- Réalisateur : Jean-Pierre Melville
- Acteurs : Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon
- Distributeur : Les Films du Camelia
- Auteur : Jean-Pierre Melville
- Genre : Policier / Drame, Thriller
- Nationalité : Italien, Français
- Date de sortie : 25 octobre 1967
- Durée : 1h45min
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Résumé :
Jef Costello, dit le Samouraï est un tueur à gages. Alors qu’il sort du bureau où git le cadavre de Martey, sa dernière cible, il croise la pianiste du club, Valérie. En dépit d’un bon alibi, il est suspecté du meurtre par le commissaire chargé de l’enquête. Lorsqu’elle est interrogée par celui-ci, la pianiste feint ne pas le reconnaître. Relâché, Jeff cherche à comprendre la raison pour laquelle la jeune femme a agi de la sorte.
Et Melville inventa le héros melvillien : un homme quasiment mutique, dont la saisie behavoriste laisse au spectateur une appréciable liberté d’interprétation.
Comme un écho au hiératisme de son protagoniste, le réalisateur dispose un environnement cafardeux aux couleurs froides. Aucune éclaircie à l’horizon, ni dans l’appartement du tueur à gages Jef Costello, que personne ne songerait à occuper, sauf pour trouver un prolongement à sa déprime, ni dans les mornes faubourgs où semblent errer des personnages soumis à la fatalité, qui jamais ne semblent véritablement interagir avec leurs semblables. Même les policiers à la recherche des criminels n’ont pas la velléité de rendre le monde plus rassurant. Ainsi, la raideur mécanique du commissaire joué par François Périer le rend quasiment proche du tueur recherché, ce qui dessine les contours d’un univers sans manichéisme, fondamentalement déstabilisant.
Dans le rôle-titre, Alain Delon trouve l’un de ses plus beaux rôles qui contribuera à façonner son mythe, celui d’un interprète à la fois magnétique et mystérieux, que sa simple présence rend signifiant, dont la gestuelle suffit à traduire les sentiments. Pourtant, le criminel qu’il incarne enchaîne placidement les missions avec une concentration qui dément son rapport au monde, dans une configuration conforme à l’orthodoxie du polar (règlements de compte entre hommes, trahisons, suspens).
Mais Jean-Pierre Meville réinvente le genre en lui donnant une dimension métaphysique fascinante, car le héros qu’il met en scène demeure une énigme par son absence de détermination et ses finalités, comme s’il était, au-delà d’un être humain, traité en tant qu’abstraction.
Les amateurs de psychologie passeront volontiers leur chemin. Les autres pourront rapprocher Costello de "l’homme sans nom" imaginé par Sergio Leone, magnifié par la performance de Clint Eastwood. Sauf que Costello n’a même pas l’humour pour se rendre plus aimable.
Ce personnage prototypique survivra bien au-delà du long métrage, à la manière d’un cinéma qui influencera bien des grands réalisateurs, de John Woo à Quentin Tarantino.