Bepolar : Comment est née l’histoire de ce roman ?
David Coulon : J’avais envie d’écrire sur les deux facettes d’un individu. La face sombre, et la face "normale", celle que tout le monde voit, croise dans la rue. Et j’avais envie de perdre le lecteur. Qu’il ne sache pas qui est "gentil", qui est "méchant", qui est le/la victime, la/le bourreau. Parce que nous sommes, souvent, les deux à la fois.
Bepolar : Tu incarnes un écrivain. Tu avais envie d’une sorte de mise en abîme ?
David Coulon : Oh non, pas du tout. Je ne m’identifie jamais aux personnages. J’essaye d’être le plus juste possible dans leur structuration psychologique, mais ça s’arrête là. Si je suis juste,le lecteur s’identifiera. Avoir choisi un écrivain était pour moi un clin d’oeil à Misery, vu que le dit écrivain va se faire séquestrer. La comparaison s’arrête là, mais j’aimais l’idée de ce pont avec ce roman (et ce film) qui a marqué mon adolescence.
Bepolar : C’est l’histoire d’une séquestration et du lien entre les deux
personnages. Comment as-tu construit ton roman ?
David Coulon : J’ai construit ce roman sur la justesse des émotions et des ressentis des personnages. Leurs faiblesses, leurs forces, leurs histoires, leurs perversions. Il n’y a presque pas de décor, c’est quasiment un huis clos, alors je devais tout baser sur leurs cerveaux et leurs tripes pour que cela soit réaliste. Le reste a suivi.
Bepolar : Une fois encore il y a ce que les personnages croient, ou pensent
savoir, et puis la vérité de l’histoire. Tu aimes jouer avec la
réalité, la folie et la manière dont on peut occulter le pire ? Et
pour quelle raison ?
David Coulon : J’aime jouer avec les faces cachées, honteuses. Quelqu’un, je ne me souviens plus qui, a dit que la vérité d’un homme, c’est souvent ce qu’il cache. Je trouve cela très juste. Et cela me fascine. Que l’essence d’un être soit ce qu’il ne montre pas, c’est fascine. Comme si montrer devenait monstrueux. D’ailleurs, montrer et monstre ont la même racine latine. Ca n’est pas un hasard.
Je suis psy dans la vraie vie, ça aide à garder de la distance et à rendre des "monstres" vrais.
Bepolar : Tu abordes de face le thème de la pédophilie. Est-ce que c’est un
thème compliqué, délicat, difficile à aborder pour un écrivain ?
David Coulon : C’est délicat car notre époque fait que cela est délicat. Si on regarde la littérature, des tas de bouquins parlent de cela, car il s’agit d’un interdit et la littérature a toujours creusé les interdits, les a interrogés. On prend plus de pincettes aujourd’hui dans la littérature, le théâtre et c’est assez ridicule... Les arts sont là pour ça, interroger le mal, l’interdit.
Ce n’est pas compliqué à traiter pour moi car encore un fois, je ne m’identifie pas aux personnages, mais je creuse leur psychologie, leur logique interne, même si celle-ci est ignoble. Je suis psy dans la vraie vie, ça aide à garder de la distance et à rendre des "monstres" vrais. Ça doit parfois être terrifiant pour les lecteurs, je pense. Pour moi, ça reste un jeu littéraire.
Bepolar : Le livre vient de sortir, comment vis-tu ces moments là ? Tu guettes
tous les avis ?
David Coulon : Je suis toujours stressé, car j’ai passé un an à griffonner tout seul dans mon coin, et désormais, le livre va vivre sa vie sans moi. C’est excitant et flippant. Je guette les avis, même si je me promets à chaque fois que je ne vais le faire. Et puis surtout, je continue à écrire "le livre d’après".
Bepolar : Quelles sont tes prochaines date de dédicaces ?
David Coulon : Alors, les 27 et 28 au festival de Mauves (44), puis le 11 mai à la Galerne (Le Havre), le 17 mai à la librairie Mile Feuilles (Pont-Audemer), les 18 et 19 mai à Plaine-Haute (22). Je publie toutes les dates sur mon site et mon facebook.