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Le Manufacturier - Mattias Koping

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  • lecturesdudimanche 11 septembre 2024
    Le Manufacturier - Mattias Koping

    J’ai tenu à écrire cette chronique à chaud, alors que je referme ce livre.

    Sonnée. Dégoûtée. Révoltée. Fascinée. Bluffée. Largement secouée. Voilà la diversité de l’état dans lequel je me trouve actuellement.

    Certes, j’avais lu de nombreuses chroniques qui laissaient présager un tsunami littéraire, une bombe horrible qu’on ne pouvait s’empêcher d’aimer, autant de sentiments contradictoires qui faisaient presque passer les lecteurs pour des schizophrènes…

    Pour avoir goûté aux méthodes de Mattias Köping, je ne peux que confirmer l’effet à la fois dévastateur et envoûtant de ce livre. Donc, navrée, mais je n’apporterai pas d’éclairage neuf dans cette chronique, parce que je suis bouleversée au-delà des mots. La violence est omniprésente dans ce livre, dans la limite du supportable. Oui, c’est une fiction. Mais ce qui la rend intolérable, c’est que l’auteur s’est appuyé sur des faits historiques pour créer ses monstres fictionnels.

    Milovan, Croate, a perdu sa famille dans d’atroces circonstances lors du conflit en Ex-Yougoslavie. Miraculeusement rescapé, ses nuits sont à jamais hantées par le souvenir des horreurs infligées sous ses yeux à sa famille, ainsi que par ce que lui-même a subi, tous victimes d’un groupuscule extrémiste serbe. Pour retrouver son bourreau, il fait appel à une association qui traque les criminels de guerre pour les traduire en justice. Cela pendant qu’au Havre, les équipes de police sont sur les dents, prêtes à démanteler un important réseau de drogue et de prostitution. Tandis que dans les profondeurs du Dark Web, un tortionnaire qui se fait appeler « Le Manufacturier » fait fortune en diffusant les films de ses crimes, jamais à court d’imagination pour torturer ses victimes qu’il choisit très variées.

    Ce qui lie ces trois affaires ? Vous le découvrirez bien assez tôt et vous serez contraints d’assister, impuissants, face à de tels monstres sociopathes, a une violence crue, rude, débitée froidement et brutalement.

    Impossible de rester insensible, et finalement honteux d’avoir pu apprécier !

    J’avoue avec humilité que je n’étais pas beaucoup renseignée sur le conflit yougoslave, j’ai donc cherché à en savoir plus. Mais plus que tout fait historique, ce qui m’anéantit le plus, c’est la cruauté sans failles dont est capable de faire preuve l’Homme, la pire créature que la terre ait jamais portée. La seule créature qui tue par plaisir et non par besoin, et qui, lorsqu’on pense avoir atteint les limites de l’impensable, est capable d’en repousser la frontière.

    Pour des considérations plus « techniques », nous sommes ici en présence d’un thriller sans temps morts, absolument haletant et percutant à souhait. La seule chose qui manque à ce roman est l’espoir, élément totalement superflu dans ces lignes. (Et à la limite, il aurait été encore plus cruel d’en distiller !)

    Alors comment exprimer que j’ai pu adorer détester cette lecture ? Comment vous convaincre de lire ce livre alors que je l’ai trouvé atroce et révoltant, d’une violence indicible et intolérable ? C’est toute la perplexité qui est, je pense, le dénominateur commun à toutes les critiques que j’ai pu lire jusqu’ici. Car toutes vous enjoindront, si tant est que vous ayez le cœur suffisamment accroché, à lire ces lignes jusqu’au bout, pour à la fois mesurer le talent de l’auteur et la noirceur du monde.

  • mlle javotte books 16 février 2019
    Le Manufacturier - Mattias Koping

    Le Manufacturier est une lecture, non plutôt une expérience livresque, hors du commun. Je ne suis pas un public averti, je lis en général des thrillers plutôt “classiques” mais l’horreur ne me fait pas peur et je dois avouer que j’ai kiffé cette tension, cette violence qui imprègnent cette histoire. Parce qu’il y en a de la violence dans cette histoire, oui, mais il ne s’agit nullement de mettre de la violence pour mettre de la violence, il y a une cohérence dans tout ce déferlement d’horreurs et tout ce que l’auteur a mis dans son récit a une utilité et sert l’intrigue. C’est du travail d’orfèvre et c’est hautement addictif (pour les plus sensibles, pensez à manger léger avant de lire…).

    L’écriture est ciselée, directe, sans fioritures, percutante, l’auteur ne tourne pas autour du pot, n’enjolive pas les choses pour les rendre plus tolérables, il dépeint les situations telles qu’elles sont et c’est très plaisant à lire. Il n’y a pas de longueurs, chaque mot, chaque phrase a sa place et la succession des chapitres assez courts sur les différents protagonistes et les différentes “histoires” donne un rythme très fluide à cette lecture et un visuel très explicite. On lit un film (d’ailleurs j’ai lu sur le site de la maison d’édition que Netflix étudierait la possibilité d’une adaptation en film – qu’est-ce qu’il est bien ce Netflix !!!)

    L’intrigue en elle-même est riche et dense. Elle est complexe et on ne peut absolument pas imaginer où l’auteur veut nous emmener. Il tisse les fils des différentes histoires qui vont se ramifier en une toile dans laquelle on se retrouve, nous lecteur, prisonniers, en apnée, avides de savoir ce qui va se passer et comment tout ça va finir.

    Tout est magistralement orchestré et le travail de l’auteur sur l’Histoire est phénoménal. On sent la recherche et la profondeur dans le récit qui lui donne un aspect hautement réaliste et ce n’en est que plus captivant. J’ai tout adoré dans cette lecture qui m’a embarquée totalement et à laquelle je pense encore après avoir refermé le roman. C’est d’ailleurs la première fois que l’envie de relire un livre me taraude.

    Bref, cette lecture fût un coup de coeur monumental, une claque, une histoire que je n’ai jamais eu envie de quitter et qui me hante encore.

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