. C’est du moins la façon dont son père le voit. Espérant remonter dans son estime, susciter un semblant d’admiration, Matthieu tue un homme. Il prendra quinze ans de prison et ne gagnera pas pour autant la moindre considération de son paternel. Son séjour en prison est l’occasion de développer une chose qui grouille en lui : un désir d’écriture. Il participe à des cours, livrés en ce sens par la prison, orchestrés par un écrivain qui canalise les émotions et donne des conseils avisés. Le récit s’articule autour des souvenirs de Matthieu, ses écrits, mais aussi des scènes d’interrogatoires. Gravitent autour de lui, trois enquêteurs : Cérisol, Nicodemo, et Grospierres dont nous suivons les vies privées, les vies professionnelles, les pensées, les doutes et les interrogations.
Ce roman me renvoie à des émotions particulières, ensevelies dans les replis de mon enfance, jetées au fond des oubliettes d’un puits sans fond et pourtant extrêmement vivaces malgré tous mes efforts pour les ignorer. Pour grandir, il faut tuer le père. Symboliquement, cela revient à admettre ses imperfections pour s’en éloigner, et s’autoriser à être un autre. Benoît Séverac prend, en quelque sorte le contre-pied : plutôt que de tuer le père, il démontre combien il est facile de tuer le fils. Il analyse cette relation en mettant en lumière, par le prisme du souvenir, les différentes étapes de constructions majeures de Matthieu en démontrant comment ce père a eu comme unique but de psychologiquement détruire sa descendance. L’image que Patrick Farbas voit dans son miroir chaque jour n’est pas la sienne, c’est celle de son fils et cela lui est insupportable.
La relation décrite est noire, à bien des égards, alimentée par des évènements qui marquent à jamais, des déceptions, des peurs pusillanimes d’une paternité honnie, une terreur filiale omniprésente : un gosse qui n’a pas pu se construire normalement contre un ogre raciste, homophobe, et brutal. En somme, une relation vouée à l’échec depuis ses prémices. Benoît Séverac parvient, par petites touches, grâce à quelques pierres blanches semées au long du récit, à faire entrer le lecteur à la fois dans la tête du père, mais aussi du fils. Tout se dénoue lentement, au fil de l’obscurité, et ce roman noir se fait plus psychologique. On pourrait craindre une pesanteur, une attraction irrémédiable vers le fond tant cette relation est anxiogène et toxique. Absence d’espoir, d’optimisme. Présence des ténèbres, ambiance opaque et funeste.
Et pourtant, cela n’a pas été mon ressenti. Trois enquêteurs, profondément humains hantent le récit : Cérisol, Nicodemo, et Grospierres. Ce sont eux qui apportent la lumière jaillissante par la narration authentique de leurs vies personnelles : cette profonde humanité, cette tendresse parfois malhabile, mais pure, cet ébruitement progressif de leurs vies apportent au roman une douceur que je n’avais pas anticipée. Ils contrebalancent surtout la froideur des relations de Matthieu et de son père en apportant ce dont j’avais besoin : une certaine idée de l’humanité.
Benoît Séverac interroge ses lecteurs sur la paternité, et la figure du père. Qu’est-ce qu’être père ? Il répond à vos interrogations en délivrant plusieurs clés. Pour cela, il pioche dans tous ses personnages. Vous verrez, la figure paternelle a bien des facettes et n’est pas toujours que le reflet des relations entre Matthieu et Patrick.
Au fil des pages, de l’enquête, des souvenirs, l’auteur livre de magnifiques passages sur l’écriture, le besoin d’écrire, les raisons d’écrire à travers Matthieu qui trouve dans l’écriture un moyen d’exorciser sa peine, de mettre ses tripes sur la table, de dévoiler aux autres et à lui-même les douleurs cachées de son âme. À travers le personnage de l’écrivain, il livre matière à réflexion. « Nourrissez votre imagination, nous enjoint-il. Ne croyez pas en l’inspiration. Elle est une fainéante passive alors que l’acte de création est volontaire et actif. » Le lecteur est témoin de la création d’un livre dans le livre, de la façon dont il est construit et des ingrédients indispensables dont il doit être doté. « L’empathie, c’est la condition sine qua non pour réussir ses personnages, et des personnages bien caractérisés, c’est la pierre angulaire d’une œuvre de fiction. »
« Tuer le fils » est un roman noir psychologique violent et tendre, sombre, mais lumineux, pessimiste, mais positif. Benoît Séverac est un observateur avisé des relations humaines familiales et porte un regard critique, mais réaliste sur notre rapport à l’autre. Son écriture vous emporte, l’humanité de ses personnages transcende son texte de la plus jolie manière qui soit : par le déclenchement d’émotions vives et l’attachement profond à ses personnages. Refermer ce roman revient à les quitter avec une certaine tristesse et beaucoup de nostalgie, car malgré la dureté de certaines pages, j’ai eu l’impression qu’ils faisaient un peu partie de ma famille. C’est un récit juste, affûté, précis et terriblement émouvant.
Ai-je aimé ce livre ? « Je ne réponds pas aux questions rhétoriques », Benoît. ❤️
Rewina 29 avril 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Des relations père / fils malsaines ont entraîné un meurtre idiot. le roman policier musarde, il s’arrête beaucoup sur les enquêteurs, et l’aspect policier est très simple. le style est agréable à lire.
