- Auteurs : Katia Lanero Zamora, Audrey Bureau
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Depuis quelques semaines, on peut écouter le podcast de polar Doulange de Caroline Prévinaire, comédienne et réalisatrice, Audrey Bureau et Katia Lanero Zamora, autrices, sur la RTBF. Retour avec cette dernière sur cette aventure...
BePolar : Comment est née l’idée de Doulange, quelles étaient vos intentions ?
Katia Lanero Zamora : C’est Caroline Prévinaire, comédienne, productrice, femme de talent, qui est venue me voir avec l’idée du podcast. L’appel à projet de la RTBF était lancé et nous n’avions plus qu’un peu moins d’un mois pour déposer un projet. Caroline avait déjà l’idée en tête : en passant un jour en voiture à Tihange, la centrale nucléaire près de Huy, elle a été subjuguée par la hauteur des tours, les grillages, l’ampleur du site… et s’est demandé qui pouvait bien travailler dans une centrale nucléaire, qui pouvait bien habiter avec fenêtre sur tours. Les braises de Doulange sont nées quand elle est venue me pitcher le projet : une journaliste qui enquête sur le passé de sa mère directrice de centrale nucléaire, décédée d’une leucémie. Le but n’était pas de faire un manifeste pour ou contre le nucléaire, mais plutôt d’essayer de se mettre dans la peau de ceux dont c’est le quotidien. Pour cela, il nous a fallu rencontrer plusieurs experts de tous bords afin de documenter notre fiction de points de vue réalistes, puisque nos personnages allaient être de tous bords.
BePolar : Pourquoi avoir choisi le format Podcast ?
Katia Lanero Zamora : C’est l’appel à projet qui nous a donné envie de nous y essayer. Caroline avait déjà l’intuition que notre protagoniste serait journaliste, car elle s’est demandé : qui s’enregistre tous les jours ? Qui a besoin d’enregistrer sa voix ? Le format found footage était vraiment séduisant car il était un vrai défi : comment rendre l’expérience la plus immersive possible en donnant un côté très réaliste aux enregistrements ? Cela a titillé notre créativité à chaque étape.
BePolar : J’imagine qu’est particulier à écrire. Comment avez-vous travaillé ?
Katia Lanero Zamora : Nous avions très peu de temps : 6 semaines pour arriver à écrire 10 épisodes de 10 à 15 minutes. Nous avons vraiment travaillé ensemble tous les jours. D’abord un brainstorming continu pour créer le polar, puis écrire l’outiline des étapes de l’histoire de Charlotte, ce qu’elle découvre, pour enfin nous mettre à écrire les épisodes. Nous avons fait appel à Audrey Bureau, scénariste, pour écrire les épisodes avec nous. Chacune en a écrit 3, et Caro et moi avons écrit ensemble l’épisode 10, celui des révélations. Mais je suis incapable de dire qui a écrit quoi, car au final, nous sommes toutes passées sur tous les épisodes pour les modifier, les renforcer. C’était une vraie course contre la montre, un travail collaboratif, en ayant en tête tout le temps la vision partagée de la série.
BePolar : Vous imaginiez déjà les voix des personnages en écrivant ?
Katia Lanero Zamora : Alors ça, ça a été une de nos complémentarités et nos forces à Caroline et moi : étant comédienne, elle arrive à imaginer les voix, les dialogues, et construit très vite au niveau micro des scènes. Elle avait une vision très claire de ce qu’elle voulait que ça donne en terme d’intonation, d’émotions. Je la voyais jouer le texte devant moi à mesure qu’on le construisait ! Quant à moi, je suis plutôt macro : je réfléchis d’abord en termes d’objectifs de personnages, de moteur, d’obstacles, de structure. Du coup, nous avons presque pu traiter à la fois le macro et le micro, en même temps. Ca a été peut-être une de nos forces pour écrire Doulange en six semaines.
BePolar : Est-ce que vous avez travaillé aussi sur le casting ?
Katia Lanero Zamora : Comédienne de formation et de métier, Caroline connaissait beaucoup de comédiens avec lesquels elle avait déjà travaillé. Elle a choisi des comédien.ne.s avec lesquels elle savait que la collaboration allait pouvoir être efficace et surtout, de qualité. Il y a certains acteur.rice.s pour lesquels on a écrit, parce qu’on savait qu’ils incarneraient nos personnages, et c’était super de pouvoir écrire à destination de quelqu’un.
BePolar : La diffusion est désormais terminée. Quel est votre bilan sur cette aventure ?
Katia Lanero Zamora : On sait maintenant, Caro et moi, qu’on peut partir en roadtrip autour du monde ou faire Pékin express ensemble ! Après avoir vécu des conditions très serrées pour écrire un projet comme Doulange, on a appris à se connaître, à se parler, à se comprendre, tout ça avec « la colle au cul » de la remise des textes du 15 septembre, 40°C à Liège pendant tout le mois d’août, et des petites surprises qui sont venues baliser notre écriture (si tout se déroule selon le plan, ce n’est pas marrant !). On a vécu presque 24h/24 avec Charlotte. C’était un délai très court, mais on a pu mener à bien le projet parce qu’on a travaillé sans cesse dans la vision de la série, et en mettant nos égos de côtés, et en faisant de notre ping pong d’idées le vrai moteur de nos journées de travail. Je suis très fière ce qu’elle a ensuite pu faire de nos textes avec Xavier Guinotte, notre producteur. Ensemble, ils ont produit, elle a réalisé, joué Charlotte, suivi le projet jusqu’aux derniers montages. Ca a été la mise en commun de talents et de professionnalisme de toutes les personnes qui ont travaillé sur Doulange, de la formidable assistante de prod Coralie, à l’ingé son, aux comédiens, aux bruiteurs, aux monteurs… J’en oublie certainement tellement nous étions nombreux ! Mais ça a été formidable d’entendre, pour la première fois, un texte que j’ai écrit devenir une production audio.
BePolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Katia Lanero Zamora : Pour le moment, Caro travaille sur la communication sur Doulange, car le podcast fait son bonhomme de chemin, le public est vraiment au rendez-vous. Moi, mon dernier roman vient de sortir chez ActuSF. Caroline, séduite par le format podcast, travaille sur d’autres idées de contenu et moi, je travaille sur un nouveau roman. Peut-être que nous retravaillerons ensemble, pourquoi pas, quand on est une équipe qui gagne, on remet le couvert ! Pourquoi pas aller jusqu’à Pékin en stop, du coup ?