Elle était bien tranquille dans son chalet en pleine montagne et voilà que son passé d’agent du renseignement la rattrape. Construit comme un huis clos, le premier long métrage de Jérôme Dassier se concentre sur une héroïne traquée par de mystérieux interlocuteurs au téléphone et par une ancienne collègue, qui fut et demeure toujours très proche d’elle (Jeanne Balibar, réduite à quelques apparitions).

Le thriller psychologique déploie toute la panoplie du genre (micros dissimulés, fichiers numériques secrets, vidéo prise à l’insu) pour distiller un suspens plutôt classique qui croise une fumeuse conspiration autour de l’élection de Barack Obama en 2008.

Cette toile de fond politique semble un prétexte opportuniste en ces temps de complotisme effréné. S’il s’agit de retenir l’intérêt du spectateur par une fiction habile, autant aller jusqu’au bout de la logique en disséminant des indices à la façon d’un Cluedo, plutôt que de s’en tenir à de sibyllines paroles qui finissent par dissoudre l’attention, parce qu’elles apparaissent comme une forme de systématisme, destiné à maintenir l’attention coûte que coûte.

Le récit finit par s’enliser comme le personnage dans la neige avec son véhicule, le spectateur comprend de moins en moins les tenants et les aboutissants du récit. Seul le dernier quart d’heure distille une bonne dose d’adrénaline, profilant le très bon film qu’aurait pu être Seul : les dossiers Silvercloud, s’il avait plus tôt incarné des ennemis de l’ombre.

Dans le rôle principal, Asia Argento fait ce qu’elle peut, elle qui porte le long métrage sur ses épaules, puisque son personnage est condamné à une solitude de tous les instants qui croise les effets de menaces invisibles. Mais ses efforts ne suffisent pas à combler les apories d’un scénario qui tourne rapidement en rond. A force de multiplier les écrans de fumée, l’œuvre de Jérôme Dassier finit par se dissoudre dans son propre brouillard.