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Pottsville, 1280 habitants - Jim Thompson

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Résumé :

Shérif de Pottsville, 1280 habitants, au début du vingtième siècle, Nick Corey évite de trop se fatiguer à se mêler des affaires de ses administrés. Débonnaire, apparemment pas très malin, il se laisse même contester et humilier en public. Comme si ça ne suffisait pas, il est cocu et pourrait bien perdre son poste aux prochaines élections. Il décide donc de commencer à faire le ménage…

Source : Editions Rivages

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Vos #AvisPolar

  • lecturesdudimanche 14 novembre 2024
    Pottsville, 1280 habitants - Jim Thompson

    Il arrive parfois que des livres nous tombent dessus par un extraordinaire concours de circonstances. Ce titre fait partie de ceux-là ! Alors que, pour mon rendez-vous au Book Club de juin, je devais « lire un classique de la littérature noire », je commençais à sécher… À l’occasion d’un dîner-rencontre avec Franck Thilliez organisé par Iris Noir Bruxelles, nous avons eu la chance de partager une petite discussion avec l’auteur et j’en ai profité pour lui demander quels titres il recommanderait pour ce thème. Il en a cité quelques-uns, mais m’a confirmé, avec un sourire espiègle, que celui-là, en particulier, devrait me plaire, parce que rempli d’humour noir… Ou quand toi et ton humour pourri êtes repérés en quelques minutes à peine…

    Après un tel conseil personnalisé, tenter autre chose aurait été une injure au Maître ! Je me suis donc procuré et ai lu dans la foulée ce titre initialement paru en 1964 sous le titre « 1275 âmes ». (La chronique, par contre, a pris quelques chemins détournés 🫣)

    Nick Corey est shérif d’une petite ville du Texas en 1917. Il va bientôt devoir se faire réélire. Ce qui signifie fournir un minimum d’effort pour paraître compétent. Ce qui ne sera pas simple, car il est pourvu d’une flemme encore pire que celle de mes gosses quand je leur demande de vider le lave-vaisselle, et c’est pas peu dire !!! Fainéant, cynique, d’apparence un peu simple, Nick est en fait un fin stratège, un tordu comme on en fait peu. Un véritable antihéros aux observations hilarantes, qui sont un condensé d’humour noir et que j’ai franchement savourées !

    Tout le livre se déroule au rythme de cet oisif débonnaire qui se débat entre son épouse, son beau-frère taré, ses maîtresses et son rival politique, le tout avec un flegme inimitable. Ce manipulateur hors pair, qui passe pourtant pour l’idiot du village, piège tout le monde, et alors qu’il nous narre des faits passablement dégueulasses, mais surtout condamnables, on en est presque à en redemander !

    Cinq mois plus tard, je souris encore rien qu’à évoquer à cette lecture décalée, et, quand on y pense, plutôt osée, eu égard à l’époque à laquelle ce texte a été écrit ! Car l’auteur se fend d’une analyse plutôt acerbe de la société, et c’est grinçant, mais jubilatoire, même quand c’est peu élogieux pour la sacro-sainte population blanche d’un État du Sud des États-Unis. Les situations sont parfois rocambolesques. Un tic de langage particulièrement délicieux de ce shérif pas comme les autres m’a vraiment fait rire : « j’dis pas que… » et ça marche pour tout ! À sa manière de faux abruti, il rectifie la vérité avec un air de ne pas y toucher, et on adore !

    Une bonne lecture qui rape et qui dérape ! Un pur moment de poilade que je recommande ! Merci Franck Thilliez !

  • universpolars 17 septembre 2024
    Pottsville, 1280 habitants - Jim Thompson

    Je suis resté sur ma faim après avoir lu « Le démon dans ma peau », de Jim Thompson, ceci pour diverses raisons (ma chronique du 19 novembre).

    Une personne, appréciant la noirceur des bouquins de cet auteur, m’a suggéré de découvrir ce récit, me permettant éventuellement d’avoir une perception différente sur l’univers de cet écrivain. Et ?

    Et bien, je dois admettre que c’est un récit intelligent, malin et très humain que j’ai pu découvrir. Nous sommes confrontés à un shérif qui œuvre dans une minuscule ville des États-Unis, au début du XXème siècle. C’est lui qui nous parle, c’est lui qui nous dit tout.

    Le profil de ce personnage est déconcertant dès le départ. Nous avons affaire à un homme serviable, peut-être naïf, bon et, soyons honnêtes, d’apparence très limité, pas vraiment futé. Evidemment, les gens en profitent, à commencer par son entourage, la population, ou encore certains de ses collègues. Va-t-il cependant faire des courbettes encore longtemps … ?

    Bon Dieu, ce gars m’a vraiment fasciné, mais je ne peux évidemment pas vous dire précisément pourquoi car c’est le point fort du bouquin. Bon, allez, je vous dis tout de même ceci : quel putain de discernement ! C’est très troublant. Ce type anticipe mais on ne sait jamais vraiment s’il le fait exprès ou non. C’est assez déstabilisant.

    Et quel style ! L’auteur pourrait certainement vous choquer si vous êtes un tantinet trop sensibles. Si la ségrégation raciale ou le traitement de « faveur » réservé aux femmes vous heurtent, par-exemple, passez votre chemin et allez lire des romances.

    Je ne crois pas - à mon grand regret ! - que ce style d’écriture passerait encore aujourd’hui, étant donné qu’on place des muselières de « convenance » de plus en plus serrées sur l’expression des auteurs. Navrant.

    Alors oui, c’est très noir, c’est cash, c’est violent. Mais c’est aussi profondément humain et touchant. Et, selon moi, pour toucher un lecteur, il ne faut pas mettre de gant. Jim Thompson, les gants, il ne connaît pas, à part peut-être pour frapper encore plus fort. L’auteur évoque avec une grande habilité - sans filtre - certaines mœurs du coin, de l’époque, que cela soit abjecte, immoral, ou non.

    Pour moi, le point fort de cet auteur reste le fait de donner un trait de caractère marqué à ses personnages.

    Au final, je cautionne ce style qui permet d’aller droit au but, sans chichi, en plaçant la simplicité de l’être humain au 1er plan, une société en autosuffisance, justice comprise …. C’est limite cocasse !

    À lire.

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