L’atelier de Litote 6 avril 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Que ça fait du bien de lire un nouvel auteur avec un tel talent d’écriture, un style personnel qui m’a captivé. Mathieu sort à peine de prison que son père se fait assassiner. L’enquête est confiée à l’inspecteur Cérisol et son équipe. Une équipe constituée de Nicodemo , un ancien qui traverse un passage à vide et de Grospierres bardé de diplôme qui, à peine arrivé voit en Cérisol un modèle. Matthieu avait une relation très difficile avec son père et à travers un atelier d’écriture proposé à la prison par un romancier, on va avoir accès au cahier de travail de Mathieu. Il va y avoir des chapitres très intéressants sur l’écriture. On va comprendre ce qui s’est joué entre lui et son père alors qu’il n’était qu’un enfant. Cérisol quant à lui est marié depuis de nombreuses années à Sylvia qui est aveugle, bien que cela ne l’empêche pas d’avoir une vie bien remplie puisqu’elle est une sportive de haut niveau. Il y a de très belles phrases posées par sa femme sur sa cécité c’est bien écrit et plein d’émotion. J’ai aimé les sujets abordés dans ce roman, le lien père fils poussé à son extrême mais aussi l’absence de la mère. Un roman noir qui se lit avec facilité, c’est une belle découverte. J’ai trouvé de la profondeur dans l’histoire de Mathieu, les personnages sont denses et apportent chacun leur vision du monde. Un roman brillant et une plume fabuleuse qui donne une atmosphère tout en émotion. C’était superbe de ressentir les échos de l’affaire Mathieu Fabas sur Cérisol, tout ce que cela réveil en lui comme blessures, regrets c’est vraiment puissant et bien amené. Alors même si tout accuse Matthieu, avec la personnalité que révèlent ses écrits, on a du mal à croire à sa culpabilité. Une histoire d’homme, de filiation à vivre intensément en lisant Tuer le fils. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/04/06/38070249.html
TheBookishAnchor 29 mars 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Tuer le fils de Benoit Séverac joue habilement avec les sentiments de son lectorat : doute, horreur, honte, colère, rage. Chaque personnage est humanisé par sa propre histoire, son propre passé. Pas seulement le coupable, même les policiers ont leurs sombres bagages.
On assiste à un théâtre où le jeu de dupes est génialement orchestré. Je n’ai pas vu arriver la fin, je ne me suis pas assez attardée sur certains détails, il serait appréciable de relire ce livre, tel le Betty de Indridason.
Mais Tuer le fils n’est pas un roman policier, c’est aussi un manifeste sur certaines thématiques passées régulièrement sous silence du fait de leur importance dans la société : le manque de moyens dans la police, les violences d’un père sur son enfant, les élites racistes, les idéologies religieuses. Benoit Séverac nous apporte son sentiment tout en s’en détachant dans sa fiction par le biais de ses personnages. Des débats qui amèneront le lecteur à réfléchir sur ces thématiques précédemment évoquées.
Une lecture pour le coup surprenante, qui ne manque pas de suspens !
Kirzy 22 février 2020
Tuer le fils - Benoît Séverac
Mathieu a-t-il tué son père au lendemain de sa sortie de prison après 13 ans derrière les barreaux suite à un meurtre odieux commis pour prouver quelque chose à ce dernier ?
Benoît Séverac choisit certes de résoudre l’enquête policière mais surtout de plonger le lecteur dans un roman noir d’une rare densité psychologique et émotionnelle. Tous les personnages vibrent , de la première page à la dernière, à commencer par Mathieu dont on suit rétrospectivement le parcours durant toutes les étapes de sa vie, d’enfant à jeune adulte. Plutôt que de classiques flash-backs pour éclairer son passé douloureux au côté d’un père terrible, c’est au travers de ses carnets d’écriture rédigés lors d’ateliers en prison. Tous ses extraits sont superbes, dignes et intenses pour dire toute la détresse de ce jeune homme qui découvre la rédemption en prison grâce à l’écriture.
Les personnages secondaires sont tout aussi magnifiquement incarnés, tout particulièrement l’inspecteur Cérisol ( ainsi que ses deux acolytes policiers ) ou son épouse, sportive de haut niveau et aveugle. Les pages, au tout début du livre, dévoilant les angoisses nocturnes de cette femme, ainsi que son rapport au monde et au couple depuis que la cécité l’a frappée, sont d’une justesse bouleversante. Chaque personnage est une formidable rencontre, de celles que tu aimerais faire dans la vraie vie.
En fait, ce qui intéresse l’auteur, ce qui est le coeur et l’âme de ce roman, c’est la relation père-fils et toutes les thématiques qui en découlent : l’éducation, la quête d’identité, la virilité, les normes sociales, le regard sur les différences lorsqu’on ne ressemble pas à ses parents. C’est la collision de tous ces thèmes qui permet de comprendre le pourquoi intime de Mathieu et les raisons du passage à l’acte qui l’a conduit en prison. Cela sert également la résolution de l’enquête. Une fois que le lecteur a compris qui était Mathieu, il sait s’il a pu tuer son père ou pas.
Le dénouement ne m’a pas surprise car il est amené de façon cohérente et intelligente, avec de subtils indices, mais je n’y ai pas totalement adhéré : je n’avais pas envie que l’auteur nous amène là, dans quelque chose de plus banal ou du moins de plus classique, j’aurais préféré rester dans le registre de la confusion des sentiments dans lequel il excelle. Reste que ce roman noir porteur d’humanité et de lumière, oscillant entre force et sensibilité, est remarquable. Du très haut de gamme.